Face à la succession des revers diplomatiques et des camouflets inopinés dans le dossier du Sahara, une vague de scepticisme semble gagner les commentateurs en Algérie. Comme une illusion réconfortante vaut plus qu’une vérité amère, le président algérien, Abdelmajid Tebboune, persiste dans le déni. Sa dernière interview ave la presse locale en est la parfaite illustration. Détails.
Tension avec la France, crise avec l’Espagne, divorce avec les pays du Sahel… La liste des pays avec lesquels les Algériens ne sont pas fâchés s’allonge. D’où les innombrables doutes sur la pertinence des choix de la diplomatie algérienne, plus jamais dogmatique. Les revers diplomatiques semblent si difficiles à digérer que le régime se forge sa propre bulle où “tout va pour le mieux”. Un état d’esprit que résume parfaitement la dernière harangue médiatique du président Tebboune qui, paraît-il, ne peut s’empêcher de parler de la question du Sahara à chaque interview avec la presse.
Un exercice qu’il chérit tant et qui lui donne le malin plaisir de haranguer une poignée de journalistes soigneusement sélectionnés.
Le Raïs a préféré se réfugier dans le déni lorsqu’il a été interrogé implicitement sur la pertinence de ses choix diplomatiques sur le Sahara qui n’ont valu à son pays que des fâcheries successives et un isolement sans précédent. “Notre soutien à la cause sahraouie est une question de principe, je suis avec les faibles, je ne peux pas abandonner mes principes pour faire plaisir à quelqu’un”, a-t-il poursuivi, faisant le sempiternel parallèle sournois entre le séparatisme du Polisario et la cause palestinienne.
Le journaliste en face de lui se voit quand même obligé de lui faire remarquer que l’Algérie n’a rien gagné de ses choix dogmatiques au nom des principes dans un monde qui ne reconnaît que le pragmatique. La réponse présidentielle donne le vertige. Tous ceux qui ne partagent pas la position de l’Algérie sont des « impérialistes ». Une accusation que l’Algérie a pris soin, pourtant, de ne pas diriger contre les Etats-Unis lorsqu’ils ont réaffirmé tout récemment leur reconnaissance à la marocanité du Sahara par la voix du Secrétaire d’Etat, Marco Rubio. Ce qui en dit long sur les deux poids deux mesures d’Alger qui choisit son vocabulaire en fonction de la taille des adversaires.
Alors que le cercle des alliés du Polisario s’amenuise partout, y compris en Afrique, Abdelmadjid Tebboune vit, semble-t-il, encore dans un monde parallèle. Il a confié aux journalistes que plus de 50 pays, dont la moitié des pays africains, reconnaissent aujourd’hui’ la pseudo rasd. Un mensonge passé en direct à la télévision sans que quiconque puisse oser faire un fact-cheking.
Mais tout ça n’est que du folklore politique pour détourner l’attention de la gravité de la situation pour l’Algérie qui assiste, impuissante, au bal des reconnaissances internationales au plan d’autonomie. Juste depuis 2025, des pays africains influents à l’instar du Kenya et du Ghana ont soutenu le plan d’autonomie désavouant ainsi le Polisario après des années de soutien actif. La récente visite de l’ancien président sudafricain, Jacob Zuma, et son soutien à la marocanité du Sahara, ont eu l’effet d’un coup de tonnerre à Alger.
Mais, pour les hauts dignitaires algériens, dont Abdelmadjid Tebboune est l’exemple le plus instructif, la propagande vaut la vérité pourvu qu’on y croit. Mieux vaut une illusion réconfortante qu’une réalité amer ! Un réflexe digne des régimes à parti unique dont les vestiges semblent survivre dans l’esprit du régime actuel malgré la fausse promesse du pluralisme.
À Alger, ont sait pertinemment bien que le conflit s’approche d’un dénouement au Conseil de Sécurité où 3 puissances détentrices du droit de véto (Etats-Unis, France et Royaume-Uni) soutiennent officiellement la marocanité du Sahara avec la neutralité bienveillante de la Chine. La prochaine résolution, dont les Américains sont le porte-plume, s’annonce décisive pour un conflit artificiel qui n’a que trop duré.