Un an de prison avec sursis a été requis mardi par la justice française contre l’influenceuse franco-algérienne Sofia Benlemmane, notamment poursuivie pour « menaces de mort » sur les réseaux sociaux contre des opposants au gouvernement algérien, dans un contexte de tensions entre Alger et Paris.
« La loi française vous autorise à vous exprimer en totale liberté, mais avec des limites », lui a lancé devant le tribunal correctionnel de Lyon (centre-est) le représentant de l’accusation, dénonçant des « propos particulièrement graves, haineux, n’ayant aucune place dans une démocratie ».
Début janvier, elle et trois influenceurs algériens avaient été interpellés pour avoir mis en ligne des contenus haineux envers la France tout en appelant à des actes violents. Mme Benlemmane est depuis placée sous contrôle judiciaire.
Suivie sur TikTok et Facebook par plus de 350.000 personnes, cette femme sans emploi de 54 ans s’est expliquée sur des propos tenus dans des vidéos, dont une où elle insulte en direct une autre femme en lui lançant « nique ta mère toi et ta France », « j’espère que tu seras tuée, j’espère qu’ils vont te tuer ».
À l’audience, où elle s’est présentée vêtue d’un t-shirt aux couleurs de l’Algérie, elle s’est justifiée en invoquant une « expression, une façon de parler ». « En aucun cas je n’avais l’intention de passer à l’acte », a-t-elle assuré. « Les mots ont dépassé mes pensées », a-t-elle plaidé.
« On lui prête une puissance intellectuelle, idéologique, et une influence qui ne sont pas les siennes », a aussi plaidé son avocat, Me Frédéric Lalliard, évoquant des « mots renvoyés à l’emporte-pièce » au cours de « discussions de gamines ».
« Et sans le contexte politique du moment, elle ne se serait jamais retrouvée devant un tribunal correctionnel », a-t-il souligné, Mme Benlemmane publiant des vidéos depuis plusieurs années sans avoir jamais été inquiétée.
Les relations entre la France et l’Algérie ne cessent de se dégrader depuis la reconnaissance en juillet dernier par le président français d’un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine proposé par Rabat pour le Sahara occidental, territoire au statut non défini selon l’ONU.
Le refus de l’Algérie d’accepter plusieurs ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français, dont l’auteur d’un attentat qui a fait un mort à Mulhouse (est de la France) le 22 février, a aggravé la situation.
Concernant les autres influenceurs, « Zazou Youssef », poursuivi pour avoir appelé sur TikTok à perpétrer des attentats en France et des violences en Algérie, a été condamné fin février à Brest à 18 mois de prison ferme assortis d’une interdiction du territoire français pendant dix ans.
« Doualemn » a lui été condamné en mars à Montpellier à cinq mois de prison avec sursis, après la diffusion d’une vidéo sur TikTok appelant à « donner une sévère correction » à un opposant au régime algérien.
La décision sera rendue le 15 avril.