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L’Intelligence Artificielle : Une Opportunité Historique pour le Maroc

L’intelligence artificielle (IA) est en train de transformer les sociétés et les économies du monde entier, et le Maroc ne peut se permettre de rester en marge de cette révolution technologique. Alors que le pays fait face à des défis de développement, l’IA offre une opportunité unique pour accélérer la croissance économique, renforcer la souveraineté numérique et promouvoir une inclusion sociale plus large. Voici les axes stratégiques et les actions prioritaires que le Maroc pourrait entreprendre pour devenir un acteur clé dans ce domaine.
 
Comprendre l’IA dans le contexte marocain
 
L’IA repose sur des avancées comme le deep learning et les modèles de transformation, qui ont révolutionné les applications numériques. Cependant, pour tirer parti de ces technologies, le Maroc doit investir dans le développement d’un écosystème local dynamique. Cela inclut les start-ups, les universités et les industries qui peuvent répondre aux besoins spécifiques du pays, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de la santé et de l’artisanat.
 
En parallèle, il est essentiel de protéger et valoriser les données linguistiques et culturelles marocaines, comme le darija et l’amazigh, en les intégrant dans des bases de données qui alimentent des modèles d’IA locaux.
 
 
Les enjeux stratégiques de l’IA au Maroc
 
1. Souveraineté numérique :
 
Le Maroc dépend fortement de technologies importées. Investir dans des infrastructures locales, comme des data centers et la production de semi-conducteurs, est crucial pour réduire cette dépendance.
 
2. Transformation économique et régionale :
Les douze régions du Maroc peuvent devenir des moteurs de l’innovation en IA, avec des pôles d’excellence répartis pour répondre aux besoins spécifiques de chaque région :
Tanger-Tétouan-Al Hoceïma : Secteurs industriels et logistiques.
L’Oriental : Développement agricole et gestion des ressources naturelles.
Fès-Meknès : Artisanat et préservation du patrimoine culturel.
Rabat-Salé-Kénitra : Technologies de l’information et administration publique.
Casablanca-Settat : Centre économique et financier, avec des start-ups innovantes.
Marrakech-Safi : Tourisme intelligent et gestion durable des ressources.
Béni Mellal-Khénifra : Agriculture intelligente et gestion de l’eau.
Drâa-Tafilalet : Énergies renouvelables et gestion des déserts.
Souss-Massa : Industrie agroalimentaire et logistique portuaire.
Guelmim-Oued Noun : Agriculture durable et inclusion sociale.
Laâyoune-Sakia El Hamra : Énergies renouvelables et pêche intelligente.
Dakhla-Oued Ed Dahab : Développement maritime et logistique.
 
En exploitant les atouts spécifiques de chaque région, le Maroc peut créer un réseau d’innovation adapté aux besoins locaux tout en renforçant la compétitivité nationale.
 
3. Inclusion sociale :
 
L’IA doit être un levier pour inclure les populations marginalisées, en proposant des outils adaptés et accessibles en arabe et en amazigh.
 
Gouvernance et régulation de l’IA : Une stratégie nationale indispensable
 
Pour réussir cette transition, le Maroc doit élaborer une stratégie nationale coordonnée, impliquant les différents ministères, le secteur privé et les universités. Cette stratégie doit inclure :
 
Des cadres réglementaires favorisant l’innovation tout en garantissant une utilisation éthique des données.

 

Des collaborations internationales pour accéder aux ressources technologiques et aux connaissances de pointe.
 
Les partenariats régionaux avec l’Afrique et l’Europe, ainsi que les relations bilatérales avec des pays technologiquement avancés, seront essentiels pour accélérer ce développement.
 
Cinq actions prioritaires pour le Maroc
 
1. Former les talents :
 
L’éducation à l’IA doit être accessible à tous : des écoliers aux professionnels en passant par les artisans. Les contenus pédagogiques doivent être localisés et adaptés aux besoins spécifiques des différents secteurs.
2. Créer des pôles régionaux d’innovation :
 
Les 12 régions marocaines doivent être impliquées activement dans la création de pôles spécialisés, en tirant parti de leurs ressources locales uniques.
 
3. Investir dans la recherche locale :
 
Le Maroc doit développer des projets liés à l’agriculture intelligente, à la santé numérique et à la préservation du patrimoine culturel.
 
4. Valoriser la culture et la langue marocaines :
 
Créer des bases de données en darija et en amazigh permettra de préserver l’identité culturelle tout en enrichissant les modèles d’IA locaux.
 
5. Mobiliser le secteur privé :
Des partenariats public-privé sont nécessaires pour cofinancer des projets d’IA et intégrer ces technologies dans les industries stratégiques.
 
Défis à relever
 
Malgré les opportunités, des obstacles demeurent, notamment le manque d’infrastructures techniques, la faible sensibilisation du public et des décideurs, ainsi que l’absence de cadres réglementaires adaptés. Ces défis nécessitent une action rapide et coordonnée pour ne pas freiner l’élan.
 
Une vision pour l’avenir
 
L’intelligence artificielle représente bien plus qu’une avancée technologique : elle est une opportunité historique pour le Maroc de se positionner comme un leader en Afrique et au-delà. En combinant une stratégie nationale ambitieuse, des actions concrètes et des partenariats solides, le pays peut transformer ses défis en leviers de développement.
 
Le moment est venu pour le Maroc de s’engager pleinement dans cette révolution numérique et de construire un avenir où l’IA devient un outil au service du progrès social, économique et culturel.
 
Par Dr Az-Eddine Bennani, spécialiste du numérique et de l’intelligence artificielle depuis plus de 40 ans.

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