Annonces Légales et Bulletin Officiel

Algérie: un historien écroué pour remise en cause de l’identité amazighe

La justice algérienne a placé samedi en détention provisoire un chercheur en histoire controversé pour « atteinte aux symboles et constantes de la nation », après que celui-ci a déclaré sur une chaîne émiratie que l’identité amazighe en Algérie serait « une création franco-sioniste ».

Mohamed Amine Belghit a été placé en détention provisoire pour « crime d’atteinte à l’unité nationale par un acte ciblant l’unité nationale aux fins de porter atteinte aux symboles de la Nation et de la République, délit d’atteinte à l’intégrité de l’unité nationale, et délit de diffusion de discours de haine et de discrimination », a annoncé le Parquet du tribunal de Dar El Beida, près d’Alger.

Cet enseignant universitaire, se présentant comme spécialiste du Maghreb, crée régulièrement des polémiques pour ses propos hostiles à l’identité amazighe et des positions révisionnistes sur l’identité algérienne.

Il a été écroué après la diffusion « massive » sur les réseaux sociaux jeudi d’une interview qu’il a donnée à la chaîne émiratie Sky News Arabia dans laquelle il affirmait que « la langue amazighe est un projet idéologique de création franco-sioniste », selon le parquet.

Le tamazight a été reconnue comme langue officielle en 2016 en Algérie, et en 2017 « Yennayer », le nouvel an berbère, a été ajouté à la liste des fêtes nationales.

« Il n’existe pas de culture amazighe. Il n’existe pas une chose qui s’appelle amazighité », a encore dit M. Belghit.

Ses propos ont suscité une vague d’indignation en Algérie. Dans un commentaire lu au journal de 20H00 vendredi, la télévision nationale s’en est prise violemment aux Emirats Arabes unis, accusés de répandre « une nouvelle forme de venin, de saleté, d’indécence et d’insultes à l’encontre des Algériens ».

Les Emirats, où est basée Sky News Arabia, ont « franchi toutes les lignes rouges », a ajouté la télévision.

Le Haut commissariat à l’amazighité, rattaché à la présidence algérienne, a dénoncé samedi des « voix isolées (qui) persistent, en vain, à tenter de saper la cohésion nationale en s’attaquant à l’un des piliers essentiels de l’identité profonde (algérienne), sa composante amazighe ».

Sur les réseaux sociaux, des internautes ont jugé aussi graves les propos de M. Belghit que ceux de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis novembre et condamné fin mars à cinq ans de prison pour avoir affirmé dans un média français d’extrême droite que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Quitter la version mobile