Porté par l’essor de l’avocat et la résilience de la tomate, le Maroc renforce sa position de fournisseur stratégique de l’Union Européenne. Une progression en valeur de 14 % confirme l’ancrage durable de la stratégie agricole marocaine à l’international.
Parmi les produits phares, la tomate conserve la tête du classement des exportations marocaines vers l’UE. Si les volumes ont connu un repli de 10 %, s’établissant à 188.259 tonnes, la valeur marchande est restée stable, atteignant 369 millions d’euros, soit une progression de 2 %. Ce paradoxe s’explique par une demande constante, en dépit des tensions sur les prix et la logistique. Les tomates marocaines, prisées pour leur qualité et leur régularité d’approvisionnement, restent un incontournable des étals européens, notamment en France, en Espagne et en Allemagne.
Parmi les autres légumes exportés, le poivron marocain se distingue par une légère progression en valeur (+7 %, pour 90 millions d’euros), malgré un recul modéré des volumes (-1 %, soit 63.669 tonnes). À l’inverse, la fève verte enregistre une double contraction : -11 % en valeur (68 millions d’euros) et -16 % en volume (27.990 tonnes), ce qui témoigne de la sensibilité de certains produits aux aléas climatiques et à la volatilité des marchés.
La dynamique observée sur ce début d’année s’inscrit dans une trajectoire ascendante. Entre 2023 et 2024, les importations globales de fruits et légumes marocains par l’Union Européenne sont passées de 1,369 million à 1,419 million de tonnes (+4 %), tandis que leur valeur est montée de 2,509 à 2,713 milliards d’euros (+8 %). Le cas de la tomate est emblématique : en un an, les volumes ont progressé de 492.438 à 579.815 tonnes (+18 %) et la valeur commerciale de 972 à 999 millions d’euros (+3 %).
Selon une récente analyse de la plateforme EastFruit, le Maroc figure aujourd’hui parmi les trois exportateurs agricoles connaissant la croissance la plus rapide au monde. Cette montée en puissance s’explique par la résilience du modèle marocain face aux défis climatiques, logistiques et commerciaux. Contrairement à plusieurs pays concurrents confrontés à la sécheresse ou à des restrictions douanières, le Royaume a réussi à maintenir sa compétitivité, tout en s’ouvrant à de nouveaux marchés.
Interrogé par EastFruit, l’économiste Andriy Yarmak, spécialiste des filières horticoles à l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), souligne : « Le Maroc ne raisonne pas à court terme. Ses entreprises agricoles s’inscrivent dans une vision durable et structurée, qui anticipe les mutations du commerce mondial ». Cette approche s’illustre notamment par l’intégration progressive des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans les chaînes de production et d’exportation, ce qui constitue un levier de différenciation stratégique à l’échelle internationale.