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«Helicobacter pylori» : Une bactérie qui affole les compteurs épidémiologiques

Une récente étude scientifique a mis en lumière une forte prévalence de l’infection par la bactérie Helicobacter pylori chez les enfants de moins de 16 ans dans l’Est du Royaume, avec un risque de complications pouvant évoluer jusqu’au cancer de l’estomac à l’âge adulte.

Publiée dans la revue scientifique open-access « Cureus », l’étude révèle que sur un échantillon de 230 enfants de la région de l’Est du Maroc, 118 — soit 51% — sont infectés par la bactérie Helicobacter pylori. Intitulée « Dossier épidémiologique, clinique et évolutif de l’infection par Helicobacter pylori chez les enfants de la région de l’Est du Maroc : une série de 118 cas », elle souligne que ces enfants appartiennent majoritairement à des catégories socio-économiques défavorisées, avec une prévalence plus marquée chez les filles. Les résultats obtenus par les chercheurs marocains Abdeladim Baba Khouya, Maria Rkain, Hanaa Bhari, Amal Hammami et Aziza El Ouali, montrent que la prévalence de l’infection augmente avec l’âge des enfants. Ainsi, le taux le plus élevé, 46,61%, a été observé chez les enfants âgés de 10 à 16 ans.
 
Quant à la partie pratique, qui a consisté à soumettre des patients âgés de 1 à 16 ans à une endoscopie digestive haute entre janvier 2022 et juin 2024, au Centre hospitalier universitaire Mohammed VI à Oujda, l’étude a révélé que la majorité des patients diagnostiqués avec l’infection par la bactérie Helicobacter pylori étaient des filles, représentant 59% des cas.

Les auteurs de l’étude ont précisé que la plupart des patients étudiés venaient de la ville d’Oujda, tandis que les autres étaient originaires de villes voisines. Ils ont également indiqué que 68% des participants appartiennent à des familles avec un niveau socio-économique faible, « ce qui a contribué à l’augmentation du taux de prévalence de l’infection ». Dans ce contexte, l’étude a mis en évidence que 38,13% des patients (45 participants) souffrent d’anémie due à une carence en fer, ou de la maladie cœliaque, ou encore de diabète de type 1.

Symptômes et causes !

L’étude a examiné les causes de l’infection chez chaque cas et a relevé que l’analyse de l’historique familial affiche une gastrite liée à Helicobacter pylori qui avait été enregistrée chez trois mères (soit 2,54% des cas). De plus, quatre patients (3,38 % des participants) avaient des frères et sœurs ayant également contracté cette gastrite pour la même raison.

L’objectif de l’étude était d’évaluer la relation entre l’évolution de la maladie et la détection précoce. Il a été constaté que plus de la moitié des enfants, précisément 85, soit 72,03% des cas, n’ont consulté un médecin qu’après avoir souffert des symptômes pendant plus de six mois. Cela explique, selon les chercheurs, « en partie, le retard dans le diagnostic ». Quant aux raisons qui ont poussé les familles des enfants infectés à consulter des médecins, l’étude indique que la principale cause était la douleur abdominale, présente chez 60,5% des patients. Dans 24% des cas, la douleur était isolée, tandis que 6,84% des patients présentaient également d’autres symptômes (principalement des vomissements, des brûlures d’estomac et des saignements gastro-intestinaux).

Les auteurs de l’étude ont souligné que, bien que ces données soient « précieuses », certaines limites doivent être prises en compte, notamment la taille « limitée » de l’échantillon et le fait que l’étude s’est « principalement concentrée sur les patients souffrant de symptômes », ce qui pourrait ne pas représenter l’ensemble des enfants, y compris ceux infectés sans symptômes.

Il convient de rappeler que la bactérie Helicobacter pylori, ou «bactérie de l’estomac», touche une grande partie de la population mondiale et peut entraîner des ulcères gastriques ainsi que des cancers de l’estomac à l’âge adulte, selon les chercheurs. Ils soulignent qu’en « pratique clinique pédiatrique, elle reste une source de préoccupation, bien que la plupart des enfants ne présentent aucun symptôme ». L’infection chez les enfants est généralement « moins sévère » que chez les adultes, avec un taux de cancers gastriques « presque inexistant » chez les enfants.

3 questions à Tayeb Hamdi, Analyste et chercheur en politiques et systèmes de santé
«L’Helicobacter pylori requiert la rigueur et zéro improvisation»

– Comment attrape-t-on l’Helicobacter pylori ?

– Helicobacter pylori est une bactérie qui cible principalement l’estomac, un environnement particulièrement acide. Elle parvient à survivre dans ce milieu hostile grâce à une substance protectrice qu’elle sécrète. Toutefois, cette bactérie peut provoquer des inflammations de l’estomac, des ulcères gastriques et, dans certains cas, favoriser le développement de cancers. L’infection par Helicobacter pylori se transmet principalement par voie oro-orale, souvent dans des conditions de promiscuité, de manque d’hygiène ou à travers de mauvaises habitudes, surtout chez les enfants. Par exemple, certaines mères mâchent la nourriture pour leurs enfants ou nettoient les tétines de biberon avec leur bouche, des gestes qui, bien qu’animés de bonnes intentions, peuvent aggraver la transmission de cette bactérie. C’est à dire que la contamination se fait par un contact direct avec la salive infectée par des régurgitations ou lors des vomissements.

– Quelles sont les mesures de prévention ?

– Il est important de souligner que plus des deux tiers des Marocains sont porteurs de cette bactérie, ce qui renforce la nécessité d’adopter des mesures d’hygiène rigoureuses. Les mesures nécessaires sont principalement les mesures d’hygiène, notamment laver les mains, ne pas partager les couverts, respecter l’hygiène des bébés, il faut bien nettoyer les tétines et les biberons.
 
– Quelles sont les bonnes pratiques à appliquer quand on tombe malade ? 
 
– Quand on a des signes digestifs récurrents qui se répètent, ou il y a des personnes de notre entourage qui ont des problèmes gastriques de ce genre, il faut chercher et traiter pour éradiquer. Le diagnostic précoce est crucial et peut se faire par fibroscopie, analyse des selles ou test respiratoire, ce dernier étant le plus recommandé. En cas de résultat positif, un traitement d’une durée de 14 jours est généralement prescrit, suivi d’un contrôle un mois après. Si l’infection persiste malgré le traitement, une seconde ligne thérapeutique doit être envisagée. Car avec cette bactérie, il n’y a pas d’improvisation.

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