Annonces Légales et Bulletin Officiel

​Exposition : Les gouaches en constellation de Hafid

L’exposition « Hafid : l’Art du Geste » déploie (depuis le 1re mai) une constellation de gouaches sur papier, dévoilant l’un des visages les plus sensibles et profonds de l’abstraction marocaine contemporaine. Mustapha Hafid, maître du trait libre et de la couleur incarnée, nous convie à une immersion au cœur de l’acte pictural, où le geste devient langage, et la matière, mémoire.

 Hafid est une figure majeure de l’art moderne au Maroc. Après une première formation à l’École des Beaux-Arts de Casablanca, marquée par l’académisme européen et l’exigence du dessin, il poursuit son parcours à l’Académie des Beaux-Arts de Varsovie grâce à une bourse polonaise. C’est là, dans le climat intellectuel effervescent des avant-gardes d’Europe de l’Est, qu’il affine son langage, influencé par les théories de Władysław Strzemiński sur l’Unisme, et décide de rompre définitivement avec la figuration. Son œuvre, profondément marquée par cette double appartenance culturelle, marocaine et européenne, se nourrit d’un va-et-vient constant entre rigueur et spontanéité, entre construction et fulgurance. Dans ses gouaches, la couleur n’illustre pas : elle vibre, elle parle, elle résonne. Rouge profond, noir intense, éclats d’ocre ou de bleu dense… chaque teinte devient vectrice d’émotion, chaque transparence, souffle. Ce travail sur papier, présenté ici dans une sélection inédite, révèle un Hafid dans sa forme la plus pure : celle du geste dépouillé, de l’énergie immédiate. Loin des grandes tild’tliitiforme la plus pure : celle du geste dépouillé, de l’énergie immédiate. Loin des grandes toiles d’atelier, ces œuvres intimes concentrent l’essence de son approche. On y sent la main qui trace, hésite, tranche, efface. Le pinceau devient prolongement du corps, guidé non par le motif mais par la nécessité intérieure de créer, de formuler l’indicible.
                                                          
Groupe de Casablanca
Hafid est un peintre de l’émotion maîtrisée. Il conjugue la rigueur de l’enseignement académique à Varsovie avec une liberté plastique absolue, qu’il transmettra dès son retour au Maroc en 1968, notamment au sein de l’École des Beaux-Arts de Casablanca dont il deviendra directeur quelques années plus tard. Engagé dans les mouvements artistiques majeurs de la décolonisation, il participe aux expositions-manifestes du Groupe de Casablanca, apportant une contribution décisive à l’élaboration d’un art marocain moderne, à la fois décentré et universel. « Hafid : l’Art du Geste » est une invitation à ressentir, à s’ouvrir au vertige du geste, à l’écoute des silences. Elle révèle l’artiste dans sa quête constante d’un langage pictural affranchi, où chaque œuvre est à la fois silence et cri, trace et effacement, architecture fragile du sensible. Elle témoigne d’un parcours artistique exigeant, libre, ancré dans une vision du monde où chaque trait, chaque éclat, chaque trace est porteur de sens.

Quitter la version mobile