Face à l’augmentation soutenue de la consommation énergétique nationale, la transition énergétique se pose comme un enjeu impératif pour le Maroc. C’est dans ce contexte stratégique que la 4ème édition du Forum des Energies de l’Industrie, tenue le mercredi 29 janvier à Casablanca, a rassemblé plus de 1.300 participants pour élaborer un plan d’action visionnaire, apte à façonner l’avenir énergétique du Royaume.
L’événement a rassemblé plus de 1300 participants, experts, industriels et décideurs politiques, afin d’engager des réflexions approfondies sur les leviers essentiels pour instaurer un mix énergétique pérenne, insistant sur l’intégration des énergies renouvelables, les solutions de stockage et l’accompagnement intégré pour assurer la durabilité. Les défis à relever ont ainsi tracé leur sillage, tant au niveau national qu’international, dans un esprit de coopération transnationale.
La matinée a été marquée par une intervention de Tarik Hamane, Directeur Général de l’Office National de l’Électricité et de l’Eau potable (ONEE), qui a exposé les orientations stratégiques de l’Office. Interrogé sur l’avancement du Maroc, il a précisé : «Le Maroc a défini des objectifs clairs, dont celui de parvenir à 52% d’énergies renouvelables dans notre mix électrique d’ici 2030. Actuellement, nous avons plus de 45,3% de capacité ENR avec 5400 MW de projets opérationnels et environ 4000 MW en construction, qui nous permettront d’atteindre, voire dépasser ces objectifs prochainement».
Il a ensuite mis en avant la nécessité d’adapter le réseau électrique aux nouveaux défis, notamment l’essor des énergies renouvelables et l’intégration de l’hydrogène vert. Puis, il a évoqué les investissements majeurs prévus pour moderniser l’infrastructure énergétique du pays.
Les priorités pour une énergie accessible et solidaire :
Tout au long de la journée, les échanges se sont centrés sur trois grandes thématiques. Le premier panel a abordé la résilience énergétique et le développement de l’hydrogène vert, avec un accent particulier sur les partenariats public-privé et le rôle stratégique du Maroc comme hub régional, bien que des défis logistiques et industriels persistent. Le deuxième panel a mis en lumière les avancées en matière d’efficacité énergétique et de compétitivité des entreprises, illustrées par des exemples concrets d’entreprises marocaines et internationales qui réduisent leur empreinte carbone. Enfin, la troisième séquence a exploré la transition énergétique inclusive, soulignant l’importance d’un équilibre entre développement économique, inclusion sociale et adaptation des infrastructures aux réalités locales, afin de garantir une transition juste et équitable pour tous.
Un potentiel marocain encore à découvrir :
Interrogé sur le développement des régions marocaines, Soufiane Hajjani, directeur de Share Energy Partners, a souligné l’importance des initiatives locales : «Plusieurs projets sont actuellement en cours pour développer des centrales solaires dans différentes régions. Cela a été réalisé en premier à Tanger. Actuellement, un projet similaire se déploie dans la région de Fès-Meknès».
Il a ensuite souligné un défi majeur : « L’un des enjeux majeurs est que les projets étatiques soient portés par des entreprises marocaines. Nous possédons l’expertise nécessaire au Maroc, mais malheureusement, lors des appels d’offres, les entreprises marocaines sont souvent mises à l’écart. Nous espérons que les entités publiques encourageront davantage les acteurs nationaux, leur offrant ainsi la possibilité de participer à ces projets essentiels pour le développement du pays ».
Dans un autre registre, Hicham Rahioui Idrissi, Président-Directeur Général d’Industrie du Maroc Group, a souligné l’enjeu crucial d’un mix énergétique équilibré, insistant sur l’urgence d’accélérer l’intégration des énergies renouvelables dans l’économie nationale, tout en mettant en évidence l’impact stratégique du développement de l’hydrogène vert.
De son côté, Imane Bakkioui Tajditi, Responsable de la Normalisation Eau Potable, Assainissement à Redal, a salué l’engagement des opérateurs marocains dans la décarbonation, le recyclage et la régénération de l’énergie verte à partir des boues et des déchets liquides des stations d’épuration, en mettant particulièrement l’accent sur la production de biogaz et de biométhane comme des solutions clés dans ces efforts.
Interrogée sur les projets de Veolia pour la régénération de l’énergie verte au Maroc, elle précise : « Veolia, à travers ses filiales Redal et Amendis, mène plusieurs initiatives, dont le projet de dessalement près de Rabat. En 2024, un protocole d’accord a été signé pour développer la plus grande usine de dessalement d’Afrique, produisant 822 000 m³ d’eau potable par jour, alimentée par de l’électricité décarbonée. Veolia œuvre également à la valorisation des eaux usées et à la production de bioénergies, comme à Tanger, et soutient l’usine Renault pour atteindre le ‘zéro émission de carbone’ ».
À l’issue de cette manifestation, la grande salle s’est ensuite métamorphosée en un véritable carrefour d’innovations où des stands de diverses entreprises ont pris place pour dévoiler leurs solutions écologiques avant-gardistes. Ce fut bien plus qu’une simple exposition : un véritable lieu d’échanges où experts, chercheurs et entrepreneurs ont partagé leurs connaissances, confronté leurs idées et exploré des pistes de collaboration en faveur de la transition énergétique. Les visiteurs ont ainsi pu découvrir des technologies de pointe et imaginer ensemble des solutions pour un avenir plus durable. Un véritable tremplin pour les initiatives écologiques, où chaque rencontre nourrissait une vision commune : celle d’un avenir énergétique plus vert et plus solidaire.
– Face à la consommation excessive d’électricité, notamment dans les grandes villes du Maroc, quelles solutions recommandez-vous pour y remédier ?
L’énergie solaire photovoltaïque offre une solution efficace pour réduire la consommation d’électricité. L’installation de panneaux solaires permet l’autoconsommation, tandis que le stockage par batterie optimise l’indépendance énergétique. Un système de gestion intelligent ajuste la consommation selon la production, et l’adoption d’équipements basse consommation, couplée à un suivi via un monitoring, améliore l’efficacité énergétique, réduisant ainsi les coûts et favorisant une transition vers une énergie durable.
– À l’approche de la Coupe du Monde, quels projets sont en développement pour accompagner la transition énergétique ?