À l’occasion du lancement du Honda H-RV e:HEV, jeudi 15 mai à Casablanca, Fatima-Zahra Mediouni, Directrice Générale de Univers Motors, l’importateur de la marque japonaise, a accepté de répondre aux questions de « L’Opinion ». Histoire et réputation de la marque, place de l’hybride et objectifs commerciaux étaient au programme de cet entretien.
– Alors, l’Histoire de la marque au Maroc a des hauts et des bas. C’est une marque qui a vu le jour au Royaume en 1963 et qui a eu un succès incroyable, je dirais, jusqu’en 2010.
Toutes les familles avaient des Honda. Nous-mêmes, nous avons baigné et vécu avec des Honda autour de nous. C’est une marque japonaise qui a toujours été reconnue pour sa performance, sa longévité et son design, qui était assez audacieux.
Puis il y a eu une rupture avec le Maroc quand Honda a décidé de sortir définitivement du diesel, ce qui a été annoncé en 2010. Progressivement, on a eu un déclin des volumes vendus au Maroc vu que nous sommes sur un marché qui était dominé par le diesel à plus de 90%, alors que notre offre ne se limitait plus qu’à des modèles d’essence.
Pire, Honda a fermé ses usines situées en Europe qui nous permettaient d’importer des voitures sans droits de douane. Nous nous sommes alors retrouvés avec des voitures importées d’Asie avec 17,5% de droits de douane face à une concurrence européenne accrue qui était, elle, dans le cadre de l’accord de libre-échange européen, à 0%.
Nous nous sommes retrouvés fatalement avec un line-up réduit, n’offrant que des modèles essence à un prix excessivement cher. Nous ne jouions plus du tout sur le même terrain que les voitures européennes.
Depuis, il y a eu un petit virage qui redonne de l’espoir à la marque. Les règles du jeu ont changé avec l’hybridation. Avec l’hybride, vous savez que les droits de douane sont à zéro. Donc, on rejoue sur le même terrain et avec les mêmes armes.
Aujourd’hui, nous avons une gamme de 4 modèles en hybride, en Euro 6 (ndlr : norme européenne d’émission pour les véhicules automobiles), mais avec des finitions un peu restreintes.
Mais voilà, nous sommes en train de repartir dans l’autre sens, avec une offre hybride très intéressante en termes de prix, en termes de motorisation, en termes de technologie et en termes d’équipement aussi.
– Honda a une réputation de sécurité et de fiabilité. Pourquoi et qu’est-ce qu’il en est pour le HR-V e:HEV spécifiquement ?
– Honda est un motoriste à la base. C’est probablement un des plus grands motoristes avec Ferrari et Mercedes. Et de tout temps, au-delà de la performance et du souci de la vitesse, Honda a mis l’humain au centre de ses préoccupations, à commencer par la sécurité.
Ce modèle qui a été lancé en 1999 (ndlr : le HR-V) incluait déjà des options de sécurité très avant-gardistes, alors même qu’à l’époque, le consommateur était très peu soucieux de la chose. Et au fil des générations, il a toujours une longueur d’avance sur cet aspect. Parce que c’est la direction de la marque, c’est sa valeur et c’est son ADN. Nous sommes en train de repartir avec une offre hybride très intéressante en termes de prix, de motorisation, de technologie et d’équipement. – Les détracteurs de la boîte CVT auront à en redire sur le système de transmission du HR-V e:HEV. Qu’est-ce que vous avez à nous dire sur ce type de boîte ?
– Ce type de boîte, effectivement, a essuyé beaucoup de critiques. Il s’agit d’un choix technologique de la marque.
En revanche, la marque a été à l’écoute de ces réclamations et a beaucoup amélioré le système de transmission. On ne le sent presque plus grâce à la motorisation électrique. La transmission est beaucoup plus fluide et beaucoup plus douce et on sent beaucoup moins cette lenteur de la boîte CVT. Donc, je pense qu’elle sera beaucoup moins critiquée sur les modèles hybrides.
– La motorisation hybride du HR-V e:HEV est très innovante. Quelle place occupe plus généralement l’hybride électrique dans votre offre et aussi quelle est l’expertise technologique de Honda dans l’hybride ?
– Honda a choisi de faire un virage technologique il y a très longtemps pour réduire son empreinte environnementale, elle a abandonné le diesel qui est une technologie protectionniste purement européenne et elle s’est spécialisée dans les moteurs hybrides très tôt. La première hybride que nous avons vendue, nous l’avons vendue en 2014.
C’était l’insight. Elle a eu un franc succès auprès des amoureux de la marque, qui ont très vite fait confiance à une technologie qui, à l’époque, était très novatrice.
Honda est restée dans la lignée de cette technologie, elle a développé avec une longueur d’avance, je pense, son moteur hybride et elle offre une technologie assez particulière. Évidemment, elle est focus sur l’autorechargeable parce que l’offre est concentrée dans certains pays. L’équipement en électrique est encore loin et va être coûteux.
Donc, elle a préféré se spécialiser dans un hybride qui offre quand même une économie du thermique lorsque la batterie est vidée et très sollicitée.
Quant à la motorisation de l’HR-V e:HEV, c’est une motorisation qui offre trois modes de conduite. Un mode pur électrique qui est utile en ville, lors des démarrages, un mode hybride où le moteur thermique alimente la batterie et propulse le véhicule, et enfin, quand la voiture est sollicitée sur des longues distances et des fortes accélérations, c’est le moteur thermique qui prend le relais.
– Pour finir, pouvez-vous nous dire quels sont vos objectifs commerciaux concernant ce nouveau modèle et concernant Honda pour cette année ?
– Nos objectifs commerciaux sont à la mesure de notre présence sur le territoire. Il faut savoir que Honda est présente à Casa, à Marrakech, au Nord du pays. Nous n’avons pas une présence dans l’ensemble du territoire qui est importante, mais nos objectifs dépendent de cette présence-là.
On compte vraiment sur ce modèle pour être « game changer » parce qu’il est doté d’un prix très attractif (ndlr : 359.000 dh). Il est exactement au milieu du range de prix de la masse des consommateurs. Il est SUV et vous savez, tout le monde a shifté SUV. C’est désormais 45% du marché.
L’hybride aujourd’hui est en train de gagner 10 points chaque année sur le diesel. Au premier trimestre, nous sommes déjà à 74% de parts de marché du diesel, donc le diesel, vraiment, perd des parts.
J’espère que ce véhicule prendra les parts qu’il mérite au vu de sa fiabilité, de sa configuration et au vu du confort qu’il apporte sur cette nouvelle technologie, à savoir une batterie garantie 8 ans. Honda, ce sont des modèles fiables et la marque n’a pas peur d’offrir 8 ans de garantie ou 160.000 km.
En termes de ventes, cette année, c’est une année partielle. Peut-être 150, je dirais, parce qu’on commence en milieu d’année. On va le laisser s’installer, on va le pousser avec l’aide qu’il faut, médiatique, etc. Afin aussi de réinstaller la marque dans le top of mind des gens.
Elle revient maintenant dans un environnement complètement changeant. Il y a des nouvelles marques chinoises qu’on ne connaît pas. Et ça reste une marque japonaise fiable qui offre une alternative au diesel.
Elle va peut-être bénéficier de tout ça et peut-être qu’on sera surpris par les ventes.