Le président Donald Trump a déclaré, mardi, que «les États-Unis prendront le contrôle de la bande de Gaza», peu après avoir suggéré une réinstallation permanente des Palestiniens en dehors du territoire. «Les États-Unis prendront le contrôle de la bande de Gaza, et nous allons en faire quelque chose», a-t-il affirmé.
Interrogé sur un éventuel envoi de troupes américaines dans la bande de Gaza, il a répondu : «Si c’est nécessaire, nous le ferons».
«Nous allons prendre le contrôle de cette zone, la développer, créer des milliers et des milliers d’emplois, et ce sera une réalisation dont tout le Moyen-Orient pourra être fier», a-t-il ajouté.
Trump a également affirmé qu’il envisage une «possession à long terme» de la bande de Gaza par les États-Unis.
«Je vois une position de propriété à long terme, et je pense qu’elle apportera une grande stabilité à cette région du Moyen-Orient, voire à l’ensemble du Moyen-Orient… Cette décision n’a pas été prise à la légère. Toutes les personnes avec qui j’ai discuté adorent l’idée que les États-Unis possèdent cette parcelle de terre», a-t-il déclaré.
«J’ai étudié cette question de très près pendant de nombreux mois, sous tous les angles possibles. C’est un endroit extrêmement dangereux, et la situation ne fera qu’empirer. Je pense que cette idée a reçu d’énormes éloges, et je parle ici des plus hauts niveaux de leadership. Si les États-Unis peuvent contribuer à apporter stabilité et paix au Moyen-Orient, nous le ferons».
Interrogé sur le fait de savoir si cela signifie qu’il ne soutient pas une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien, Trump a répondu : «Cela ne signifie rien concernant une solution à deux États, un État unique ou tout autre État. Cela signifie que nous voulons donner aux gens une chance de vivre».
«Ils n’ont jamais eu de véritable chance, car la bande de Gaza a toujours été un enfer pour ceux qui y vivent», a-t-il ajouté.
Interrogé sur qui vivra à Gaza si les Palestiniens quittent le territoire, Trump a répondu : «Les peuples du monde».
«Je pense que vous pouvez transformer cet endroit en une zone internationale incroyable. Le potentiel de la bande de Gaza est extraordinaire», a-t-il affirmé.
«Je pense que le monde entier, avec des représentants de divers pays, sera là et vivra là-bas… Les Palestiniens y vivront. Beaucoup de gens y vivront».
Trump a ajouté que la bande de Gaza deviendra «la Riviera du Moyen-Orient», affirmant : «Nous avons une opportunité de réaliser quelque chose de phénoménal».
La proposition controversée de Trump a suscité une vague de condamnations, beaucoup la qualifiant de «nettoyage ethnique» et de «crime de guerre».
La Jordanie et l’Égypte, ainsi que plusieurs pays de la région et européens, dont le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, ont fermement rejeté le projet de relocalisation de Trump.
L’organisation de libération de la Palestine (OLP) a rejeté mercredi tout projet de transfert « du peuple palestinien hors de sa patrie ». La direction palestinienne « affirme son rejet de tous les appels au déplacement du peuple palestinien hors de sa patrie. Ici nous sommes nés, ici nous avons vécu et ici nous resterons », déclare Hussein Sheikh, secrétaire général de l’l’OLP dans un message sur son compte X.
Hamas, par la voix de son porte-parole, Abdel Latif al-Qanou, a dénoncé mercredi les propos « racistes » et alignés sur « l’extrême droite israélienne » de Donald Trump, qui a dit vouloir prendre « le contrôle » de la bande de Gaza alors qu’ont repris les négociations sur la poursuite de la trêve.
De son côté, la Chine a dit mercredi s’opposer au déplacement « forcé » des Palestiniens de la bande de Gaza. « La Chine a toujours soutenu le fait qu’une gouvernance palestinienne sur les Palestiniens était le principe de base de la gouvernance d’après-guerre de Gaza et nous sommes opposés au transfert forcé des habitants de Gaza », a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian.
Ryad écarte toute normalisation avec Israël sans la création d’un Etat palestinien, a indiqué mercredi la diplomatie saoudienne, peu après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit penser qu’un accord allait « se faire ».
« L’Arabie saoudite poursuivra sans répit ses efforts pour l’établissement d’un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale et n’établira pas de relations diplomatiques avec Israël sans cela », a déclaré le ministère saoudien des Affaires étrangères sur X.
« Je pense qu’une paix entre Israël et l’Arabie saoudite n’est pas seulement faisable, je pense qu’elle va se faire », avait pourtant expliqué Netanyahu quelques heures plus tôt, lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche avec le président américain Donald Trump.
Trump, comme son prédécesseur démocrate Joe Biden, a poussé pour l’établissement de relations diplomatiques entre Ryad et Israël. Mais l’Arabie saoudite a suspendu les discussions rapidement après le début de la guerre à Gaza et haussé le ton au fil des hostilités.
Le gouvernement Netanyahu reste opposé à la « solution à deux Etats », un projet de règlement du long conflit israélo-palestinien prévoyant la création d’un Etat palestinien.