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IMAP : Le Maroc face au défi de sortir du charbon

Un rapport récent de l’Institut Marocain d’Analyse des Politiques (IMAP) met en garde : le principal défi énergétique du Royaume ne réside pas dans le manque de ressources, mais dans la difficulté à sortir de sa dépendance au charbon.

 

Un rapport, publié récemment par l’Institut Marocain d’Analyse des Politiques (IMAP), souligne que le véritable défi pour le Maroc, en matière de production énergétique, ne réside pas dans la rareté des ressources, mais dans sa capacité à réduire sa dépendance au charbon. L’objectif : amorcer un tournant audacieux vers un modèle énergétique décarboné, garant d’une justice climatique et d’un développement durable.
 

Intitulé « Politiques de transition énergétique au Maroc », le document met en lumière les principales contraintes auxquelles le Royaume est confronté sur la voie de la transition énergétique. En tête de liste figure la nécessité de sortir progressivement du charbon, qui reste aujourd’hui l’un des piliers de la production électrique nationale.
 

Malgré les progrès notables dans les énergies renouvelables, le mix énergétique marocain demeure dominé par le charbon, le pétrole et le gaz. Une situation qui reflète une tendance mondiale, puisque plus de 80 % de la production d’énergie à l’échelle planétaire repose toujours sur les combustibles fossiles. Ce constat renforce la difficulté d’un basculement rapide vers des sources énergétiques propres.
 

L’enquête indique, également, que la hausse constante de la demande en électricité, alimentée par la croissance démographique et économique, complique davantage cette transition. Le remplacement du charbon suppose ainsi la disponibilité de sources alternatives fiables, afin de garantir la sécurité de l’approvisionnement énergétique.
 

Au-delà des enjeux techniques, l’expansion de l’utilisation du charbon est aussi pointée du doigt pour son impact environnemental. L’IMAP rappelle, à ce sujet, que cette énergie fossile contribue fortement aux émissions de CO₂, principales responsables du changement climatique. Le pays, signataire de l’Accord de Paris, est ainsi tenu de revoir son modèle énergétique pour honorer ses engagements internationaux.
 

Dans cette logique, le Royaume s’est engagé, avec une quarantaine de pays membres du Forum de la vulnérabilité climatique, à atteindre une production électrique 100 % renouvelable entre 2030 et 2050. Un objectif ambitieux qui fait de l’abandon du charbon une priorité urgente.
 

Pour y parvenir, le rapport recommande de rediriger les investissements vers des technologies à faible empreinte carbone, en s’éloignant des projets liés au charbon. Maintenir la trajectoire actuelle, selon l’étude, compromettrait la transition vers une économie énergétique durable.
 

Cependant, cette transformation ne pourra se faire sans surmonter les obstacles financiers. Le développement des projets renouvelables nécessite des financements colossaux, estimés à près de 30 milliards de dollars par le ministère de l’Énergie et des Mines. À ce titre, l’IMAP insiste sur l’importance de mobiliser le capital privé et les institutions financières internationales, estimant que les ressources publiques à elles seules ne suffiront pas.
 

Le document évoque aussi les implications sociales de cette transition. La fermeture des centrales à charbon pourrait affecter l’emploi dans certaines régions. D’où la nécessité de prévoir des alternatives économiques équitables pour les populations concernées.
 

Afin de garantir une continuité dans la fourniture d’électricité pendant cette phase de transition, le recours à des « carburants de transition » est également proposé. Ces solutions permettraient de pallier les intermittences propres aux énergies renouvelables, en attendant l’atteinte d’un mix énergétique équilibré et sans charbon.
 

Enfin, le rapport appelle à une mobilisation urgente et coordonnée pour réussir la transition énergétique du Maroc. Cela passe par une réduction progressive de la part du charbon, une réorientation des investissements vers des technologies bas carbone, une implication accrue du secteur privé et un accompagnement social des régions impactées. Avec des choix politiques clairs, des réformes structurelles et un financement adapté, le Royaume peut capitaliser sur ses atouts naturels pour bâtir un avenir énergétique durable et équitable.

 

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