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« #Khalih_3andek » : Nouveau mouvement de boycott contre la spéculation

Lancée sous le hashtag « Khalihandak » (Garde-le pour toi), cette initiative appelle au boycott des produits dont les prix ont connu une hausse jugée excessive et injustifiée, en particulier les denrées de première nécessité comme le poisson, les œufs et la viande.Détails.

En appelant au boycott, les initiateurs de  »#Khalih_3andek » espèrent jouer sur la mécanique de l’offre et de la demande. En réduisant collectivement la consommation de certains produits, les consommateurs cherchent à provoquer un rééquilibrage des prix par la baisse de la demande, un levier économique classique dans les économies de marché.

Ce type d’action s’appuie sur des récents précédents : les campagnes de boycott de 2018, visant certaines marques de lait, d’eau et de carburant, avaient démontré la capacité de mobilisation de l’opinion publique à peser directement sur les stratégies commerciales des entreprises. Toutefois, dans le cas actuel, la cible n’est pas une marque spécifique, mais plutôt un ensemble de filières agricoles et agroalimentaires entières, ce qui complique la lisibilité de l’impact potentiel.

En effet, »#Khalih_3andek » met en lumière les limites structurelles de la régulation des marchés agricoles au Maroc. Le rôle souvent opaque des intermédiaires, qui captent une part importante de la valeur ajoutée sans réelle transparence, est pointé du doigt. Cette situation révèle le manque d’encadrement des circuits de distribution et l’insuffisance des contrôles sur les marges commerciales, laissant la formation des prix largement livrée à la spéculation et aux déséquilibres locaux entre offre et demande.

Face à cette grogne populaire, le gouvernement a réagi en reconnaissant le poids excessif des intermédiaires dans la formation des prix. Toutefois, au-delà des déclarations, les consommateurs attendent des mesures concrètes, à la fois pour réduire les intermédiaires, renforcer les circuits courts et garantir une meilleure traçabilité des prix, de la production jusqu’au consommateur final.

Au-delà de la seule question des prix, cette mobilisation traduit un malaise social plus profond, nourri par la dégradation continue du pouvoir d’achat et la difficulté d’accéder à une alimentation de qualité à des prix abordables. Pour de nombreux ménages, la table du Ramadan devient le révélateur direct des inégalités économiques et des limites des politiques publiques en matière de sécurité alimentaire.

Cependant, si  »#Khalih_3andek »  s’inscrit dans la continuité des mouvements citoyens pour la justice économique, son évolution dépendra largement de la capacité des pouvoirs publics à reprendre la main sur la régulation des marchés. Faute de quoi, cette dynamique de contestation pourrait s’élargir, avec un risque accru de tensions sociales dans un contexte marqué par une faible reprise économique et des perspectives agricoles incertaines.

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