Au moment où le bassin Atlantique en Afrique de l’Ouest dévoile ses richesses, le gazoduc Maroc-Nigeria devient un outil d’intégration régionale. Détails.
D’après ledit rapport, de nombreux pays pétroliers à travers le monde connaissent une production qui stagne ou est en déclin. Cependant, dans la zone du bassin Atlantique, ce n’est pas le cas, les États-Unis, le Canada, le Brésil, le Guyana, l’Argentine et la Côte d’Ivoire affichent une tendance haussière en matière de production de pétrole.
Au cours des cinq dernières années, depuis la fin de 2019, deux pays du bassin Atlantique ont intégré le club très sélect des producteurs et exportateurs de pétrole. Le Guyana a commencé sa production en décembre 2019, suivi par le Sénégal en juin 2024. Actuellement, le Guyana produit plus de 600 000 barils par jour, et cette production continuera d’augmenter jusqu’à la fin de 2027.
De plus, certains pays du Bassin sont sur le point de devenir des producteurs ou exportateurs d’hydrocarbures, ou le deviendront dans les prochaines années, c’est-à-dire d’ici 2030. Pour le pétrole, cela concernera le Suriname, au nord de l’Amérique du Sud, et la Namibie, en Afrique australe. Il n’y a aucun doute à ce sujet, car d’importantes réserves de pétrole ont été découvertes et seront développées par TotalEnergies en Suriname, et en Namibie, par Shell, TotalEnergies et Galp (Portugal), précise le Rapport.
De l’autre côté, l’alliance de 22 pays exportateurs de pétrole, OPEP+, (dont les 12 membres de l’OPEP), rencontre des difficultés à maintenir les prix du brut à un niveau élevé. Malgré plusieurs réductions de production décidées depuis l’automne 2022 pour limiter l’offre mondiale et ainsi faire remonter les prix, le Brent se situait à peine au-dessus de 74 dollars le baril mi-décembre.
Ce prix relativement bas s’explique principalement par une augmentation continue de l’offre mondiale de pétrole, qui a compensé les réductions opérées par l’OPEP+. Cette hausse est due à l’augmentation de la production de cinq pays producteurs non membres de l’OPEP+, tous situés sur le continent américain et au bord de l’Atlantique : les États-Unis, le Canada, le Brésil, le Guyana et l’Argentine. La production de ces pays devrait continuer de croître en 2025, ce qui risque de maintenir un excédent de l’offre sur la demande et de peser sur les prix. Face à cette situation, lors de sa dernière réunion du 5 décembre 2024, l’OPEP+ a été contrainte de reporter des augmentations de production prévues. Somme toute, les efforts de l’OPEP+ pour soutenir les prix sont contrecarrés par la production croissante de pays extérieurs à l’alliance.
Le gazoduc, qui s’étendra sur plus de 6 500 km, comprendra une section sud qui prolongera le gazoduc existant reliant le Nigeria au Ghana jusqu’à la Côte d’Ivoire. Le Nigeria, par l’intermédiaire de (Nigeria LNG), s’apprête à augmenter considérablement sa production et ses exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) en collaboration avec le Gabon, ce qui devrait dynamiser le marché régional du GNL. De son côté, la Côte d’Ivoire, grâce à la découverte majeure de l’« offshore de Baleine », la plus grande découverte d’hydrocarbures dans le bassin sédimentaire ivoirien, s’apprête à accroître sa production de pétrole et de gaz dès la fin de 2024. Ainsi, l’ensemble de ces développements témoigne d’une offre croissante dans la région de l’Afrique de l’Ouest, prometteuse dans le secteur énergétique mondial dans les années à venir, avec des initiatives visant à renforcer la sécurité énergétique tout en stimulant la croissance économique.
A propos la section nord, reliant le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc, le rapport prévoit que les futurs producteurs de gaz naturel seront le Sénégal et la Mauritanie d’ici 2025. Pour la première fois de leur histoire, ces deux pays commenceront l’année prochaine à exporter du gaz naturel liquéfié (GNL) dans le cadre d’un important projet commun nommé Greater Tortue Ahmeyim (GTA). Ce projet, qui se déroule en offshore, est dirigé par l’opérateur BP. La compagnie britannique collabore avec Kosmos Energy (États-Unis), Petrosen (la société nationale du Sénégal) et la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH).
Quant au Maroc, bien qu’il ait actuellement une production de gaz encore modeste, il prévoit de mettre en production le gisement offshore Anchois dans les prochaines années. Le consortium impliqué, qui comprend Energean, Chariot et l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), n’a pas encore pris de décision concernant le développement de ce gisement situé sur le bloc Lixus Offshore.
Aux yeux de Sa Majesté le Roi, le projet gazoduc Maroc-Nigéria qui a été lancé en 2016, est « un plan pour la paix, l’intégration économique africaine et le co-développement pour les générations présentes et futures. »
Jingye Group, un acteur majeur de l’industrie sidérurgique chinoise, a annoncé son implication dans le projet de Gazoduc africain-Atlantique. D’après Zhang Yuanyuan, directeur-adjoint du département marketing international du groupe, la fourniture comprendra des produits en acier de haute qualité pour la construction de ce pipeline de 5 660 kilomètres. De plus, sa filiale Jingye British Steel, contribuera en proposant des solutions adaptées, y compris des matériaux de pointe pour les segments les plus critiques du gazoduc.
Appels d’offres dès 2025
Le Maroc s’apprête dès cette année 2025 à franchir une étape décisive dans la réalisation du gigantesque projet de gazoduc reliant le Nigeria au royaume. Les appels d’offres pour la construction des premières phases sur le territoire marocain seront lancés, la première phase du projet comprendra le Maroc, La Mauritanie et le Sénégal.
L’Etat d’avancement du projet
À l’occasion de la 13e édition de « The Atlantic Dialogues », Amina Benkhadra, directrice générale de l’ONHYM, a précisé l’état d’avancement du projet de gazoduc Nigeria-Maroc. Elle a indiqué que la circulation du gaz devrait débuter en 2029 sur deux des trois tronçons, la connexion du troisième étant prévue entre 2035 et 2040, assurant ainsi la continuité de l’acheminement.