La Fédération nationale des travailleuses et travailleurs sociaux a tiré la sonnette d’alarme sur la dégradation des conditions de travail des travailleurs sociaux, intervenants de premier plan dans l’inclusion des personnes en situation de handicap, notamment à la suite du gel des subventions gouvernementales à la société civile.
En outre, ils font face à de nombreux défis, exacerbant leur réalité. Pour faire entendre leur voix, la Fédération nationale des travailleuses et travailleurs sociaux a organisé, au cours de la semaine dernière, une conférence de presse à Rabat.
Placée sous le signe de l’alerte concernant la situation préoccupante de pas moins de 40.000 travailleurs sociaux, opérant dans le cadre de 400 associations, la conférence a dressé un tableau sombre de la réalité de cette catégorie sociale. « Accompagner un enfant en situation difficile est une lourde tâche pour les travailleurs sociaux, qu’ils soient orthophonistes, accompagnants, etc., surtout lorsqu’on considère la pression qui en découle face à une rémunération dérisoire », nous confie Mounir Missour, président de la Fédération des travailleurs sociaux, qui se félicite, toutefois, de l’importance du décret N°2.22.604 portant application des dispositions de la loi 45.18 relative à la réglementation de la profession des travailleuses et travailleurs sociaux.
Ce texte précise les conditions, les moyens et la liste des certificats et diplômes requis pour la délivrance de l’accréditation pour l’exercice de la profession de travailleur social et les statuts types des associations professionnelles représentant les travailleurs sociaux, a-t-il ajouté.
En réalité, la rémunération de ces travailleurs peine à atteindre le SMIG dans un contexte économique difficile, ne dépassant pas les 2.500 dirhams par mois au sein des associations les plus généreuses. Ce salaire contraste avec une charge de travail lourde et éprouvante, chaque travailleur social étant en charge au moins de deux enfants en situation de handicap au sein des centres d’accueil et d’aide dédiée à cette population vulnérable.
D’autres continuent à travailler sans être déclarés à la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), alimentant ainsi l’essor de l’informel dans un secteur crucial pour l’inclusion sociale des personnes en situation de handicap de plus en plus nombreuses.
Apparemment, la réalité de cette catégorie de travailleurs a été exacerbée suite au retard constaté dans le versement du soutien gouvernemental à la société civile pour l’année 2024. Chose qui a entraîné le non-paiement des salaires de près de 4 000 travailleurs sociaux pendant plus de 6 mois.
Ce soutien s’inscrit dans le cadre des engagements du programme gouvernemental 2021-2026, qui prévoyait l’allocation d’un budget de 500 millions de dirhams pour soutenir les associations des personnes en situation de handicap.
Ce dernier insiste sur l’importance de ces subventions pour garantir la mise en œuvre des programmes des associations en matière d’inclusion sociale. « « Si cette situation de blocage persiste, elle pourrait compromettre les progrès réalisés par les enfants d’ici la prochaine rentrée scolaire en l’absence de moyens pour accomplir notre mission d’accompagnement”, alerte le président de la Fédération des travailleurs sociaux.
Selon lui, l’aide directe accordée à certaines familles ayant un enfant en situation de handicap ne suffit pas à répondre aux besoins d’accompagnement de cette population et ne doit donc pas se substituer aux subventions destinées à la société civile. Ces subventions sont essentielles pour améliorer l’accès des personnes en situation de handicap aux services de base, notamment l’éducation, avec le soutien indispensable des accompagnants, notamment pour les enfants atteints du trouble d’autisme.
Reconnaissant les problèmes de transparence persistants dans ce domaine, Mounir Missour insiste sur la nécessité d’instaurer un contrôle strict des associations bénéficiaires, afin de garantir la mise en œuvre de leurs programmes d’action en faveur des personnes en situation de handicap, conformément à la vision du ministère de la Solidarité.