La saudade s’empare de Rabat. Le Fado Festival revient, faisant vibrer le Théâtre Mohammed V. Cette année, Beatriz Felício et Matilde Cid incarnent avec brio l’âme portugaise en musique.
Dans l’écrin somptueux du Théâtre National Mohammed V à Rabat, la nuit du 25 septembre a fait vibrer les mélomanes au rythme des mélodies lancinantes du fado. Pour la septième année consécutive, le Maroc accueille ce festival itinérant, véritable ambassadeur de l’âme portugaise à travers le monde.
Depuis sa création à Madrid, le Fado Festival n’a cessé de grandir, touchant les cœurs et les esprits dans 18 grandes villes, de l’Europe à l’Asie, en passant par l’Afrique et l’Amérique Latine. Cette 14ème édition mondiale promet, une fois de plus, de transporter le public dans les ruelles escarpées de Lisbonne, là où résonnent les échos d’un Portugal éternel.
Cette année, deux voix emblématiques du fado contemporain se partageront l’affiche, chacune incarnant à sa manière la richesse et l’évolution de cet art séculaire.
Beatriz Felício, enfant de Lisbonne, porte en elle l’essence même du fado traditionnel. Sa voix profonde, capable de faire resurgir les fantômes du passé, s’allie à une sensibilité résolument moderne. Sur scène, son charisme et sa présence magnétique captivent le public, l’entraînant dans un voyage émotionnel intense. Beatriz n’interprète pas simplement le fado, elle le réinvente, lui insufflant une vie nouvelle sans jamais trahir ses racines.
À ses côtés, Matilde Cid incarne la nouvelle vague du fado. Originaire de Coimbra, cette jeune artiste marie avec brio l’héritage culturel portugais et les sonorités contemporaines. Sa voix envoûtante semble tisser un pont entre les générations, rappelant que le fado, loin d’être figé dans le passé, est un art vivant en constante évolution. Matilde Cid ne se contente pas de perpétuer une tradition ; elle l’enrichit, y apportant sa touche personnelle et sa fraîcheur juvénile.
Le Fado Festival, bien plus qu’un simple événement musical, est une invitation au voyage. Pendant deux soirs, le public marocain a le privilège de plonger dans l’univers de la saudade, ce sentiment si portugais mêlant mélancolie et espoir. Les murs du Théâtre National Mohammed V résonnent, cette année encore, sous les accords de guitares portugaises, portant les voix puissantes et émues de Beatriz et Matilde.
Ainsi, dans un monde en perpétuel mouvement, le fado nous rappelle l’importance de nos racines, de nos émotions, de notre humanité partagée. Il nous parle d’amour, de perte, de joie et de peine, dans un langage universel qui transcende les frontières.
Rabat ne peut que se réjouir de voir le Maroc continuer à jouer son rôle de carrefour culturel, où les traditions se rencontrent et dialoguent.
Que vous soyez un aficionado du fado ou un novice curieux, ne manquez pas ce rendez-vous unique. Jusqu’à la soirée du 26 septembre, laissez-vous emporter par la magie du fado, et qui sait, peut-être repartirez-vous avec un peu de saudade dans le cœur.