Face à la sécheresse, le Maroc garde le cap : météo de précision et réseau climatique élargi au service de la souveraineté alimentaire.
Pour l’horizon 2030, le Royaume s’est fixé un objectif ambitieux : assurer 80% de son autosuffisance agricole, malgré les défis imposés par le climat. Cette ambition, affirmée par le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, au SIAM 2025, s’appuie sur des initiatives tangibles comme la construction de barrages, l’exploitation des eaux non conventionnelles et les plans d’aménagement hydraulique régionaux.
Dans ce contexte, les services météorologiques et climatiques apparaissent comme un levier stratégique pour améliorer la planification, le suivi et l’anticipation des impacts climatiques sur l’agriculture. L’agriculture de demain sera nécessairement une agriculture de précision, basée sur des données fiables et actualisées. Ainsi, en tant que carrefour d’aléas, le secteur agricole figure parmi les principaux consommateurs des données climatiques.
À l’occasion de la Journée nationale des services météorologiques et climatiques, tenue le lundi 5 mai à l’initiative du ministère de l’Équipement et de l’Eau et de la Direction Générale de la Météorologie (DGM), les panels thématiques ont souligné l’importance stratégique de ces services pour la prévention des risques, la protection des populations et le renforcement de la résilience, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’hydraulique, ainsi que de la gestion des ressources en eau et des forêts.
Un réseau de 300 stations météorologiques pour accompagner le secteur
Grâce à un partenariat stratégique avec la Direction Générale de la Météorologie (DGM), le ministère de l’Agriculture s’appuie aujourd’hui sur un réseau de près de 300 stations météorologiques réparties sur l’ensemble du territoire, à travers ses différentes structures (ORMVAs, INRA, DPAs…). Ce dispositif permet de fournir aux agriculteurs des données climatiques fiables et actualisées, facilitant la prise de décision à chaque étape du développement des cultures et contribuant à une meilleure gestion des risques climatiques. Néanmoins, la structuration de ces services demeure encore partielle et leur couverture nationale reste limitée, comme le souligne Abdeslam Ziyad, Directeur de la Stratégie et des Statistiques (DSS) au sein du ministère. Pour renforcer le rôle de ces services climatiques pour une agriculture durable – et au-delà – M. Baraka et le ministre de l’Agriculture, M. Ahmed El Bouari, ont signé une convention-cadre en marge de la 17ème édition du SIAM le mois dernier. Objectif : bâtir un partenariat structurant autour de l’agriculture, de la météorologie et du climat afin de répondre durablement aux défis du secteur.
Outils de pointe pour anticiper les risques agricoles
Lors de la Journée nationale des services météorologiques et climatiques, Abdeslam Ziyad a présenté les outils et les avancées mobilisés par le département, dont le système CGMS-Maroc (Crop Growth Monitoring System) qui a atteint aujourd’hui sa 3ème version, enrichie de fonctionnalités techniques et opérationnelles renforcées. Cet outil innovant d’aide à la décision, dédié au suivi des campagnes agricoles et à la prévision des rendements céréaliers, est en constante évolution depuis 2013. Née d’une collaboration stratégique entre institutions nationales (INRA, IAV Hassan II, DGM, ministère de l’Agriculture) et organismes internationaux réputés (JRC européen, Université de Liège, VITO, Alterra, etc.), la plateforme CGMS-Maroc mobilise les technologies les plus avancées en matière de collecte de données, modélisation agro-climatique et Intelligence Artificielle. Son architecture modulaire et intégrée repose sur 3 piliers : l’harmonisation de données multi-sources, la prédiction des rendements par modèles mathématiques et la diffusion des résultats via une interface Web ergonomique.
Plusieurs outils de suivi et de prévision sont également mis à disposition pour accompagner le processus décisionnel dans le secteur agricole, en permettant un suivi en temps réel des variables climatiques et de leurs impacts potentiels sur les cultures (pluviométrie, température, évapotranspiration, couverture végétale, etc.).
Garantir l’accès à l’information climatique pour les petits agriculteurs
L’amélioration de l’accès aux services climatiques pour les agriculteurs et les acteurs du secteur repose sur une collaboration étroite avec la DGM, visant à mutualiser les stations météorologiques et à mettre en place le Réseau Climatique d’État (RCE). Ce dispositif permettra de renforcer la précision des données, notamment dans les zones agricoles, tout en élargissant l’accès aux services climatiques pour l’ensemble des utilisateurs.
«Dans cette optique, le système CGMS bénéficiera d’améliorations fonctionnelles et technologiques significatives, étendant sa couverture et se déployant via une application mobile destinée aux agriculteurs», nous précise Abdeslam Ziyad. Et d’ajouter : «Les données collectées à travers ce Réseau Climatique d’Etat seront d’une grande utilité pour l’ensemble des utilisateurs, notamment les agriculteurs. Dans ce sens, nous voulons consolider ce partenariat avec les professionnels du secteur, notamment la COMADER, ici présente, et d’autres acteurs du secteur, notamment la communauté R&D pour une meilleure orientation des interventions publiques et une prise de décision éclairée pour nos agriculteurs en matière de pratiques agricoles durables (irrigation, protection et traitement des cultures, etc.) en vue d’augmenter la productivité et l’efficience d’utilisation des ressources, particulièrement l’eau agricole».
«Les résultats de cet événement viendront nourrir un travail ultérieur de co-construction d’une stratégie nationale pour le développement des services climatiques agricoles. Ces services contribueront au renforcement de la résilience de notre agriculture et de sa durabilité», a conclu le responsable gouvernemental.
Quelles stratégies l’ACMAD met-elle en œuvre pour combler le fossé entre la production de données climatiques et leur utilisation effective par les petits exploitants agricoles ?
Comment évaluez-vous la collaboration actuelle entre l’ACMAD et le Maroc dans le développement des services climatiques pour l’agriculture, et quelles sont les perspectives d’approfondissement de ce partenariat à l’avenir ?