MST, le Temps des Bougies

Histoire marocaine inspirée de faits médicaux réels.

Dans un passé très récent, au Maroc, l’amour n’était ni romantique ni réfléchi — il était charnel, direct, tarifé pour certains, quelque part entre un Sebsi du kif partagé et un verre de mahia mal distillé.

En ces temps là, les maladies honteuses, on n’en parlait qu’à voix basse, entre deux ablutions ou dans les arrière-cours des hammams, entre un vieux taleb désabusé et un coiffeur qui savait tout.

On les appelait « les brûlures », « les impuretés », « la honte »,  » la chaude pisse ». 

Jamais par leurs vrais noms. 
Comme si les mots pouvaient aggraver les maux.

Dans les souks, sur les terrasses, dans les cafés populaires où l’on jouait aux cartes sous des lampes jaunâtres, circulaient ces hommes au regard fiévreux, le pas incertain, l’âme déjà un peu lasse.

Ils passaient de corps en corps, comme on passe d’une chanson à une autre sur un vieux transistor.

Et puis, un matin, la douleur. 
Une douleur aiguë comme un cri dans la pierre.

Un feu qui les traversait quand l’urine voulait sortir, et un liquide jaunâtre, épais comme du miel avarié, s’échappait de leur virilité comme une punition silencieuse.

Mais ils se taisaient. Toujours.
La honte était plus forte que la souffrance.
Ils buvaient du thé à la menthe, regardaient le ciel de Fès, Salé ou Marrakech, et se disaient que ça allait passer. 

Mais parfois, l’infection allait plus loin.
Le chemin de l’urine se fermait douleureusement..

L’urètre se bouchait. 
Le bas-ventre se tendait comme un tambour.
Et chaque minute devenait torture.

Alors, suppléant, l’homme poussait la porte du médecin du centre de santé poussiéreux..
Un toubib l’accueille.  habitué aux drames muets.

À ce stade de la maladie,  les antibiotiques n’ont plus de place. 
Pas d’anesthésie. 
Pas de musique douce en fond.
Il y a Juste une boîte de fer.
Et dans cette boîte, des bougies métalliques, de tailles différentes, alignées comme les soldats d’un régiment perdu.

On les introduisait une à une, lentement, douloureusement, dans la verge en souffrance.

Pour forcer, pour déboucher, pour ouvrir de force le canal de la vie.

L’homme criait, appelait sa mère, son Dieu, sa chance envolée.
Mais il n’y avait pas d’échappatoire.
La douleur était le seul chemin vers la délivrance.

Et le médecin, malgré sa rudesse, était un passeur. Un guide dans le noir.

C’était ça, la médecine à cette époque pas très lointaine. 
Sans filtre. Sans fard.
Un combat entre la chair et le métal.
Entre la honte et la guérison.

 *Le temps des bougies* était un temps rude, rugueux, presque cruel.

Mais il essayait de nous apprendre ceci :
Le corps est sacré, et l’hygiène, une vérité première.
La négligence intime se paie au prix fort.

Aujourd’hui, les antibiotiques veillent, les campagnes de prévention éclairent, les bougies dorment dans les vitrines poussiéreuses des vieux dispensaires.

Mais dans la bouche des anciens — ceux qui ont beaucoup vu et tout tu — demeure encore cette image :
Celle d’un homme recroquevillé sur sa douleur,
et d’un médecin, une bougie froide à la main,
essayant de rallumer la lumière…

Et pourtant, les MST continuent d’avoir leur lot de victimes insouciantes de femmes et d’hommes

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