49ème Anniversaire de la Marche Verte : Élan fondateur d’un Maroc souverain

La Marche Verte a été et restera le symbole absolu de la symbiose qui unit indissolublement le Trône et le peuple. Retour sur cette épopée nationale.

Le peuple marocain célèbre le 49ème anniversaire de la Marche Verte, un événement historique ancré dans l’âme marocaine. Le Maroc a récupéré ses provinces du Sud grâce au génie de feu Sa Majesté le Roi Hassan II et le dévouement de son peuple. Le 6 novembre 1975, 350.000 Marocains ont marché pour libérer pacifiquement leur Sahara du joug du colonisateur espagnol suite à l’appel solennel de leur monarque lors du discours inoubliable du 16 octobre pour mettre fin à une occupation qui durait depuis 1884. Cette marche libératrice a pris de court le monde entier, jamais un peuple n’a pu libérer son territoire aussi pacifiquement, prouvant ainsi l’exception d’une Nation millénaire. Maintenant que nous commémorons cette glorieuse épopée, il est important de raviver cet héritage légué aux nouvelles générations n’ayant pas vécu cet événement crucial qui s’est ancré dans l’imaginaire populaire et embelli notre Histoire nationale. Mais aujourd’hui, cette épopée se poursuit sans relâche avec des efforts constants pour déjouer les manoeuvres des adversaires de l’intégrité territoriale du Royaume, sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

En témoignent les victoires de la diplomatie sur l’internationale, dont la dernière au Conseil de Sécurité, qui a voté une résolution fatale pour l’Algérie et ses milices polisariens. A cela s’ajoute la dernière visite d’Etat du président Français, Emmanuel Macron, qui a affirmé la reconnaissance de la France, membre permanent du Conseil de Sécurité, de la marocanité du Sahara. Un appui à la cause nationale, qui s’est poursuivi même au sein de l’ONU où l’ambassadeur, représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, Nicolas de Rivière, a fortement défendu la position marocaine. La Marche verte se poursuit également avec le lancement d’une nouvelle dynamique de développement qui fait des provinces du Sud une des régions du Royaume affichant les meilleurs résultats en matière d’acquis sociaux, de services de santé et de logement, de croissance, d’emploi, et d’attractivité économique. Grâce à l’ambitieux modèle de développement économique lancé par le Souverain, le Sahara marocain est en passe de s’ériger en un véritable hub régional et international et de passerelle entre le Royaume et sa profondeur africaine. En témoignent les accords structurants signés ces dernières années, pour le développement des énergies renouvelables, de l’agriculture, de l’activité portuaire…Et la liste n’est pas exhaustive. Cette dynamique dirigée et supervisée au plus haut rang de l’Etat, vient honorer un mouvement nationaliste d’envergure qui était l’un des derniers épisodes de l’achèvement de l’unité territoriale.
 

​Flashback 
Après s’être affranchi des protectorats français et espagnol en 1956, rattacher Tarfaya en 1958 et Sidi Ifni en 1969, il ne restait plus que la récupération du reste des provinces du Sud constituées de Ouad Dahab et Saguia El Hamra pour tourner définitivement la page du colon espagnol. Dès le début des années 70, la question de la décolonisation du Sahara marocain est devenue une fatalité historique et une exigence de la communauté internationale par le biais des Nations Unies qui appelait à mettre un terme à la présence de l’Espagne au Sahara. Ce à quoi a concédé l’Espagne de Franco, qui vivait ses derniers jours. Laquelle a affiché sa volonté de quitter le territoire dès 1974. Ensuite, le Maroc a eu gain de cause auprès de la Cour Internationale de Justice des Nations Unies qui a donné raison aux revendications du Maroc sur son Sahara.
 
Le Sahara, une terre historiquement marocaine
 
Se distinguant avec une Histoire de 1200 ans, le Maroc n’est pas le fruit d’un traçage colonial, comme c’est le cas pour la plupart des pays colonisés. Le Sahara a toujours été une terre marocaine avant la venue des Espagnols, en témoigne l’avis de la Cour de La Haye, émis à la demande du Maroc, qui a clairement affirmé que le Sahara ne fut jamais une terra nullius (un territoire sans maître), reconnaissant les liens d’allégeance reliant les tribus du Sahara et les sultans du Maroc. Ce lien a été corroboré par des preuves juridiques du droit musulman prouvant la fidélité et l’obéissance des tribus sahraouies au pouvoir central du Sultan. Le cordon ombilical entre la dynastie alaouite et les tribus du Sahara ne peut plus être réfuté. Bref ! Le Maroc est légitime dans son Sahara. Après cela, rien n’empêchait le peuple marocain d’aller retrouver ses frères du Sud.
 
Le coup de génie de feu Hassan II
 
Fort de l’avis de la Cour de La Haye, feu SM Hassan II n’a pas hésité à dé- er les Espagnols par une idée d’une intelligence inouïe, en appelant les Marocains à une marche pacifique. Il s’agissait de neutraliser les colonisateurs en leur envoyant une marée humaine qu’ils n’oseraient attaquer. Le 16 octobre 1975, SM le Roi Hassan II a fait part aux Marocains de son plan lumineux pour recouvrer les provinces du Sud en leur lançant un appel solennel pour aller libérer le Sahara. Un appel resté gravé dans la mémoire collective. « Il nous reste à faire, cher peuple, une seule chose, c’est d’entreprendre une marche pacifique du Nord, de l’Est, de l’Ouest, vers le Sud. Il nous appartient d’agir comme un seul homme, dans l’ordre, pour rejoindre le Sahara », un appel si éloquent qu’il ne pouvait que galvaniser les foules marocaines qui ont aussitôt répondu à l’appel de leur Souverain.
 
350.000 volontaires
350.000 Marocains se sont portés volontaires pour aller libérer le Sahara et le faire revenir à la mère patrie. Ce nombre fut choisi consciemment par SM feu Hassan II, il avait une portée symbolique puisqu’il correspondait au nombre annuel des naissances. « C’est le chiffre des individus qui naissaient annuellement au Maroc à l’époque. J’ai pensé qu’il m’était permis d’engager la moisson solennelle que Dieu nous donne pour ramener à la patrie une terre que nous n’avions jamais oubliée », avait précisé feu Hassan II, lors de son fameux discours du 16 octobre. Des bureaux d’inscription des volontaires ont aussitôt ouvert leurs portes pour accueillir les bénévoles à travers l’ensemble du pays sous l’autorité des gouverneurs. Les femmes comme les hommes se sont enhardis et n’ont pas hésité à prendre part à la marche libératrice. 10%, soit 3500 des participants, étaient des femmes. Les marcheurs sont venus de toutes les provinces du Royaume représentant le Maroc dans toute sa diversité, comme en témoigne l’ancien Premier ministre Maâti Bouabid, qui disait : « C’était un véritable Maroc en miniature ».
 
Une démarche pacifique
Contre toute attente, la libération du Sahara était pacifique, le Maroc avait récupéré ses provinces du Sud sans la moindre hostilité. Pour SM feu Hassan II, il ne s’agissait point de déclarer une guerre aux Espagnols, le Maroc ne voulait que récupérer paisiblement son territoire. « Nous serons sans armes, car nous n’allons pas faire la guerre à l’Espagne. Celle-ci n’a plus de responsabilités dans cette affaire », a rassuré le Souverain. Ainsi, 350.000 Marocains sont partis à la conquête de leurs terres légitimes armés de Coran et de drapeaux marocains. Toutefois, gare aux agitateurs ! Bien que la marche soit pacifique, feu Hassan II avait mis en garde les ennemies de notre intégrité, à savoir l’Algérie et son nouveau-né, le Polisario, né des accords secrets Lopez-Bouteflika, contre toute tentative d’attaquer les marcheurs qui furent encadrés par 20.000 membres des Forces Armées Royales.
 
Un périple libérateur dans la liesse populaire
La Marche Verte a nécessité pour sa réussite une mobilisation générale pour assurer le transport des participants vers Marrakech, le point de rassemblement. Des commissions pour l’hébergement et l’accueil ont été mises en place à cet effet. Pendant douze jours, avant le début de la marche tant attendue, dix trains étaient mobilisés quotidiennement, ont transporté les volontaires du Nord et de l’Est du Maroc vers la cité ocre, pour ensuite les acheminer par 7813 camions à Agadir avant d’entamer leur périple vers le Sahara. Les marcheurs ont pris ensuite leur chemin après le coup d’envoi donné par SM feu Hassan II lors du discours du 5 novembre : « Demain, tu franchiras la frontière. Demain, tu entameras ta Marche. Demain, tu fouleras une terre qui est tienne », a-t-il asséné. Mis à part les participants, tous les Marocains qui n’ont pas eu la chance de rejoindre la marche y ont contribué à leur façon, de leur argent et leurs moyens personnels. « Mon père a mis tous ces camions à disposition des autorités pour transporter les marcheurs d’Agadir au Sud du Sahara », nous confie Khadija, quinquagénaire, qui se rappelle les moments de joie et liesse nationale pendant cette période. « Les jours précédant la marche connurent une communion incroyable entre les Marocains, je me rappelle des scènes des enfants de Rabat qui acclamaient les volontaires qui s’apprêtaient à partir pendant leur passage, nous leur donnions de la nourriture et des vêtements en leur souhaitant bonne chance », s’est-elle remémorée avec une nostalgie qui s’est dessinée sur son visage. Brandissant les drapeaux, le Coran et les portraits du Roi, les convois des marcheurs, à leur tête les responsables du Gouvernement ainsi que des élus, ont pénétré des zones occupées après le retrait des Espagnols, au regard admiratif de la communauté internationale.

 

Mission accomplie
Au bout de trois jours, la Marche Verte a réalisé ses objectifs. Du 6 au 9 novembre, les marcheurs ont parcouru plus de 20 km franchissant le poste frontalier de Tah, avant d’être rappelés par SM le Roi qui leur avait demandé de retourner, considérant que la marche a atteint ses fins. Ainsi, les Marocains ont accompli l’une des prouesses les plus remarquables de l’Histoire du Maroc, qu’avait louée feu Hassan II dans son discours du 9 novembre. « Ils viennent d’écrire une des pages les plus glorieuses de notre Histoire, une page qui sera citée en exemple aux générations futures en fait de discipline, d’obéissance, de maturité, d’endurance et de patriotisme », c’est ainsi que le Souverain a encensé les participants. Le Sahara est revenu à la mère patrie sans la moindre goutte de sang, les accords de Madrid du 14 novembre 1975 ont régi ensuite le retrait de l’Espagne, laissant le soin au Maroc et à la Mauritanie de partager le territoire avant que celle-ci n’abandonne sa responsabilité au profit du Maroc.
 

« Sawt LHassan ynadi »
Etant une fête nationale, la Marche Verte a déclenché le génie musical marocain, tous les chanteurs et groupes musicaux de l’époque se sont hâtés de contribuer à leur façon pour célébrer la Marche par les chants les plus pittoresques qui sont encore vivants dans le patrimoine musical marocain. Une avalanche de chansons patriotiques a été produite dans un temps record entre l’appel du 16 octobre et le 6 novembre. Compositeurs, poètes, stars de la chanson marocaine, et autres musiciens chevronnés se sont donné le mot pour offrir au répertoire musical national une collection parmi les plus belles créations de son Histoire. Pour ne citer qu’elle, « Sawt LHassan ynadi », qui fut chantée passionnément par plusieurs chanteurs imminents de l’époque tels que Mahmoud Idrissi, Ismaïl Ahmed, Bahija Idriss, Mohammed Alhyani, Ahmed Algharbaoui, Abdelhadi Belkhayat, rendant hommage à l’appel de SM feu Hassan II et célébrant la libération du Sahara dans des envolées lyriques pittoresques du dialecte marocain.

« Laâyoune ayniya »
Au lendemain de la Marche Verte, «Jil Jilala » compose et interprète «Laâyoune ayniya », un chant patriotique où le groupe exprime l’attachement des Marocains au Sahara. La légende veut qu’elle fût écrite, composée arrangée et enregistrée en une seule nuit. Mohamed Chahramane, poète de Marrakech, aurait écrit cette chanson, devenue slogan national, en l’espace de quelques heures. Mahmoud Saâdi, Moulay Tahar Al Asbahani et Mohammed Darham on fait le reste pour que ce chant devienne une véritable page d’Histoire.
Le groupe, qui est devenu célèbre pour ces textes engagés et revendicateurs au début des années 70, est devenu porte-voix de tout un peuple avec une chanson qui allie à la fois la ferveur nationale, l’identité culturelle et l’attachement aux valeurs spirituelles, le tout dans un langage dont la simplicité et la clarté ont touché les coeurs avant de voir les Marocains la répéter en choeur à chaque fois qu’il était question de défendre la cause sacrée de notre intégrité territoriale.
A elle seule, cette chanson si spontanée, et si authentique, résume tout l’esprit de la Marche Verte, et la quintessence de l’union du peuple et de son Roi pour une cause qui transcende tous les chauvinismes et autre régionalisme pour affirmer une identité unique : la marocanité dans toute sa splendeur.

Dates à retenir
26 septembre 1975

 
Comme Feu Mohammed V, l’avait promis au lendemain de l’Indépendance marocaine, Feu Hassan II avait projeté de récupérer le Sahara, sous occupation espagnole. Il organisa une réunion à huis clos le 26 septembre 1975 avec les gouverneurs, les informant de son projet. Près de 700 fonctionnaires suivirent alors un entraînement spécialisé afin de se préparer à reprendre le territoire des mains des Espagnols, dans le plus grand secret.

  16 octobre 1975

 
Après une mission des Nations Unies au Sahara au printemps 1975, le Tribunal international de La Haye publie un rapport, le 15 octobre, confirmant l’existence des liens entre le royaume marocain et certaines tribus sahraouies, avant la conquête de l’Espagne un siècle plus tôt. Le 16 octobre à 18 h 30, Feu Hassan II prononça à Marrakech un discours annonçant le plan de libération du Sahara marocain. « Je dis à l’Espagne que 350.000 Marocains et Marocaines entreront dans le Sahara. Dans le cas où un obstacle viendra à se dresser sur votre chemin, il serait de notre devoir de nous défendre. Et dans le cas où il y aurait des éléments étrangers autres que les forces espagnoles, nous leur rentrerons dedans », proclama Feu Hassan II dans cette allocution restée célèbre.
 

5 novembre 1975

 
Après l’envoi de convois de véhicules, trains, bateaux et avions vers le Sud, les premiers marcheurs commencent à partir du 23 octobre. Le 31, un détachement de forces armées marocaines regagne le Nord-Est du Sahara. Le 5 novembre, dans un nouveau discours prononcé à Agadir, Feu Hassan II appelle les Marocains à « fouler leur terre », « palper leurs sables » et « embrasser un sol qui fait partie intégrante de leur pays ».

  6 novembre 1975

 
Le lendemain, le 6 novembre au petit, matin, l’opération Fath (ou Marche Verte) est lancée. Des milliers d’hommes et de femmes – elles représentent 10% du convoi – se lancent dans le désert, drapeaux, exemplaires du Coran et portraits du Roi à la main. La symbolique est forte. Plusieurs milliers de personnes franchissent la frontière avec le Sahara. Face à ce flot humain, les dernières troupes espagnoles présentes sur le terrain battent en retraite.

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