Comme un patient sous respirateur artificiel, la forêt d’Al Houzia agonise sous les coups de boutoir de bûcherons clandestins. Ce joyau végétal de la région de Doukkala, véritable poumon vert qui respirait depuis des siècles, se meurt dans l’indifférence quasi-générale.
La colère gronde comme un orage estival parmi les habitants. « On assassine notre enfance, nos souvenirs, l’ombre bienfaisante de nos étés », lance une jeune femme en montrant du doigt les moignons d’arbres encore fumants. Les associations environnementales parlent d’un « saccage à la tronçonneuse » qui rappelle les pires heures de la déforestation sauvage.
Cette saignée écologique fait des ravages bien au-delà des bois abattus. Tout un écosystème vacille : les oiseaux, délogés comme des squatters, tournent en rond au-dessus de ce qui fut leur royaume. Les petits mammifères, véritables sans-abri de cette catastrophe, errent dans un paysage devenu lunaire.
Les autorités locale et communale, pourtant engagées dans une course contre la montre climatique, brillent par leur absence. Le silence des administrations résonne comme un coup de tonnerre dans cette tempête écologique.
« Chaque arbre qui tombe, c’est une page de notre histoire qui part en fumée », soupire un enseignant à la retraite. Dans cette course effrénée contre la montre, une question brûle toutes les lèvres : qui tendra enfin la main pour arrêter cette hémorragie avant le point de non-retour ?