Et si l’avenir du partenariat entre l’Europe et l’Afrique se jouait sur l’Atlantique ? C’est l’idée défendue par un policy brief publié par le Policy Center for the New South. Le rapport propose de créer un cadre inédit de coopération, calqué sur le Dialogue 5+5 méditerranéen, mais limité à six pays riverains de l’Atlantique : Espagne, France, Portugal côté européen ; Maroc, Mauritanie, Sénégal côté africain.
“Contrairement au multilatéralisme, où les décisions doivent être prises par un large consensus, le minilatéralisme permet une plus grande flexibilité dans la prise de décision et la mise en œuvre de politiques”, note par ailleurs l’auteur. Le G7, qui regroupe les sept économies les plus avancées du monde, permet à ses membres de discuter et d’agir rapide ment sur des questions économiques et financières globales, sans les contraintes des processus bureaucratiques qui caractérisent des institutions plus larges comme le G20 ou le Fonds monétaire international (FMI). Le minilatéralisme permet, selin la même, une mise en œuvre plus facile des décisions prises. À titre d’exemple, l’AES (Alliance des États du Sahel), une initiative de coopération régionale entre trois pays africains (Burkina Faso, Mali et Niger), se concentre sur la sécurité et le développement dans la région du Liptako-Gourma. Ce cadre permet, au-delà d’une coopération militaire et des actions coordonnées contre les groupes terroristes, d’œuvrer en vue d’une forme d’intégration plus solide : la confédération.
En outre, les accords minilatéraux peuvent être modifiés plus facilement en fonction des changements de circonstances. La Troïka européenne (France, Allemagne, Royaume-Uni) a souvent joué un rôle crucial dans les négociations internationales, comme celles sur le nucléaire iranien, où la situation évolue rapidement. Cette exibilité est di – cile à obtenir dans des forums plus larges comme le Conseil de sécurité des Nations Unies. Le minilatéralisme permet de concentrer les ressources et les efforts sur des problèmes ou des régions spécifiques. Un bon exemple est l’Alliance du Pacifique, qui regroupe le Chili, la Colombie, le Mexique et le Pérou. Cette initiative vise à intégrer les marchés et à renforcer la coopération économique entre ces pays d’Amérique latine, leur permettant de mieux pro ter des opportunités économiques que s’ils agissaient seuls ou au sein d’une Organisation plus vaste comme l’OEA, apprend-on de même source.
L’auteur insiste aussi sur le fait que le concept repose souvent sur des coopérations pragmatiques, basées sur des intérêts communs plutôt que sur des idéaux universels. Un exemple est le BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine), un groupe de pays en développement qui coopère sur les questions de changement climatique. Ensemble, ils négocient dans les forums internationaux pour défendre les intérêts des pays en développement, en particulier dans les discussions sur le financement climatique et la technologie.
Reste à savoir si les six États auront la volonté politique et les moyens d’en faire autre chose qu’une bonne idée sur le papier.