Reconnaissance des diplômes étrangers : une victoire pour la mobilité, mais l’assainissement des pratiques de certaines écoles privées s’impose

La reconnaissance officielle par le Royaume du Maroc des diplômes délivrés dans 18 pays partenaires représente un tournant stratégique pour notre politique de mobilité académique et professionnelle. Cette mesure, actée dans le Bulletin Officiel, salue les efforts des diplômés marocains formés à l’étranger et vient enfin alléger les lourdeurs bureaucratiques auxquelles ils étaient confrontés.

Je tiens ici à exprimer ma gratitude à Monsieur le Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, M. Azzedine El Midaoui, pour avoir concrétisé cette décision courageuse et juste. Elle permet à de nombreux Marocains diplômés de France, d’Allemagne, du Canada, d’Espagne, des États-Unis, entre autres, de s’intégrer professionnellement au Maroc sans devoir passer par des procédures d’équivalence longues et décourageantes.

Mais cette dynamique positive ne saurait occulter une réalité préoccupante au sein même du système académique marocain. Il est devenu courant que des enseignants-chercheurs titulaires dans les universités publiques exercent parallèlement, de manière rémunérée, dans plusieurs écoles privées. Ces recrutements sont souvent payés à l’heure, avec des vacations supplémentaires pour les encadrements et interventions, bien au-delà du quota d’heures autorisé.

Ces situations de cumul de fonctions, en dehors de tout cadre légal, sont contraires au statut des enseignants universitaires qui sont des fonctionnaires de l’État. Être professeur dans une université publique et occuper un deuxième, voire un troisième poste dans le privé sans autorisation formelle constitue une infraction administrative et éthique. Cela nuit à la qualité de l’enseignement, affaiblit la recherche publique, détourne les missions académiques prioritaires, et prive les étudiants des universités publiques de l’encadrement qu’ils méritent.

Il est aujourd’hui indispensable que le ministère diligente un audit national sur ces pratiques, identifie les cas de dépassements illégaux et engage une opération d’assainissement. Cette régulation n’est pas une sanction, mais une exigence de justice et d’intégrité pour restaurer la crédibilité de notre enseignement supérieur. Le Maroc ne pourra bâtir une université forte, attractive et respectée sans un socle d’éthique, de rigueur et de transparence.

Cette reconnaissance des diplômes étrangers est une victoire. Elle doit maintenant être le point de départ d’un chantier plus vaste : la moralisation de la gouvernance académique. Car la souveraineté du savoir ne s’improvise pas ; elle se construit avec lucidité, responsabilité et exemplarité.
 

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