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Rapport NDMC-UNCCD : Radiologie des sévères impacts de la sécheresse sur l’agriculture et l’élevage

La sécheresse au Maroc a des impacts alarmants, notamment une baisse de 38% du cheptel ovin. Les secteurs de l’agriculture et de l’élevage sont particulièrement vulnérables face à la rareté de l’eau.

Le Maroc est identifié comme l’un des « points chauds » mondiaux de la sécheresse par un rapport élaboré conjointement par le U.S. National Drought Mitigation Center (NDMC) et la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (UNCCD). Intitulé « Points chauds de sécheresse à travers le monde 2023-2025 », ce rapport, récemment publié, met en lumière les conséquences dévastatrices de la sécheresse, intensifiées par le changement climatique et une pression croissante sur les ressources en terre et en eau, entraînant des crises alimentaires, hydriques et énergétiques. Par conséquent, il est essentiel de prendre des mesures pour atténuer ces effets.

Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de l’UNCCD, a qualifié la sécheresse de « tueur silencieux » qui « s’insinue, épuise les ressources et dévaste des vies à petit feu ». En outre, il a souligné que la sécheresse n’est plus une menace lointaine, mais une réalité grandissante qui exige une coopération mondiale urgente.

De son côté, Mark Svoboda, directeur du NDMC, a décrit la situation comme une « catastrophe mondiale à évolution lente, la pire qu’il ait jamais vue ». 

De plus, les pays méditerranéens, dont le Maroc, sont considérés comme des indicateurs précoces des défis économiques posés par la sécheresse, relève le rapport. En effet, les difficultés rencontrées par l’Espagne, le Maroc et la Turquie pour assurer leur approvisionnement en eau, en nourriture et en énergie sous l’effet d’une sécheresse persistante offrent un aperçu des défis futurs liés à l’eau dans un scénario de réchauffement climatique incontrôlé.« Aucun pays, quelle que soit sa richesse ou sa capacité, ne peut se permettre d’être complaisant », avertit Mark Svoboda. Ainsi, il est crucial de prendre des mesures pour faire face à cette menace.
 

Des impacts concrets au Maroc
Au Maroc, les impacts concrets de la sécheresse sont alarmants. En effet, en 2025, le cheptel ovin a diminué de 38 % par rapport à 2016, ce qui a entraîné un appel royal à l’annulation des sacrifices traditionnels de l’Aïd Al-Adha. Cette donnée illustre la vulnérabilité de secteurs économiques vitaux comme l’agriculture et l’élevage face à la rareté de l’eau, estime le rapport. Par ailleurs, les impacts de la sécheresse sont particulièrement prononcés dans les zones climatiques sensibles, des régions déjà confrontées à des tendances de réchauffement, à des pressions démographiques et à des infrastructures fragiles.

L’événement El Niño de 2023-2024 a aggravé les effets du changement climatique, provoquant des conditions de sécheresse dans d’importantes zones agricoles et écologiques, selon le rapport, qui a été élaboré avec le soutien de l’International Drought Resilience Alliance (IDRA).

En conséquence, les sociétés et les écosystèmes vulnérables sont encore plus exposés aux risques liés à la sécheresse. 

Selon Kelly Helm Smith, directrice adjointe du NDMC, El Niño a « ajouté de l’huile sur le feu du changement climatique, aggravant les effets pour de nombreuses sociétés et écosystèmes vulnérables au-delà de leurs limites ».

Les effets de la sécheresse ne se limitent pas à l’environnement ; ils entraînent également des chocs économiques considérables. D’après Cody Knutson, qui supervise la recherche sur la planification de la sécheresse au NDMC, un épisode de sécheresse coûte aujourd’hui au moins deux fois plus cher qu’en 2000, avec une augmentation projetée de 35 % à 110 % d’ici 2035. Par conséquent, il est essentiel de prendre des mesures pour réduire les coûts économiques liés à la sécheresse. Elle a souligné que les « effets d’entraînement peuvent transformer des sécheresses régionales en chocs économiques mondiaux » et qu’« aucun pays n’est à l’abri lorsque les systèmes critiques dépendants de l’eau commencent à s’effondrer ».
 

Recommandations
Face à l’intensification des sécheresses, le rapport souligne la nécessité d’une collaboration mondiale pour protéger les populations et les écosystèmes les plus vulnérables. Il préconise des investissements urgents dans la préparation à la sécheresse, notamment en renforçant les systèmes d’alerte précoce et le suivi en temps réel de la sécheresse et de ses impacts. Le rapport recommande également l’adoption de solutions basées sur la nature, telles que la restauration des bassins versants et l’utilisation de cultures indigènes, ainsi que la mise en place d’infrastructures résilientes. Il insiste également sur l’importance d’une adaptation sensible au genre, garantissant que les femmes et les filles ne soient pas davantage marginalisées. 

Enfin, le rapport souligne la nécessité d’une coopération mondiale, en particulier pour la protection des bassins fluviaux transfrontaliers et des routes commerciales, afin de faire face aux défis posés par les sécheresses. Le Maroc, en tant que pays directement touché par ces défis, est appelé à jouer un rôle central dans cette mobilisation mondiale pour bâtir un avenir plus résilient face à la sécheresse.

Les opérateurs marocains de l’agroalimentaire prospectent le marché US
Du 22 au 28 juin, une délégation marocaine a effectué une mission commerciale aux États-Unis, organisée par la National Association of State Departments of Agriculture (NASDA), pour renforcer les liens agricoles et explorer de nouvelles opportunités commerciales. Cette mission fait suite à une visite de la NASDA au Maroc en janvier 2024. La délégation a visité des fermes modèles, rencontré des responsables agricoles et participé à des sessions sur l’innovation agricole américaine, notamment en biotechnologie et en agriculture durable.

Les discussions de la mission ont porté sur des priorités partagées telles que la sécurité alimentaire, l’intégration de l’Intelligence Artificielle dans l’agriculture, la résilience à la sécheresse et l’harmonisation réglementaire. Les participants ont également exploré les opportunités liées au développement des cultures de grande valeur, notamment les amandes, les fruits à coque et les agrumes, avec une table ronde spécifique organisée par l’Almond Board of California.

La composition de la délégation marocaine reflète l’importance de cette mission, incluant de hauts fonctionnaires de l’Autorité marocaine de sécurité alimentaire, ainsi que des dirigeants d’entreprises de premier plan telles que Stellar International Enterprises, AMA Holding, Moulins Atlantic et Mundiriz. La participation de représentants des départements agricoles du Kansas et du NouveauMexique, ainsi que de la Western U.S. Agricultural Trade Association, a enrichi les échanges. Cette mission a été le fruit d’une collaboration étroite entre le Service agricole étranger de l’USDA à Rabat, le département californien de l’Alimentation et de l’Agriculture et l’Almond Board of California, démontrant un engagement concerté pour renforcer les partenariats agroalimentaires entre le Maroc et les États-Unis. Cette coopération ouvre la voie à de nouvelles opportunités et à un renforcement des liens économiques entre les deux nations.

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