7ème Art : Souleymane Cissé, un précurseur au ciel

Ami du Maroc et de feu Nour-Eddine Saïl (créateur en 1977 du Festival international du cinéma africain de Khouribga), pionnier du septième art africain, lauréat du Prix du Jury à Cannes en 1987 et double vainqueur de l’Étalon de Yennenga, le réalisateur malien Souleymane Cissé s’est éteint mercredi 19 février à Bamako, à l’âge de 83 ans.

 Sa disparition survient quelques heures après l’annonce de sa nomination comme président du jury du FESPACO 2025. Il s’éteint le jour même où il exprimait sa gratitude pour sa nomination à la présidence du jury des longs métrages du FESPACO 2025. Né en 1940 à Bamako, formé à l’Institut des hautes études cinématographiques de Moscou, Cissé a marqué le cinéma africain dès son premier long métrage « Den Muso » (1975). Malgré l’interdiction du film et son emprisonnement, il poursuit son œuvre avec « Baara » (1978) et « Finyè » (1982), tous deux récompensés par l’Étalon de Yennenga au FESPACO. Son chef-d’œuvre « Yeelen » (1987), exploration de la spiritualité bambara, lui vaut le Prix du Jury de la Quinzaine à Cannes, faisant de lui le premier cinéaste d’Afrique subsaharienne primé dans ce festival.

En 2023, il reçoit le Carrosse d’or au même festival pour l’ensemble de sa carrière : « Je remercie les confrères de m’avoir choisi. Ce prix m’incite à faire de nouveaux films, à me réinventer et changer de vision », avait alors commenté le réalisateur dans un entretien avec l’AFP lors de sa venue à Cannes en 2023. Un trophée volé à son domicile en avril 2024, puis retrouvé. Figure engagée du cinéma africain, Souleymane Cissé laisse une œuvre marquée par la critique sociale et la défense des valeurs culturelles africaines, de la condition des femmes aux luttes étudiantes contre le pouvoir militaire.

Arrêté et emprisonné Souleymane

Cissé tourne son premier moyen métrage, Cinq jours d’une vie, en 1971. Le film relate l’histoire d’un jeune qui abandonne l’école coranique et vagabonde dans les rues, vivant de menus larcins. L’œuvre est primée aux Journées cinématographiques de Carthage. En 1975, il réalise son premier long métrage, en bambara, Den Muso (La Jeune fille) à propos d’une jeune fille muette violée par un chômeur. Enceinte, elle subit le rejet de sa famille et du père de l’enfant qui refuse de le reconnaître. Souleymane Cissé a ainsi expliqué sa démarche : « J’ai voulu exposer le cas des nombreuses filles-mères rejetées de partout. J’ai voulu mon héroïne muette pour symboliser une évidence : chez nous, les femmes n’ont pas la parole. » Non seulement le film est interdit par le ministre malien de la culture, mais Souleymane Cissé est arrêté et emprisonné pour avoir accepté une coopération française. Le brûlot restera interdit pendant trois ans et n’obtiendra son visa d’exploitation qu’en 1978. Fonctionnaire de l’État, Souleymane Cissé prend une disponibilité en 1977 afin de se consacrer pleinement au cinéma et crée la société de production Les Films Cissé (Sisé Filimu).

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