Les Marocains font face à une hausse constante des prix des légumes, ce qui fragilise leur budget quotidien et rend l’accès aux produits essentiels de plus en plus difficile.
Dans le marché Al-Massira à Agadir, la réalité des prix s’impose sans détour. Les tomates, ingrédient phare des plats marocains, atteignent désormais 10 dirhams le kilo. Les poivrons, eux aussi, affichent 10 dirhams, tandis que les concombres et les oranges se vendent à 8 dirhams. Ces tarifs, bien au-dessus de ceux pratiqués les années précédentes, soulignent une tendance inflationniste alarmante. « La tomate était très bon marché en octobre et novembre grâce à des températures favorables. Cependant, la chute brutale de la production en janvier, combinée à l’apparition du virus agressif ToBRFV affectant plusieurs cultures, a inversé la tendance, entraînant une hausse des prix », explique Aarab Omar, agriculteur et producteur des fruits et légumes de la province de Chtouka-Aït Baha, dans la région de Souss-Massa.
Pour les consommateurs, cette hausse significative menace leur capacité à se procurer les produits indispensables, surtout à l’approche d’un mois où la consommation augmente considérablement.
«Les agriculteurs ne parviennent pas à maîtriser certains virus qui affectent la production, et ces derniers ont gagné en agressivité ces dernières années», rappelle Aarab Omar. De plus, l’absence de plateformes agricoles modernes aggrave la situation. Ces infrastructures permettraient de réduire les marges ajoutées par les intermédiaires et de limiter l’impact de la spéculation sur les prix.
Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, les coûts de production des légumes ont augmenté, notamment en raison de la sécheresse persistante et des fluctuations des prix des intrants agricoles. À cela s’ajoutent des charges logistiques et énergétiques qui ont également pesé sur la chaîne d’approvisionnement. Les commerçants, de leur côté, justifient ces hausses par l’intensification de la demande à l’approche du Ramadan, une période où les habitudes de consommation subissent une forte pression saisonnière.
Il est important de noter que la hausse des prix durant le Ramadan n’est pas un phénomène nouveau. Chaque année, une demande accrue sur certains produits alimentaires, souvent liés à la préparation des repas traditionnels de cette période, entraîne une augmentation des prix. Cependant, cette année, la situation semble être exacerbée par un ensemble de facteurs économiques, y compris les augmentations des coûts de production, des frais de transport, ainsi que les effets des conditions climatiques défavorables qui ont impacté l’agriculture nationale. Les conséquences de ces augmentations se font sentir directement sur les ménages, qui se voient contraints de revoir leurs priorités. De nombreuses familles déclarent ne plus pouvoir remplir leurs paniers comme avant, même pour les produits de base. Ce sentiment d’impuissance face à une inflation constante s’ajoute à un climat économique déjà difficile pour les classes populaires et moyennes.
Notre interlocuteur insiste : «Le circuit de distribution est un véritable problème. Les produits passent par trop d’intermédiaires, ce qui gonfle considérablement les prix». Il propose la mise en place de circuits courts où les agriculteurs pourraient vendre directement aux consommateurs, permettant ainsi de réduire les coûts.
Alors que le Ramadan approche, cette situation pose des questions sur l’accessibilité des produits alimentaires essentiels et sur les mécanismes de régulation des marchés. La hausse des prix, bien qu’en partie attribuable à des facteurs structurels et conjoncturels, nécessite une réponse proactive des autorités pour limiter l’impact sur les ménages les plus vulnérables. Une meilleure régulation des circuits de distribution et un contrôle accru contre les spéculations pourraient contribuer à stabiliser les prix durant cette période critique.
Comment le virus affecte-t-il la production agricole et quelles solutions pourraient soutenir les agriculteurs ?
Les agriculteurs doivent repenser leurs cycles de production. Par exemple, ils pourraient commencer à planter dès juillet ou août pour garantir une offre suffisante au printemps. Cela éviterait une pénurie et une flambée des prix en mars, avril ou mai. Mais pour cela, ils ont besoin de solutions concrètes et d’un soutien.
Comment simplifier le circuit de distribution pour réduire les coûts et stabiliser les prix ?
Pour réduire cette influence, il faut mettre en place des marchés modernes où les agriculteurs peuvent directement vendre leurs produits. Cela limiterait le rôle des intermédiaires et permettrait de stabiliser les prix. Si un agriculteur pouvait récolter, transporter et vendre directement, cela changerait la donne. Il est crucial de créer des plateformes agricoles modernes où les producteurs peuvent distribuer leurs récoltes sans intermédiaires. Ces plateformes pourraient inclure des infrastructures pour le stockage, la distribution et la vente directe. Cela permettrait de réduire les coûts liés aux intermédiaires et de garantir des prix accessibles pour les consommateurs.