Changement climatique : Baraka prône une nouvelle politique de l’eau [INTÉGRAL]

Les nouveaux défis auxquels le Maroc est confronté soulignent l’importance de revoir notre politique de l’eau pour mieux planifier les besoins des différents secteurs, en adéquation avec l’évolution des ressources disponibles.

Suite à la succession des années déficitaires en précipitations, le Maroc traverse aujourd’hui une des pires sécheresses de son Histoire récente. Une situation qui, en plus d’affecter fortement les réserves en eau, réduit les performances de plusieurs secteurs économiques du pays. Dans ce sens, des experts nationaux et internationaux ont été unanimes, lors d’une journée scientifique tenue jeudi dernier à Rabat, à affirmer que le Royaume est devenu un des pays les plus impactés par le stress hydrique dans le monde.
 
Lors de cette rencontre, placée sous le thème «Evaluation des ressources en eau dans un contexte de changement climatique», le ministre de tutelle a précisé que «l’irrégularité de plus en plus marquée des précipitations, interannuelle et intra-annuelle, l’augmentation des températures et l’exacerbation des phénomènes extrêmes, comme les inondations et les sècheresses, imposent une nouvelle vision pour de meilleures caractérisation et évaluation du potentiel des ressources hydriques et des besoins en eau des différents secteurs de l’économie nationale du Maroc».
 
Nizar Baraka a ajouté que le sujet est certes complexe, mais les enjeux pour un pays comme le Maroc sont énormes «pour augmenter notre capacité de résilience face aux catastrophes climatiques, sachant qu’une meilleure gestion de l’eau commence d’abord par une évaluation précise et régulière des ressources hydriques». Il s’agit aussi bien des ressources souterraines que de surface afin de mieux planifier la satisfaction des besoins en eau actuels et futurs.  D’où la nécessité de revoir notre politique de l’eau pour mieux planifier les besoins des différents secteurs en adéquation avec l’évolution des ressources en eau disponibles.
 
Le ministre a aussi rappelé que le Maroc a été l’un des premiers pays à considérer la notion de gestion intégrée des ressources en eau dans sa réglementation nationale qui a consacré la notion de valeur sociale de l’eau potable et la valeur économique de l’eau pour les différents usagers. Cette position de leader reconnue à l’échelle internationale dans le domaine de la gestion de l’eau a été effectivement confirmée, notamment à travers l’octroi, en collaboration avec le Conseil mondial de l’eau, du Grand Prix Mondial Hassan Il de l’Eau lors des forums mondiaux de l’eau.
 
«Devant la sécheresse persistante, qui a été marquée par la perturbation de l’alimentation en eau potable dans quelques zones du Royaume, et conformément aux Hautes Orientations Royales, le Programme National pour l’Approvisionnement en Eau Potable et d’Irrigation (PNAEPI) a été élaboré dans le but d’accélérer les investissements dans le secteur de l’eau, de renforcer l’approvisionnement en eau potable et soutenir l’agriculture irriguée, notamment dans les zones les plus touchées par le déficit hydrique», a-t-il rappelé.
 
Le Maroc anticipe
 
Le panel des experts qui ont animé cette journée s’est ainsi félicité de l’approche du Maroc quant à la gestion de la problématique du déficit des ressources hydriques, ainsi que ses projets futurs pour relever le défi de l’approvisionnement en eau et assurer des ressources supplémentaires pour les années à venir. 
 
Une approche qui se complète par la mise en place de stations mobiles ciblant aussi bien le littoral (dessalement) que les ressources continentales en eaux saumâtres (déminéralisation). Le Royaume dispose dans ce sens de 200 stations mobiles de dessalement et de traitement des eaux minérales, distribuées dans toutes les provinces et zones rurales, outre les projets de fontaines et de barrages collinaires.
 
Selon les dernières communications du département de tutelle, les nouvelles unités mobiles de dessalement sont destinées à Kelaât Sraghna, Zagora, Taza, Sidi Kacem, Khémisset, Settat, Berrechid, Boujdour, Khénifra, Tinghir et Tan-Tan, « afin d’équiper ces régions pour faire face aux difficultés que nous vivons actuellement ». Cette planification prend en considération les orientations Royales, appelant à prendre des mesures urgentes et novatrices afin de prévenir la pénurie d’eau dans les régions fortement déficitaires.
 
Le défi des eaux saumâtres
 
Dans le cadre de sa stratégie de lutte contre le stress hydrique et d’approvisionnement des populations en eau potable, le département de Baraka prête aussi une attention particulière aux eaux saumâtres, qui, malgré leur abondance dans le territoire marocain, demeurent peu valorisées. Les efforts entrepris pour la déminéralisation et la valorisation de ces ressources s’inscrivent dans le cadre d’un «programme majeur qui sera l’un des programmes phares du plan d’urgence et qui permettra de contribuer à répondre aux besoins des provinces du Royaume», selon le ministre. Un travail important est actuellement réalisé à travers une coopération entre le ministère de l’Intérieur et les Agences des Bassins Hydrauliques afin de cartographier les zones où existent des ressources en eaux saumâtres, ce qui permettra de positionner les unités mobiles de dessalement.

A noter qu’un des projets avancés de déminéralisation des eaux saumâtres a été inauguré en novembre dernier dans la région de l’Oriental. La station en question est exploitée par la Régie autonome intercommunale de distribution d’eau et d’électricité (RADEEO) et met à profit des eaux saumâtres provenant des forages de la ville d’Oujda. Cette station permet ainsi de faire face à la problématique de salinité qui affecte les eaux de la nappe phréatique locale. Ce projet, dont les travaux ont été lancés en novembre 2022 pour un coût global de 46,5 millions de dirhams, permet d’avoir un débit de 150 litres par seconde d’eau déminéralisée, qui s’ajoute aux ressources hydriques provenant du barrage Machraa Hammadi par le canal de traction qui s’étend sur une longueur de 80 kilomètres et qui fournit environ 50% des besoins annuels en eau potable de la ville. Le Royaume s’inscrit donc dans l’approche de subvenir aux besoins de toutes les régions du pays, dans le pire contexte hydrique de son Histoire.

 
 

Trois questions à Cássio Rampinelli « Il faut adapter nos politiques publiques sur la base de data, de cartographies exactes»
Le Maroc vit sa sixième année de sécheresse. Comment évaluez-vous l’approche marocaine pour faire face aux vulnérabilités climatiques que connaît le Royaume ?

 
Il faut d’abord souligner que le Maroc n’est pas le seul pays qui souffre de cette problématique, mais il a su s’adapter aux facteurs climatiques en lançant une série de projets pour diversifier les sources d’eau destinée à la population. Mais tous les pays aujourd’hui doivent investir davantage dans les outils de management des ressources naturelles et hydriques dont les perspectives d’évolution sont alarmantes à cause du changement climatique.
 

Comment peut-on éviter les pénuries en eau à l’ère du changement climatique ?

 
Il est difficile d’éviter les pénuries car elles dépendent exclusivement des aléas climatiques. Par contre, nous pouvons anticiper et nous préparer aux scénarios difficiles à travers la compréhension des différents processus liés aux ressources hydriques et y adapter nos politiques publiques sur la base de data, de cartographies, etc. L’exemple du Brésil est parlant puisqu’en 2015 nous avons travaillé avec des ONG, des Universités, des laboratoires et des startups technologiques pour lancer Map Biomas. Nous effectuons une cartographie annuelle de l’occupation et de l’utilisation des sols, ainsi qu’un suivi mensuel des eaux de surface et des cicatrices d’incendie avec des données remontant à 1985. Des rapports sont également validés et produits pour chaque événement de déforestation détecté au Brésil depuis janvier 2019. L’objectif est de révéler les transformations du territoire brésilien par la science, avec précision, agilité et qualité et rendre accessibles les connaissances sur l’utilisation des terres, afin de poursuivre la conservation et la gestion durable des ressources naturelles comme moyen de lutter contre les changements climatiques. Ainsi, les politiques sont parfaitement adaptées aux spécificités et à l’évolution du territoire.
 

Dans quelles mesures la bonne gestion des eaux souterraines contribue-t-elle à la résilience des hydrosystèmes ?

 
Le rôle des eaux souterraines est bien évidemment fondamental pour la résilience d’un pays, surtout en période de sécheresse. Mais encore une fois, l’optimisation de ces ressources impose un grand travail de monitoring et beaucoup d’investissement dans la recherche. Ces recherches permettraient par exemple de modéliser une échelle spatio-temporelle compatible des différentes communes et avec divers plans de ressources en eau. Mais un point important est à souligner, c’est que toutes les stratégies doivent être accompagnées d’un niveau de sensibilité élevé pour que les usagers participent à la gestion responsable de l’eau.

 

Situation hydraulique : L’ensemble des barrages rempli à 28,76%
La situation hydraulique du Royaume s’est améliorée depuis le 22 août dernier, permettant à l’ensemble des barrages d’atteindre un taux de remplissage de 28,76% au 29 septembre, selon le ministère de l’Equipement et de l’Eau.

Les très fortes pluies et orages qu’a connus le Royaume ont permis d’améliorer sensiblement la situation de certains barrages, explique le ministère dans un communiqué, précisant que 6 bassins hydrauliques sur les 10 que compte le pays ont vu leur situation hydraulique s’améliorer.

Par ailleurs, le Bassin hydraulique de Loukkos est celui qui a reçu les plus importants apports en eau avec un taux de 49.30%.

En deuxième position, les barrages du bassin hydraulique de Tensift ont largement bénéficié des récentes pluies avec 99.52 millions de m3, poursuit le communiqué.

Il relève également que le bassin hydraulique de Sebou et les barrages du bassin hydraulique de Guir-Ziz-Rheris (région d’Errachidia) ont reçu respectivement des apports dépassant 39 millions de m3.

Le ministère a rappelé, en revanche, que malgré les dernières pluies et l’ensemble des actions mises en œuvre, la situation hydrique du Maroc reste difficile, exhortant les citoyens à éviter les gaspillages et à utiliser l’eau avec parcimonie.

 

Approvisionnement en eau potable et irrigation : L’enveloppe du programme national 2020-2027 s’élève à 150 MMDH
La situation hydraulique du Royaume s’est améliorée depuis le 22 août dernier, permettant à l’ensemble des barrages d’atteindre un taux de remplissage de 28,76% au 29 septembre, selon le ministère de l’Equipement et de l’Eau.

Les très fortes pluies et orages qu’a connus le Royaume ont permis d’améliorer sensiblement la situation de certains barrages, explique le ministère dans un communiqué, précisant que 6 bassins hydrauliques sur les 10 que compte le pays ont vu leur situation hydraulique s’améliorer.
Par ailleurs, le Bassin hydraulique de Loukkos est celui qui a reçu les plus importants apports en eau avec un taux de 49.30%.

En deuxième position, les barrages du bassin hydraulique de Tensift ont largement bénéficié des récentes pluies avec 99.52 millions de m3, poursuit le communiqué.

Il relève également que le bassin hydraulique de Sebou et les barrages du bassin hydraulique de Guir-Ziz-Rheris (région d’Errachidia) ont reçu respectivement des apports dépassant 39 millions de m3.
Le ministère a rappelé, en revanche, que malgré les dernières pluies et l’ensemble des actions mises en œuvre, la situation hydrique du Maroc reste difficile, exhortant les citoyens à éviter les gaspillages et à utiliser l’eau avec parcimonie.

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