La 2ème édition du Forum Nexus Eau-Energie-Sécurité alimentaire-Ecosystèmes (WEFE) s’est ouverte, mercredi, à Tanger. Politiques, experts, représentants d’institutions nationales et internationales, ont répondu présent pour réfléchir sur les enjeux de la raréfaction des ressources et de la transition énergétique.
Réitérant que l’eau est, aujourd’hui, confrontée à des pressions croissantes dues au changement climatique, à la croissance démographique et aux dynamiques économiques, Baraka a soutenu ses propos par le Discours royal à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire d’octobre 2022.
Un discours qui affirme à quel point l’eau ne concerne pas un seul secteur, mais interpelle plusieurs institutions et acteurs. A cet égard, elle requiert une plus grande coordination et une synergie plus efficace entre les politiques sectorielles et la gestion décentralisée au niveau des territoires.
Dans cette perspective, le ministère a adopté, avec ses partenaires, une politique de l’eau qui se voit aujourd’hui anticipative, intégrée et inclusive, combinée à une planification décentralisée au niveau des bassins hydrauliques, permettant des décisions adaptées aux spécificités locales et aux réalités du terrain. Cette politique, selon Baraka, se base sur le développement des ressources en eau conventionnelles, notamment à travers l’accélération de la réalisation des petits, moyens et grands barrages, la collecte des eaux pluviales, les grands transferts d’eau entre les bassins, et le dessalement de l’eau de mer. Une approche Nexus Eau-Energie-Sécurité alimentaire, affirme le ministre, évoquant également la gestion de la demande en eau et la sensibilisation de la population sur la rareté des ressources hydriques ainsi que sur l’économie de l’eau.
Pour capitaliser sur ces acquis, Baraka a mis l’accent sur l’importance d’une coopération multi-niveaux comme fondement essentiel de l’approche Nexus, à même de mettre en œuvre des solutions adaptées aux spécificités locales.
Il s’agit en l’occurrence de la sécurité hydrique et la sécurité énergétique. Le Nouveau Modèle de Développement a, d’ailleurs, mis l’accent sur l’importance de l’énergie comme levier d’attractivité et de développement du Maroc, et sur la capacité des territoires à s’adapter aux changements climatiques ainsi qu’à protéger les ressources naturelles, y compris les ressources en eau.
Benali a ainsi évoqué le soutien de son Département, au niveau territorial, à toutes les initiatives ayant pour but d’utiliser les énergies renouvelables pour la gestion de l’eau dans le cadre de la politique de transition énergétique. L’aide gouvernementale concerne, également, les projets sur la base des énergies renouvelables dans le processus d’irrigation. L’Exécutif encourage aussi les pratiques agricoles durables, ainsi que d’autres projets innovants pour renforcer l’efficacité des ressources et transcender les approches sectorielles traditionnelles.
Si le Forum Nexus se déroule dans la ville du Détroit, Benali a donné l’exemple réussi des projets avec la région TangerTétouan-Al Hoceima, dans le cadre du Programme pour la mer Méditerranée (Med Programme), le projet de gestion intégrée des zones côtières sur la côte méditerranéenne, et le projet d’élaboration d’un document sur l’interconnexion régionale en coopération avec le Partenariat mondial pour l’eauMéditerranée (GWP-Med).
La région dispose actuellement de 442,6 mégawatts de capacité éolienne installée, jouit d’un emplacement important dans un corridor énergétique stratégique, et dispose des potentialités adéquates pour réaliser des projets structurants dans le domaine des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert, outre ses ressources en eau avec 20 barrages, d’une capacité totale de 5,9 milliards M3.
L’objectif étant d’assurer l’intégration systématique de cette approche à toutes les étapes du processus décisionnel, aussi bien au niveau central que territorial, afin de garantir une gestion coordonnée et durable des ressources naturelles au Maroc, a-t-il précisé.
Dans son avis, le CESE recommande de créer des mécanismes de coordination intersectorielle Nexus aux niveaux central et régional, tout en renforçant les cadres juridiques et les politiques publiques liés au Nexus EEAE. Le Conseil souligne, également, la nécessité de transcender la vision sectorielle en abandonnant la planification en silo et en adoptant un autre mode de planification. Laquelle analyse les interdépendances entre les secteurs EEAE pour identifier les impacts et les synergies potentiels entre les politiques de chaque secteur.
Il s’agit également de renforcer et diversifier les mécanismes de financement pour l’opérationnalisation du Nexus. Le CESE insiste, in fine, sur le renforcement des capacités des acteurs pour la mise en œuvre de l’approche, notamment en mettant en place des programmes de formation et de développement des compétences.
Dans le même sillage, il est question de promouvoir la recherche, l’innovation et la gestion des informations ainsi que l’intégration des concepts du Nexus dans les programmes scolaires et universitaires. L’objectif est de former une génération de citoyens et de professionnels informés, capables de contribuer à une gestion durable et intégrée des ressources.