Annonces Légales et Bulletin Officiel

Secteur halieutique : Plus de durabilité, d’innovation et de compétitivité [INTÉGRAL]

Face aux effets du changement climatique, le Maroc se doit d’investir dans les innovations technologiques pour moderniser la filière halieutique nationale et répondre aux enjeux nationaux et mondiaux de durabilité.

Dans un contexte climatique délicat, dont l’impact sur les ressources halieutiques est ravageur, les efforts consentis par le Royaume durant ces dernières années démontrent de manière palpable, le cheminement voulu pour garantir la durabilité et l’intégrité des écosystèmes marins du pays. Initiée en 2009, la première mouture du Plan Halieutis visait déjà à moderniser le secteur de la pêche au Maroc en s’appuyant sur trois piliers : durabilité des ressources, performance et compétitivité. Après seize ans, ladite stratégie donne un coup de boost aux performances positives du secteur de la pêche maritime, atteignant 1,55 million de tonnes d’une valeur de 13,6 milliards de dirhams au cours des dernières années. Si les feuilles de route pour les décennies à venir sont encore « dans le pipe », la septième édition du Salon Halieutis, qui se tiendra à Agadir, du 6 au 9 février, sous le thème « Recherche et innovation pour un secteur halieutique durable », sera une occasion de brainstormer sur les différentes mesures à prendre pour consolider durablement les indicateurs d’un secteur génère plus de 700.000 emplois directs et indirects. Les 450 exposants issus de plus de 50 pays qui seront au rendez-vous contribueront sans doute à former le cadre conceptuel de « la pêche de demain », aussi durable que résiliente dans le cadre d’une véritable économie bleue prospère et inclusive.

 

Nouvelles technologies

Au-delà des importantes dimensions liées à la gouvernance et à la gestion intégrée des ressources halieutiques, le nouveau modèle de cette pêche devra certainement s’appuyer sur les avancées techniques et scientifiques. Une part non-négligeable de ces solutions avancées s’illustre déjà à travers une multitude de projets-pilotes au niveau national et international, avec des résultats très prometteurs. Des outils de surveillance modernisés, utilisant des technologies avancées, pourraient jouer un rôle clé pour atteindre les objectifs de durabilité et de soutenabilité de l’exploitation des ressources halieutiques. À cet égard, les innovations internationales, comme les caméras intelligentes installées dans les chaluts ou les systèmes de suivi automatisé des captures (développés dans le cadre de projets de recherche comme « SMARTFISH » (voir repère) offrent des solutions qui permettent une pêche plus sélective et une collecte de données précises, essentielles pour garantir la durabilité des stocks.

 

Aquaculture de demain

La production et la valorisation des produits de la mer, devront par ailleurs s’appuyer sur l’aquaculture qui s’impose déjà comme solution alternative dont l’apport peut réduire la pression sur les populations halieutiques sauvages. La stratégie Halieutis place d’ailleurs l’aquaculture « au cœur de ses priorités, conformément aux Hautes Orientations Royales, pour l’activation des principaux leviers de développement de ce secteur, en synergie avec les autres secteurs dépendant des ressources côtières », déclarait l’exministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohamed Sadiki, lors du 3è Forum de l’aquaculture marine. Cependant, l’aquaculture n’est pas sans défis. Des préoccupations subsistent quant à la pollution des eaux, la transmission de maladies aux populations sauvages et l’utilisation de ressources pour l’alimentation des poissons d’élevage. Pour atteindre le plein potentiel de sa filière d’aquaculture, le Royaume est appelé à capitaliser sur le savoir-faire de ses propres chercheurs, mais également, à s’inspirer d’autres approches à même d’optimiser la gestion des enjeux sanitaires et environnementaux propre à cette filière prometteuse. L’exemple peut s’illustrer à travers le programme « Game Changer » (voir repère) qui emploie des dispositifs non-chimiques pour lutter contre les parasites, tout en intégrant l’intelligence artificielle pour surveiller en temps réel la santé des poissons et anticiper les crises sanitaires. Des usages qui commencent à voir le jour graduellement au Maroc. Dans une interview accordée à L’Opinion, Abdelmalek Faraj, l’Institut National de Recherches Halieutiques (INRH), nous a déclaré que son département a d’ores et déjà élaboré une stratégie qu’il compte mettre en œuvre progressivement, « allant de l’intégration intelligente et automatique de la data, à la modélisation et aux systèmes prédictifs ». « Nous expérimentons déjà à l’échelle de prototype des modèles de «smart fishing» qui demeurent encore en phase de tests », a-t-il ajouté.

 

Montée en gamme

Garantir l’avenir durable des ressources halieutiques marocaines dépend par ailleurs d’une gestion écosystémique intégrant les meilleures pratiques scientifiques et technologiques. La durabilité à long terme de la pêche et de la valorisation des produits de la mer devra ainsi être impulsée par la création de nouvelles aires marines protégées, couplée à des mécanismes de surveillance avancés. La chaîne de valeur de la « pêche de demain », prospère et durable, ne peut cependant pas être envisagée sans une modernisation encore plus pointue des infrastructures et process de valorisation. Dans son rapport sur l’économie bleu (2021), le CESE estime que la valorisation locale des produits de la mer devrait tripler à travers des investissements dans les ports, les unités de transformation et les technologies de conditionnement. L’utilisation de labels de durabilité sera également à même de renforcer encore plus la visibilité et l’attractivité des produits marocains sur les marchés internationaux. Autant de défi que le Royaume est capable de relever pour préserver ses ressources et ses filières halieutiques.

3 questions à Jamil Ouazzani : « Il faut une conception claire de l’économie bleue »
Comment peut-on exploiter les ressources halieutiques de manière soutenable ? – La Méditerranée est une mer très polluée, ce qui menace gravement les ressources maritimes et aussi les sources de revenus du territoire national. Pour réduire le stress qui pèse sur la mer, il faut agir surtout sur le comportement de l’Homme. Par exemple, dans le cadre des campagnes de sensibilisation qu’on organise, on avait fait des labyrinthes sous-marins pour les enfants, et on demandait aux plongeurs de récupérer les déchets qui se trouvaient dans la mer. On trouvait des pneus, des bicyclettes, du plastique, etc. Pour prendre le cas des déchets plastiques, si en 2050, on continue encore à les utiliser de la même manière, dans les océans, on aurait plus de plastique que de poisson. Ce comportement tue ainsi tout l’écosystème marin. Il faut donc faire montre de vigilance pour pouvoir tirer profit des ressources maritimes de manière responsable.
  Y a-t-il des initiatives au niveau de Tanger Med ? – Au niveau du port, il y a des initiatives qui sont prises, notamment la mise en place des unités de valorisation des déchets, on prête attention au nombre de croisières accueillies par le port pour garantir des conditions de vie favorables à la faune marine et on va devenir pavillon bleu, ce qui impose plusieurs règles environnementales à respecter.

  Quelles sont vos recommandations en vue d’une stratégie nationale pour l’économie bleue ? – Il faut tout d’abord organiser des assises pour dresser un état des lieux et discuter de ce qui doit être fait pour la promotion de l’économie bleue. Il y a donc un effort de communication à faire sur le sujet. Ensuite, il faut une conception claire de l’économie bleue. Il y a plusieurs définitions qu’il faudrait cadrer, car c’est ce qui va permettre d’élaborer des actions de sensibilisation ciblée et efficace, surtout auprès des jeunes et des enfants, qui sont les ambassadeurs de l’action écologique. De plus, il faut que la sensibilisation devienne partie intégrante des programmes scolaires au niveau de tout le territoire. Et finalement, il faut une coordination entre toutes les parties concernées du secteur pour éviter les chevauchements au niveau des décisions et des actions.

Aquaculture : 232 fermes aquacoles prévues d’ici 2025
Face aux défis climatiques et alimentaires, le Maroc renforce son secteur aquacole. Avec 232 fermes prévues d’ici 2025, l’aquaculture se positionne comme une solution durable pour répondre aux besoins croissants de la population et renforcer l’emploi local. L’Agence nationale pour le développement de l’aquaculture (ANDA) a dévoilé son objectif ambitieux : établir 232 fermes aquacoles d’ici 2025. Selon le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, ces projets visent une production de 115.900 tonnes par an et devraient générer 2.720 emplois directs, en particulier dans les régions côtières. « Ce secteur en pleine croissance contribue à la sécurité alimentaire, à la création d’emplois et à l’attractivité pour les investissements nationaux et internationaux », a souligné Zakia Driouich, secrétaire d’État chargée de la Pêche maritime, lors d’une récente réunion l’énorme potentiel de l’aquaculture au Maroc.

 

CESE : Vers une économie bleue multi-filière
Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) du Maroc a publié en 2021 un rapport détaillant une approche ambitieuse pour intégrer l’économie bleue dans le modèle de développement du pays. Le rapport souligne l’importance capitale de moderniser et de rendre plus durable la pêche traditionnelle, qui emploie des milliers de Marocains et constitue une source majeure de nourriture et de revenus pour les communautés côtières. Il recommande l’adoption de techniques de pêche plus respectueuses des écosystèmes marins et la mise en place de quotas pour prévenir la surpêche, tout en encourageant le développement de l’aquaculture comme alternative viable et durable. En plus de la pêche, le rapport propose de diversifier les activités économiques liées à la mer, incluant le tourisme côtier, les biotechnologies marines, et les énergies renouvelables offshore. L’objectif est de créer des emplois tout en promouvant des pratiques de développement durable. Le document insiste également sur l’importance de renforcer la gouvernance dans le domaine maritime. Il recommande une meilleure coordination des politiques publiques et une planification spatiale marine améliorée pour gérer efficacement les activités liées à la mer et protéger les écosystèmes marins. Le CESE appelle à un partenariat renforcé entre les gouvernements, les industriels, et les communautés locales pour mettre en œuvre cette stratégie. L’approche proposée est holistique, visant à assurer à la fois la croissance économique, l’équité sociale, et la c

Quitter la version mobile