Lors de la présentation de son avis le 14 mai à Rabat, le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) a formulé des recommandations visant à ériger la petite et moyenne agriculture familiale (PMAF) en pilier stratégique des politiques agricoles et rurales du Maroc.
Conscient de l’importance de ce potentiel encore largement en jachère, le Conseil Economique, Social et Environnemental a présenté, mercredi à Rabat, un avis consacré à ce modèle agricole. Ce rapport examine les défis majeurs auxquels il est confronté et propose des recommandations concrètes pour renforcer sa viabilité économique tout en optimisant ses fonctions sociales et environnementales. Le CESE y plaide pour une reconnaissance pleine de ce modèle agricole, en tant que levier stratégique des politiques rurales et agricoles du Royaume, au service d’un développement durable, équitable et inclusif.
Fruit d’une démarche participative, cet avis repose sur un dialogue approfondi entre les composantes du Conseil, des auditions menées auprès des parties prenantes, une mission de terrain dans la province d’Essaouira, ainsi que sur les contributions recueillies via la plateforme citoyenne «ouchariko.ma» et les réseaux sociaux.
D’après les constats du Conseil, les exploitations familiales représentent près de 70% des unités agricoles au Maroc, mais demeurent largement marginalisées dans les politiques publiques, notamment en matière de financement, d’appui technique et d’accompagnement. Le Plan Maroc Vert ne leur a consacré que moins de 15% des investissements, bien qu’elles soient les principales actrices de l’agriculture solidaire.
Dans le cadre de la gestion de l’eau, le président du CESE, Abdelkader Amara, a rappelé que cette problématique dépasse les frontières nationales. Approché par «L’Opinion», il a ainsi suggéré l’adoption de cultures alternatives comme solution pour faire face à la rareté de l’eau. En outre, il a souligné que la PMAF doit avoir accès à l’eau de manière équitable, à l’instar des grandes exploitations agricoles, en mettant en place des mécanismes permettant un partage juste des ressources hydriques.
Sur un autre aspect, Abderrahmane Kandila, rapporteur de l’avis, a mis en évidence que les exploitations de moins de cinq hectares génèrent 29% de la valeur ajoutée agricole nationale et a souligné l’importance des filières spécialisées, telles que l’agriculture biologique et les produits de terroir, pour dynamiser l’économie rurale.
Il souligne aussi l’importance d’un système de financement et d’incitation mieux adapté, avec des taux d’intérêt bonifiés correspondant à leurs capacités de remboursement, ainsi qu’un financement intégré couvrant tous les facteurs de production.
En outre, il recommande un système d’incitation orienté vers des actions structurantes durables, telles que les aménagements fonciers, les brisevents, les constructions rurales, les bâtiments d’élevage, de stockage, l’arboriculture, etc. Il est essentiel de s’assurer que la contribution effective de l’agriculteur soit proportionnelle à ses capacités. Il recommande également d’éviter les subventions à 100%, car ce qui est gratuit perd de sa valeur et ne suscite ensuite aucune considération.
Il a également précisé que face aux effets du changement climatique au Maroc, qui entraînent une réduction des précipitations de 20 à 30% et une augmentation des températures de 2 à 3°C, il est essentiel de généraliser les brisevents et de planter des haies autour des parcelles agricoles. Ces mesures permettent de réduire les pertes en eau de 20%, d’atténuer les variations de température et d’augmenter les rendements agricoles de 20%. Ainsi, la réhabilitation écologique à grande échelle aiderait le Maroc à mieux faire face au changement climatique.
le manque d’immatriculation: environ 88 % des terres de la petite agriculture ne sont pas immatriculées.
Il s’agit soit de melk non-immatriculés, soit de terres collectives, qui ne disposent donc pas des garanties nécessaires pour accéder au crédit bancaire. Cette situation fragilise cette forme d’agriculture;
le morcellement des terres agricoles, dû à la succession et à la division des parcelles, ce qui réduit la taille moyenne des exploitations et impacte la productivité ;
le fait que d’environ 66 % des exploitations de moins de 5 ha sont en indivision, exposant cette population à des conditions particulièrement précaires.
L’indemnisation, cependant, n’est déclenchée que si une commune est déclarée sinistrée par le ministère de l’Agriculture. Ce statut dépend d’un rendement observé inférieur à la moyenne des dix dernières années. Une commission mixte évalue alors les pertes sur un échantillon représentatif. Si le rendement estimé dépasse le seuil de référence, aucun dédommagement n’est prévu.
Les limites les plus saillantes de ce mécanisme concernent la couverture partielle, des critères d’indemnisation peu individualisés, mécanisme qui manque d’informations pour les petits exploitants. Autant de défis à relever pour rendre l’assurance agricole plus inclusive et efficace dans un contexte de dérèglement climatique croissant.