Marrakech Air Show-2024 : l’Industrie aéronautique prend son envol à grande vitesse !

Le « Marrakech Air Show-2024 » est une aubaine pour l’industrie aéronautique marocaine qui ne cesse d’attirer les champions internationaux. Résultat de la politique des incitations “sur mesure”. Détails.

 

L’effervescence aéronautique continue. La visite du président Emmanuel Macron au Maroc a donné un coup d’accélérateur à ce secteur sur lequel parie fortement le Royaume dans son élan d’industrialisation.

 

Le géant français Safran va désormais maintenir et réparer ses moteurs vedettes “LEAP” à Casablanca où il implantera un atelier d’ici 2026, tel que prévu dans le contrat signé lors de la visite présidentielle en vertu duquel la société française investit 1,3 MMDH.

 

Un pas en avant pour une meilleure intégration locale de l’industrie marocaine qui produit désormais une grande partie des pièces utilisées dans l’aviation civile. Ce projet a été complètement scellé lors de la 7ème édition du Salon International de l’Aéronautique et du Spatial « Marrakech Air Show-2024 » avec la signature des contrats connexes.

 

Un premier mémorandum d’entente a été signé par Jean-Paul Alary, Président de Safran Aircraft Engines, et la Directrice générale du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS), Maria El Filali. Il vise à former des techniciens et des mécaniciens au niveau de l’atelier de maintenance existant (Safran Aircraft Engine Services Morocco 2) avec Royal Air Maroc.

 

Selon un communiqué conjoint, cet accord se concrétisera dès le premier trimestre 2025 avec la formation d’une série de stagiaires, dont le nombre varie entre 60 et 100 par an. “Ces derniers bénéficieront d’infrastructures existantes ou en développement au sein d’instituts de formation de premier plan”, explique la même source.

 

L’assiette foncière est d’ores et déjà mobilisée pour accueillir la future unité de maintenance, qui sera installée sur un terrain d’une superficie d’environ 6 hectares. La vente d’un terrain a été actée dans un accord de vente signé entre la société française et la CDG. Le nouvel atelier sera construit dans la zone franche Midparc, située dans la zone aéroportuaire de Casablanca. Un projet immobilier associé a été confié à Midparc.

 

En somme, cette unité va générer 600 emplois avec une capacité de maintenance de 150 moteurs par an. Le choix de la délocalisation n’est pas fortuit. Safran veut, en réalité, optimiser sa chaîne de production. Grâce à cette implantation, le Maroc sera une base de maintenance des moteurs LEAP destinés particulièrement aux compagnies aériennes situées en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe.

 

Le géant français est présent au Maroc depuis 24 ans, à travers neuf sites industriels, et œuvre dans plusieurs domaines, tels que le câblage, l’assemblage des sous-ensembles de nacelles d’avion et la production d’équipements avioniques et électroniques, de systèmes de carburant et de fluides pour avions et hélicoptères. La société emploie environ 4100 collaborateurs, dont une partie de femmes.

 

Le Maroc diversifie ses partenaires

 

En plus de la technologie française, le Maroc diversifie ses partenaires. Le Marrakech Air Show a été l’occasion de conclure un contrat de grande envergure avec un des champions de l’industrie brésilienne, Embraer, avec qui le gouvernement marocain s’est allié pour lancer des projets communs dans l’aviation commerciale, de la défense et de la mobilité aérienne urbaine.

 

Le deal est simple et consiste à mettre en place un écosystème industriel qui sera concrétisé progressivement en partant de la formation vers la maintenance avant d’aboutir à la recherche et le développement et l’aviation durable. Une fois achevé, cet écosystème devrait générer 300 millions de dollars et 300 emplois d’ici 2030, avant d’atteindre 1 milliard de dollars et 1000 emplois cinq ans plus tard.

 

 

Jouer la carte de la formation

 

 

Dans la foulée de ce chantier d’amplification du secteur aéronautique, le Maroc mise désormais sur le développement des métiers et des compétences marocaines. En témoigne la création d’un centre de recherche en fabrication avancée en partenariat avec Boeing, baptisé « The Africa Center for Manufacturing Excellence » (ACME). Fruit d’une collaboration entre l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) et Boeing, ce projet a été acté dans un accord signé par le ministre de l’Industrie et du Commerce, M. Ryad Mezzour, le ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé de l’Administration de la Défense Nationale, M. Abdellatif Loudiyi, et le président de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), Hicham El Habti, en marge du Salon aéronautique à Marrakech. Le Marrakech Air Show est, aux yeux du Maroc, « une vitrine pour exposer l’excellence de la formation marocaine dans les métiers de l’aéronautique ». “C’est une plateforme majeure pour mettre en lumière les réussites du dispositif de formation marocain”, explique le ministère de l’Industrie et du Commerce dans une note, dont “L’Opinion” détient copie, ajoutant que cet événement a pour vocation de promouvoir les talents formés localement et d’attirer de nouveaux investissements.

 

 

Le Maroc veut doubler les emplois d’ici 2030

 

 

Investir dans le capital humain est désormais érigé en priorité. Le Maroc compte d’ici 2030 doubler le nombre d’emplois dans le secteur aéronautique, selon le ministre de l’Industrie et du Commerce, qui a fait part de la capacité du Royaume à produire n’importe quelle pièce d’avion grâce aux progrès de son industrie durant ces dernières années. C’est le fruit de la politique de “formation sur mesure” dont le but est de fournir une main-d’œuvre et des compétences hyper-qualifiées pour répondre aux besoins des investisseurs étrangers.

 

“Des infrastructures de formation modernes et spécialisées, dont l’Institut des Métiers de l’Aéronautique (IMA) à Casablanca et l’Institut Spécialisé dans les Métiers de l’Aéronautique et de la Logistique Aéroportuaire (ISMALA), ont été en effet mises en place pour répondre aux besoins croissants des opérateurs locaux et internationaux du secteur”, explique une note le Département de Ryad Mezzour, dont « L’Opinion » détient copie.

 

Le document insiste sur le rôle vital de l’IMA qui a été conçu pour “former des opérateurs et des techniciens aux métiers de l’usinage, de l’assemblage et de la maintenance des pièces et sous-ensembles aéronautiques”. “L’IMA joue un rôle fondamental dans l’adéquation entre l’offre de compétences et les besoins des entreprises implantées au Royaume, telles que Safran, Airbus, Daher et bien d’autres”, poursuit la même source, qui explique que les lauréats de cet Institut sont prêts à intégrer les chaînes de production des grandes entreprises aéronautiques dès la fin de leur formation.

 

La formation de l’IMA, rappelle le ministère, est alignée sur les standards internationaux et fonctionne en synergie avec la plateforme aéronautique marocaine, notamment l’aéropole de Casablanca et la zone d’accélération industrielle « Midparc », où les entreprises peuvent s’implanter et trouver immédiatement des ressources humaines adaptées à leurs besoins.

 

De son côté, l’Institut Spécialisé dans les Métiers de l’Aéronautique et de la Logistique Aéroportuaire (ISMALA) demeure également un des piliers de l’offre marocaine. Installé à Nouaceur, en partenariat avec les acteurs clés du secteur, cet établissement propose des formations diversifiées, diplômantes et qualifiantes, axées sur des compétences opérationnelles.

 

A cela s’ajoutent d’autres établissements académiques, tels que l’Ecole Mohammadia des Ingénieurs, l’Université Internationale de Rabat et le réseau des Ecoles Nationales des Sciences Appliquées, qui proposent des cursus dans des disciplines pointues, comme l’aérodynamique, la conception structurelle, la maintenance aéronautique et la gestion de projets complexes.

 

 

 

 

 

 

Encadré

 

Export

 

L’aéronautique réalise une croissance inédite en 2024

 

Le Maroc espère atteindre 25% d’intégration en 2025, selon les objectifs du Plan d’accélération industrielle 2021-2025. Un tel idéal est désormais réalisable à court terme, tant que le Royaume est parvenu à atteindre un taux d’intégration sectoriel supérieur à 40%, actuellement. Une performance qui permet, aujourd’hui, au Maroc de se classer 26ème à l’échelle mondiale en 2023. Ce secteur, rappelons-le, est un des leviers de l’export avec un volume de 23 milliards de dirhams enregistrés l’année dernière. Force est de constater que la valeur d’exportations a été multipliée par trois entre 2013 et 2023. Les exportations aéronautiques ont enregistré un nouveau record avec une croissance de 21% à fin août 2024.

 

 

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