Annonces Légales et Bulletin Officiel

Distribution : Quand le circuit du produit pèse sur l’addition

Alors que le marché de la grande distribution ne cesse de se développer, le Conseil de la Concurrence met en lumière des pratiques structurelles qui influencent directement la formation des prix à la consommation ainsi que la dynamique concurrentielle du secteur.

Dans un récent avis portant sur l’état de la concurrence dans les circuits de distribution des produits alimentaires, le Conseil de la Concurrence a dressé un diagnostic du secteur de la grande distribution, acteur majeur de l’économie marocaine.

Il en ressort que ce secteur connaît un essor remarquable, porté par plusieurs facteurs, notamment la croissance démographique urbaine, l’augmentation du pouvoir d’achat, ainsi que la diversité et la qualité des produits proposés, soutenues par des stratégies marketing agressives et des promotions attractives.

Un hypermarché propose jusqu’à 70.000 références, tous produits confondus, avec des standards élevés en matière de qualité, de sécurité et d’hygiène, grâce à la mise en place de chaînes de froid adaptées aux produits frais et périssables.

En terme d’offre, le Conseil relève qu’à fin 2024, le secteur compte six acteurs : le groupe Marjane, le groupe Label’Vie, Aswak Assalam, BIM Maroc, Africa Retail Market (enseigne U), ainsi que Kazyon Maroc, dernier entrant (depuis fin 2023). Ces opérateurs, dont les magasins couvrent une superficie totale de 903.780 m², ont réalisé un chiffre d’affaires de 40,9 milliards de dirhams à fin 2024.

Cependant, le Conseil constate que la consommation dans les grandes surfaces reste majoritairement orientée vers les produits de grande consommation transformés. Pour les produits frais, les ménages continuent de privilégier le commerce traditionnel (bouchers, poissonniers, primeurs), en raison d’habitudes d’achat bien ancrées.

Autre constat du régulateur concerne le mode de fonctionnement des circuits de distribution. Ce dernier, étant encore dominé par le commerce traditionnel, influence significativement les prix de vente finaux. En d’autres termes, les épiciers appliquent souvent les prix du fournisseur leader à l’ensemble des marques d’une même catégorie de produits, sans tenir compte des écarts de prix d’achat.

En conséquence, les hausses de prix sont immédiatement répercutées, tandis que les baisses sont souvent retardées, le temps d’écouler les stocks. Cela dit, le consommateur ne profite pas pleinement des baisses de prix, et, d’autre part, la concurrence entre fournisseurs est affaiblie, ceux-ci ne pouvant plus utiliser le prix de vente comme levier de différenciation.

L’avis du Conseil présidé par Ahmed Rahhou souligne une augmentation constante des marges brutes dans les deux circuits de distribution, avec une hausse particulièrement prononcée entre 2021 et 2022, période marquée par une forte inflation. Dans le circuit traditionnel, les marges de bénéfice dans la catégorie des  pâtes alimentaires et le couscous ont connu une augmentation de près de 20% en 2022. Quant aux grandes et moyennes surfaces, la marge a cru 2,5% pour les mêmes produits. 

Quitter la version mobile