Désireux de clore le conflit du Sahara, les Etats-Unis veulent entamer une médiation entre le Maroc et l’Algérie dont le régime se retrouve acculé face à la pression américaine. Décryptage.
Fidèle à sa doctrine de paix par la force, le président Donald Trump exerce sa vision chaque jour en appelant à mettre fin aux conflits inutiles. Aux yeux des Républicains au pouvoir à la Maison Blanche, il faut que les Etats Unis pèsent de tout leur poids, quitte à exercer le maximum de pression pour répandre la “Pax Americana”. Raison pour laquelle il est urgent de résoudre une fois pour toutes les conflits gelés hérités de l’époque Biden, dont la guerre en Ukraine.
Cela vaut aussi pour le conflit du Sahara auquel les Américains veulent mettre un terme le plus rapidement possible, alors qu’on s’approche du 50ème anniversaire d’un conflit qui n’a que trop duré aux yeux de la majeure partie de la communauté internationale.
Maintenant, Washington pousse vers une solution rapide sur la base du plan d’autonomie qui doit être la base de toute négociation future, quitte à convaincre les parties au conflit avec tous les moyens possibles, y compris la pression, notamment l’Algérie. Cette mission incombe au Conseiller spécial pour l’Afrique du Président américain, Massad Boulos, qui s’apprête à effectuer une tournée au Maghreb où il visitera à la fois le Maroc et l’Algérie.
L’émissaire de Monsieur Trump !
D’origine libanaise, ce diplomate, parfaitement arabophone, a l’oreille du locataire de la Maison Blanche qui lui fait confiance pour obtenir l’adhésion des parties concernées au plan d’autonomie. La mission semble ardue mais tout est possible, à voir la détermination du président Trump et sa capacité à imposer son agenda en dehors de la rhétorique diplomatique.
Les Américains placent désormais la barre très haut : ils veulent une détente entre le Maroc et l’Algérie. Massad Boulos a été chargé d’entamer des bons offices entre les deux pays afin d’aboutir à un règlement définitif du conflit. C’est ce qu’il a fait savoir dans une interview accordée à la chaîne arabe «Al-Hadath».
Le Conseiller américain, qui multiplie les déclarations médiatiques pour préparer les protagonistes à sa prochaine visite, a indiqué qu’il effectuera une tournée où il abordera la question du Sahara qui, selon lui, a duré trop longtemps. “Ce dossier est vieux d’une cinquantaine d’années”, a-t-il déploré, rappelant que les Etats-Unis jugent qu’il faut aller rapidement vers une solution qui soit acceptée par les parties, notamment l’Algérie à laquelle il a fait allusion.
“Nous espérons sincèrement qu’il y ait de bonnes relations de bon voisinage entre le Maroc et l’Algérie qui ne traversent pas leur meilleure période, comme tout le monde le constate”, a-t-il poursuivi, rappelant que le fait que le Maroc soit un allié majeur des Etats-Unis dans la région n’empêche pas de trouver des compromis avec l’Algérie.
M. Boulos a présenté les choses aussi clairement que possible. Les Etats-Unis cherchent à pousser toutes les parties à négocier une solution sur la base du plan d’autonomie que Washington considère comme l’unique solution imaginable pour le conflit. A cet égard, le diplomate a rappelé la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara telle que réitérée par le Secrétaire d’Etat, Marco Rubio, lors de sa rencontre avec son homologue marocain, Nasser Bourita. Une position que M. Boulos a pris soin de réitérer une nouvelle fois sur un ton péremptoire dans une interview accordée à Medi1. “La position américaine est claire et sans équivoque”, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il s’agit de la même position exprimée par le Président Donald Trump à Sa Majesté le Roi Mohammed VI au sujet de la reconnaissance pleine et entière par les Etats-Unis d’Amérique de la souveraineté du Maroc sur le Sahara et du soutien américain au plan d’autonomie présenté par le Maroc comme solution à ce différend.
Finir le job !
Selon lui, le règlement définitif du conflit demeure une priorité dans l’agenda de l’Administration Trump. « C’était le cas en 2020 mais le temps ne suffisait pas à l’époque pour parachever le processus », a-t-il rappelé, faisant ainsi allusion à la parenthèse de la présidence de Joe Biden. Bien qu’il ait conservé la reconnaissance américaine, l’ancien président n’est pas allé jusqu’au bout en se contentant d’un soutien timide au plan d’autonomie.
Maintenant, l’objectif de l’Administration américaine est de ramener l’Algérie à la table des négociations, ce qui n’a pas eu lieu depuis les tables rondes en 2019. Tous les efforts inlassables des Nations Unies pour ressusciter ce format ont été voués à l’échec face au refus du régime algérien qui veut à tout prix éviter d’être désigné comme partie principale au conflit.
L’Algérie dans l’impasse
Face à la pression américaine, l’Algérie observe un silence assourdissant depuis des semaines. Sa diplomatie s’est contentée d’un communiqué d’une politesse pusillanime lorsque le Secrétaire d’Etat Marco Rubio a réitéré la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara. Contrairement à la France contre laquelle les Algériens ont réagi violemment, les Etats-Unis demeurent trop puissants pour se dresser sur leur chemin.
Alger a tenté à maintes reprises d’amadouer l’Administration Trump, en signant un accord de coopération militaire et en offrant de brader ses terres rares. “The sky is the limit”, la fameuse formule de l’ambassadeur algérien, Sabri Boukadoum, n’aura finalement servi à rien, l’alliance maroco-américaine étant intouchable.
La trajectoire irréversible
La déclaration de Boulos intervient quelques jours après la réunion à huis clos du Conseil de Sécurité où l’émissaire onusien, Staffan de Mistura, a appelé à entamer des négociations dans les trois prochains mois en demandant au Maroc de détailler le plan d’autonomie. Quelques jours plus tôt, l’émissaire onusien avait reçu un message clair de la part de Washington sur son soutien sans équivoque à la marocanité du Sahara. L’émissaire onusien a dû se rendre à l’évidence en prenant acte du soutien de plus de 110 pays, dont 24 Etats européens, au plan d’autonomie. Raison pour laquelle il a appelé, durant cette réunion, à tirer profit de la dynamique de soutien international en faveur de l’initiative d’autonomie pour trouver une solution rapide. Maintenant, tout dépend de la prochaine réunion du Conseil de Sécurité en octobre prochain, qui s’annonce décisive d’autant que les appels se multiplient à Washington pour dissoudre la MINURSO. La prochaine Résolution devrait être de bon augure au moment où le Maroc s’attend à un dénouement positif, à en croire les déclarations optimistes de l’ambassadeur du Royaume à l’ONU, Omar Hilale. Il a déclaré au micro de Medi1, au lendemain de la réunion à huis clos du Conseil de Sécurité, qu’il souhaite que le 50ème anniversaire de la Marche Verte soit l’occasion de célébrer la fin du conflit.