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Algérie – Services secrets : Les raisons d’une faillite

Pour la énième fois en peu de temps, les services secrets algériens font chou blanc. Plus rien ne va, depuis longtemps, dans le monde de l’intelligence algérienne tant l’amateurisme et l’indigence professionnelle sont érigés en système de fonctionnement.

En fin d’après-midi du mercredi 12 mars, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre dans les salles de rédaction des médias français. « Un fonctionnaire de Bercy mis en examen pour espionnage au profit de l’Algérie », titraient les journaux de la presse sur leurs sites web. Un titre impressionnant. 

« C’est de l’espionnage économique », pense-t-on de prime abord. 

Du lourd ! Cela fait bien longtemps qu’on n’évoque plus cet important secteur du monde de l’espionnage. 

Mais, à la lecture des premiers développements parus quelques minutes plus tard, on découvre ni plus ni moins qu’une nouvelle opération ratée des services algériens dont la mission première est de faire la chasse aux opposants du régime en place.

« Cet homme est soupçonné d’avoir été « en contact régulier avec une personne de nationalité algérienne travaillant au consulat d’Algérie de Créteil » et « de lui avoir transmis des informations personnelles et sur les demandes d’asile » concernant des Algériens, et notamment « des opposants notoires » au régime, a précisé le ministère public », rapporte le quotidien Le Monde dans son édition électronique. 

Et d’ajouter plus loin : « D’après une source proche de l’enquête, parmi les profils recherchés, dont des opposants : deux Algériens sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour terrorisme, un journaliste réfugié, un Algérien ayant porté plainte en France contre un général… Ces personnes ont, pour « certaines », été « victimes de violences, menaces de mort ou tentative d’enlèvement ». 

Ce qu’on croyait être une infiltration du QG de l’économie française, s’est avéré, comme l’a indiqué à l’AFP Me Sipan Ohanians, l’avocat du fonctionnaire de Bercy, une affaire de «menaces et de manipulation d’une puissance étrangère ayant resserré l’étau autour » d’un fonctionnaire franco-algérien dont la mission ne concernait nullement l’économie française, mais la recherche d’informations sur des Algériens demandeurs d’asile et opposants au régime. Quelle déception pour les amateurs des séries d’espionnage ! 

Les services secrets algériens sont bien loin du temps de leur splendeur. 

Fini le temps où un jeune lieutenant répondant au nom de Rachid Tabti se faisait passer pour un prince arabe pour séduire une dame, plus âgée que lui, en la comblant d’attention, d’amour et de précieux cadeaux. 

C’était la cheffe de pool du secrétariat de l’Elysée en ce début de l’année 1970. 

Le jeune homme était un beau gosse au corps d’athlète, élégant et maniant parfaitement le verbe et le mot qu’il faut pour séduire cette belle Française issue d’un milieu bourgeois. Son objectif était de connaître les plans de l’administration française dans les négociations qu’elle menait avec le gouvernement algérien sur les hydrocarbures. Et il réussit parfaitement sa mission.

Est révolu le temps où, grâce à ses services de renseignements, l’Algérie jouait un rôle majeur dans le Moyen-Orient en jouant l’intermédiaire entre les organisations palestino-libanaises et les pays occidentaux en intervenant avec bonheur dans la libération des otages retenus au Liban. 

Et bien avant, le rôle, salué par le monde entier et particulièrement les Etats-Unis d’Amérique, dans la crise des otages américains en Iran qui était un épisode de tension internationale dans les relations entre les États-Unis et l’Iran, qui a lieu du 4 novembre 1979 au 20 janvier 1981.

Fini le temps où les services français de sécurité envoyaient à Alger le colonel Philippe Rondot, « vétéran » du renseignement, pour solliciter les Services algériens pour la sécurisation de la célébration du bicentenaire de la révolution française en 1987, tant leurs compétences étaient reconnues et appréciées.

Aujourd’hui, les services secrets algériens, de l’intérieur comme de l’extérieur, sont au plus bas de ce qu’on pourrait attendre d’eux. 

Ils sont d’abord dénoncés par les Algériens tout au long des deux années du Hirak. Les manifestants scandaient, à juste titre, « Moukhabarat irhabiya, toskout elmafia elaskariya » (Services de renseignements terroristes, à bas la mafia militaire). 

Pourquoi les qualifie-t-on de terroristes ? Tout simplement parce que durant la décennie sanglante, les services secrets algériens se sont distingués par leurs descentes nocturnes chez des paisibles citoyens sous prétexte de rechercher des terroristes. 

Ils brutalisent femmes, enfants et vieillards et prennent tout ce qu’ils trouvent comme métal précieux et argent. Et parfois, ils n’hésitent pas à mettre une balle dans la tête de l’un des membres de la famille victime de cette descente.

Plus de 20.000 disparus recensés au bout d’une dizaine d’années de guerre civile. Ils ont été tous exécutés à l’intérieur des casernes de ces Services.

L’un des plus grands criminels qui compte à son actif plusieurs dizaines de victimes n’est autre que l’actuel général Abdelkader Haddad alias Nacer El-Djen, Directeur de la Sécurité nationale, selon le témoignage d’un ancien sous-officier qui était sous ses ordres. 

La vidéo des aveux du sergentchef Houari circule toujours sur la Toile.

Ces pratiques ont repris de plus belle avec l’arrivée du duo Tebboune-Chengriha aux commandes du pays. 

La mission de la Direction générale de la Sécurité intérieure n’est plus le contre-espionnage ni la défense des intérêts du pays. Sa mission, aujourd’hui, est de faire la chasse à toute voix contestatrice. 

C’est, aussi, la constitution de brigades de mouches électroniques pour parasiter les chaînes YouTube des opposants et leurs pages Facebook. 

A l’extérieur, c’est, aussi, la chasse aux opposants exilés. Qu’ils soient journalistes ou militants de partis politiques ou simples activistes. 

Plusieurs tentatives d’assassinat sont montées et ont fait chou blanc, notamment contre l’auteur de ces lignes. En Belgique et en France en novembre 2021 et tout récemment, le 17 octobre 2024, à Barcelone. 

A noter, également, l’instabilité de ces services et l’incarcération dans les prisons militaires de nombreux officiers – généraux et colonels – dans le cadre des règlements de comptes. Quatre ex-patrons des services de sécurité ont été envoyés séjourner à la prison militaire de Blida. 

L’absence de formation, le népotisme, le clientélisme et l’affairisme ont réduit les Services secrets algériens à un cercle de prédateurs beaucoup plus nuisible à la sécurité du pays qu’à sa protection.

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