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Secteur ferroviaire : Le Maroc mise sur le rail pour booster son économie

Le secteur ferroviaire marocain est en pleine expansion avec le « Plan Rail Maroc 2040 », qui prévoit un investissement de 34,7 milliards d’euros pour étendre le réseau et renforcer l’intégration territoriale. Le plan inclut aussi l’acquisition de 168 nouveaux trains ainsi que la construction de liaisons ferroviaires pour les ports et les aéroports.


Le secteur du design, de la construction et de la maintenance des infrastructures ferroviaires au Maroc, qu’il s’agisse de réseaux urbains (tramway) ou interurbains (chemin de fer), est en pleine expansion, selon une nouvelle étude publiée conjointement par « ICEX Exportación e Inversiones » et « l’Oficina Económica y Comercial » de l’ambassade d’Espagne à Rabat. Intitulée « Infrastructures et équipements ferroviaires au Maroc », le rapport présente, en effet, les principaux projets mis en œuvre, ces dernières années, ainsi que ceux qui sont prévus ou en cours d’exécution.
 
« Le transport ferroviaire au Maroc a une longue tradition, débutée en 1925 avec la mise en service du premier train pendant la période du protectorat. L’Office National des Chemins de Fer (ONCF) a été créé le 1er janvier 1963, par la fusion de trois concessions ferroviaires historiques », indique le document, publié le 20 juin.
 
En ce qui concerne le transport urbain, poursuit la même source, le tramway de Rabat est entré en fonction en mai 2011, et celui de Casablanca en décembre 2012.Selon cette analyse, le ministère du Transport et de la Logistique joue un rôle clé dans la direction de l’action du gouvernement en matière d’infrastructures de transport interurbain et supervise l’ONCF, une entreprise publique à caractère industriel et commercial dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. En outre, l’Office a pour mission principale de gérer les infrastructures ferroviaires et d’exploiter les services liés au transport ferroviaire de passagers et de marchandises.
 
Financement et acteurs clés des infrastructures urbaines
 
Selon l’enquête, les infrastructures de transport urbain au Maroc sont principalement financées par le ministère de l’Intérieur, via la Direction Générale des Collectivités Locales, qui soutient les projets des administrations locales, notamment les réseaux de tramway. Pour le tramway de Rabat-Salé, la Société de Tramway de Rabat-Salé (STRS), une filiale de l’Agence pour le Développement de la Vallée du Bouregreg, est en charge de l’exploitation et de la maintenance.
 
Dans la capitale économique, Casa Transports est l’entité responsable du développement de la mobilité et du réseau de transport public. L’exploitation et la maintenance du tramway y sont assurées par RATV Dev Casablanca. Le financement bilatéral et multilatéral (provenant de gouvernements et d’institutions financières internationales) joue un rôle crucial dans la concrétisation des projets des organismes publics marocains.
 
« Plan Rail Maroc 2040 »
 
Dans ce contexte, le « Plan Rail Maroc 2040 » constitue une initiative majeure pour le développement du secteur ferroviaire marocain, avec des plans d’investissement très ambitieux, s’étendant jusqu’en 2040. Le budget alloué à ces projets est considérable, atteignant 34,722 milliards d’euros, ce qui permettra de renforcer l’intégration territoriale et logistique du pays.
 
Le plan vise à étendre le réseau ferroviaire national, notamment en construisant 1.300 km de ligne à grande vitesse (LGV), 3.800 km du réseau conventionnel, et en réhabilitant et optimisant 1.610 km du réseau existant. Par conséquent, ce plan permettra de connecter 43 villes, couvrant 87 % de la population marocaine, contre 23 villes et 51 % actuellement. Ce qui aura un impact significatif sur le développement économique et social du pays.
 
Un investissement massif et une flotte ferroviaire renouvelée
 
Pour la période 2024-2030, le programme d’investissement de l’ONCF s’élève à environ 9,16 milliards d’euros, couvrant à la fois le réseau conventionnel et la LGV. Dans ce sens, l’ONCF a lancé, en novembre 2023, un ambitieux projet de renouvellement et d’extension de sa flotte ferroviaire, prévoyant l’acquisition de 168 nouveaux trains. Parmi ceux-ci, 150 sont destinés aux services interurbains, trains navettes rapides et métropolitains sur le réseau conventionnel, tandis que les 18 restants seront intégrés au futur réseau à grande vitesse vers Marrakech.
 
Les livraisons sont prévues entre 2027 et 2030, s’alignant sur les préparatifs du Maroc pour accueillir la Coupe du Monde de la FIFA 2030, qu’il co-organisera avec l’Espagne et le Portugal. Suite à un processus concurrentiel, l’ONCF a attribué, en février 2025, la fabrication des trains conventionnels à deux fabricants internationaux, en l’occurrence l’entreprise espagnole CAF et la sud-coréenne Hyundai Rotem.
 
Vers un « Train Made in Morocco »
 
Selon l’ICEX, CAF produira 40 trains interurbains pour le réseau ferroviaire marocain, et réalisera certaines activités localement au Maroc, y compris pour ses marchés d’exportation. CAF est déjà présente dans le pays, via sa division de signalisation, avec des contrats à la gare de Casa-Port et sur des tronçons du réseau électrifié national. Hyundai Rotem fabriquera, de son côté, 110 trains, répartis entre 60 unités de navettes rapides et 50 trains régionaux, et s’engage à installer des capacités de production au Maroc avec la construction d’une nouvelle usine à Benguérir.
 
Selon l’ICEX, ce projet ne se limite pas à la livraison des trains ; il prévoit, également, la création d’une structure conjointe entre l’ONCF et les fabricants adjudicataires pour garantir le maintien intégral de la flotte pendant au moins 20 ans. De plus, le développement d’un écosystème ferroviaire national est envisagé, englobant la production locale, l’intégration de fournisseurs et sous-traitants marocains, le transfert technologique et la génération d’emplois qualifiés.
 
D’après l’ICEX, cette approche renforce l’ambition de convertir le Maroc en une plateforme ferroviaire régionale, promouvant le concept d’un « Train Made in Morocco ». Aussi, elle souligne que les opportunités d’affaires découlant de ce projet sont vastes, couvrant la fabrication de composants ferroviaires, le développement de services numériques à bord, des solutions de maintenance prédictive basées sur l’IA et l’IoT, ainsi que des programmes de formation technique et professionnelle.
 
L’investissement estimé pour l’achat des 150 trains conventionnels avoisine le 1,5 milliard d’euros, soulignant l’engagement du Royaume à renforcer son réseau de transport ferroviaire conventionnel et à se positionner comme un hub compétitif en Afrique.
 
A. CHANNAJE
 

Le SIR au service de la mobilité urbaine au Maroc
 
Selon l’ICEX, le programme SIR (Service Intra-Métropolitain Rapproché) constitue une initiative majeure pour transformer la mobilité urbaine au Maroc, en investissant dans les infrastructures ferroviaires, la numérisation et l’intégration modale. Dans ce contexte, la Banque Mondiale a récemment approuvé un financement de 322 millions d’euros pour le pôle de mobilité et de logistique du Grand Casablanca, ce qui marque un jalon important pour la mise en œuvre de ce programme.
 
Par ailleurs, le pays prévoit de construire 430 km supplémentaires de lignes à grande vitesse, dont le tronçon Kénitra-Marrakech, qui représentera un investissement considérable de 4,5 milliards d’euros. Ce projet ambitieux s’inscrit dans la stratégie de développement du réseau ferroviaire marocain, qui vise à renforcer la connectivité entre les principales villes du pays.
 
En outre, d’autres projets sont également en cours de développement, notamment la connexion Marrakech-Agadir et la future ligne à grande vitesse entre Rabat et Oujda. Ces projets témoignent de la volonté du Maroc de développer son réseau ferroviaire et de renforcer son positionnement en tant que hub logistique régional. Parallèlement, le développement de la grande vitesse au Maroc s’accompagne d’une stratégie de localisation industrielle et de transfert technologique, avec des entreprises comme Alstom et Hyundai Rotem, lesquelles investissent dans des usines au Maroc. Cette stratégie vise à créer des opportunités économiques et à renforcer les capacités industrielles du pays.
 
Enfin, les opportunités existent, également, dans l’intermodalité, la gestion de ports secs, les connexions ferroviaires dans les usines et les solutions TIC avancées pour l’écosystème ferroviaire. Ces opportunités devraient contribuer à renforcer la compétitivité du Maroc et à améliorer la qualité des services de transport offerts aux usagers.

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