Garantir une cybersécurité souveraine, tel fut le fil conducteur des échanges lors de l’événement organisé par l’ENSIAS de Rabat, où la refonte des systèmes à l’aune de la cryptographie post-quantique s’est imposée comme une priorité.
C’est dans ce contexte qu’un panel d’experts s’est réuni, du 4 au 6 avril, à l’École Nationale Supérieure d’Informatique et d’Analyse des Systèmes (ENSIAS), à l’initiative du club INSEC, pour débattre des enjeux cruciaux liés à la cybersécurité et anticiper les impacts des prochaines révolutions technologiques. Les échanges se sont donc focalisés sur l’urgence d’adopter des solutions de cybersécurité post-quantiques, tout en explorant les pistes de développement de dispositifs adaptés au contexte marocain, où le vol de données personnelles demeure une préoccupation majeure.
Dans ce contexte marqué par l’insuffisante des informations, les experts ont également abordé le rôle paradoxal de l’Intelligence Artificielle (IA) : si elle peut constituer un outil puissant pour renforcer la cybersécurité, elle peut aussi être utilisée par les cybercriminels pour exploiter les failles existantes. La cérémonie d’ouverture a été marquée par les interventions du président du club, du directeur de l’ENSIAS et du président de l’association ADEI. La journée a continué avec la conférence « The Post-Quantum Era : Preserving Security in the Age of Quantum Computing », animée par des professeurs spécialisés.
La deuxième journée s’est distinguée par une conférence placée sous le signe de l’innovation et de l’approche pragmatique, autour du thème : ‘Securing the Future: Beyond Cryptography, the Solutions that Protect’. Cette intervention approfondie a réuni Badr Eddine Jamai, David Joao Vieira Carvalho et Aymane Hassani, sous la modération de Fahd Adni. La suite du programme a été marquée par un atelier animé par Mohammed Amine Garrach, ingénieur en cybersécurité quantique chez Qubitron-AI et membre de l’équipe centrale de QTunisia. L’atelier a permis d’explorer les technologies quantiques et leurs applications concrètes, notamment dans les domaines de la finance, de la cybersécurité et de l’intelligence artificielle.
Autre moment fort : le lancement d’un CTF (Capture The Flag) inédit, d’une durée de 12 heures, intégralement conçu par les membres du club. Une première qui a brillamment mis en valeur la créativité et le savoir-faire des organisateurs. Enfin, la dernière journée a été ponctuée par une cérémonie de clôture, avec des retours des participants et la remise des Prix aux équipes gagnantes du CTF, soulignant le niveau de compétence et l’esprit collaboratif de l’événement.
Approché par le journal « L’Opinion », Youssef El Maddarsi, CEO de Naoris, a souligné l’importance d’adopter une approche décentralisée et proactive face aux nouvelles menaces. Il a ainsi présenté une vision de la cybersécurité axée sur la décentralisation, l’intégrité des systèmes et la souveraineté technologique, afin que chaque élément du réseau participe activement à sa propre protection et à celle du système global.
Il a également mentionné l’impact futur des technologies quantiques sur la sécurité numérique et la nécessité d’adopter des solutions de cybersécurité post-quantiques. Enfin, il a insisté sur l’importance de former une nouvelle génération d’ingénieurs et de décideurs pour intégrer ces enjeux dans les choix technologiques futurs.
Concernant l’état de la recherche en mécanique quantique au Maroc, il a expliqué que la discipline est encore jeune, avec quelques initiatives prometteuses en physique théorique et en optique quantique, mais des passerelles faibles avec les enjeux industriels, notamment la cybersécurité. Il a souligné que les ordinateurs quantiques, une fois pleinement développés, remettront en cause les systèmes de chiffrement traditionnels.
Il est donc essentiel, selon lui, d’anticiper cette évolution en intégrant dès maintenant des protocoles post-quantiques capables de résister aux futures attaques. Chez Naoris, ces protocoles sont déjà intégrés dans l’architecture de sécurité pour protéger les systèmes contre les menaces actuelles et futures. Le Maroc a une véritable opportunité stratégique de se positionner de manière proactive, à condition de soutenir la recherche et de renforcer les liens entre science, industrie et institutions.
Pour protéger efficacement les infrastructures sensibles, il a précisé qu’il faut adopter des systèmes capables de s’auto-surveiller et de réagir en temps réel. Les pare-feu traditionnels ne suffisent plus. Il est essentiel de mettre en place des infrastructures intelligentes et résilientes, avec des solutions telles que la décentralisation de la sécurité, des journaux infalsifiables, et la détection intelligente d’anomalies. La cybersécurité doit être intégrée dès la conception des systèmes.