​Maroc – Réforme du Système de Santé : Un Investissement Stratégique pour une Croissance Inclusive et Durable

Sous l’impulsion éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a engagé une réforme ambitieuse de son système de santé, portée par un budget inédit de 50 milliards de dirhams à l’horizon 2026. Ce chantier dépasse la simple amélioration des soins : il érige la santé publique en levier stratégique de compétitivité économique, de justice sociale et de souveraineté nationale. En rompant avec des modèles fragmentés, le Royaume amorce la construction d’un système intégré, performant et résilient, fondé sur une vision de croissance inclusive et durable.

L’objectif central de cette réforme est de repositionner la santé comme un actif économique majeur. Dans un contexte mondial marqué par des crises sanitaires récurrentes, des tensions géopolitiques et des perturbations des chaînes d’approvisionnement, le Maroc opère un véritable changement de paradigme. L’investissement en santé est désormais perçu non comme une dépense, mais comme un facteur clé de développement humain, de productivité et de résilience nationale.

Ainsi, le gouvernement ambitionne de réduire les pertes économiques liées à l’absentéisme  estimées à 2,8 % du PIB, soit près de 25 milliards de dirhams par an, d’allonger la durée de vie active en bonne santé et de valoriser pleinement le dividende démographique, dans un pays où plus de 70 % de la population a moins de 35 ans. L’enjeu est de bâtir un capital humain en bonne santé, performant et résilient, au service de la compétitivité économique du pays.

Au cœur de cette stratégie, la modernisation des infrastructures de santé constitue un axe prioritaire. Le Maroc consacre 1,7 milliard de dirhams à la modernisation de cinq centres hospitaliers universitaires stratégiques à Casablanca, Rabat, Fès, Marrakech et Oujda, et mobilise 6,4 milliards de dirhams pour la réhabilitation de 1 400 centres de santé de proximité, dont 949 ont déjà été mis en service. Ce programme de relance économique et sociale renforce non seulement l’accès équitable aux soins, mais génère également des milliers d’emplois qualifiés, tout en dynamisant les secteurs du BTP, de la logistique et de la pharmacie.

Ce déploiement territorial contribue à réduire les disparités régionales et à consolider la capacité nationale à faire face aux crises sanitaires futures.

Dans le prolongement de cette dynamique, la réforme s’attaque à la pénurie structurelle de ressources humaines. Le pays ne compte que 17 professionnels de santé pour 10 000 habitants, alors que l’Organisation mondiale de la santé recommande un minimum de 45. Pour remédier à cette carence, le gouvernement a accru de 88 % la capacité des facultés de médecine entre 2019 et 2024.

Par ailleurs, trois nouveaux CHU ont été créés à Errachidia, Guelmim et Béni Mellal, tandis que les instituts de formation paramédicale ont vu leurs effectifs augmenter de 75 %. Un nouveau statut des professionnels de santé a été instauré, revalorisant les rémunérations, favorisant la mobilité géographique et introduisant une logique de performance. L’ambition est claire : construire un capital humain sanitaire qualifié, autonome, et capable de pallier progressivement la dépendance aux praticiens formés à l’étranger, tout en limitant l’exode des compétences.

La digitalisation s’impose également comme un pilier fondamental de la réforme. La création d’un identifiant sanitaire unique, interopérable avec les bases de données de la CNIE et de la CNSS, permet une gestion plus efficiente des parcours de soins. Elle s’accompagne d’une rationalisation de la gestion hospitalière, d’une diminution des erreurs médicales et d’une allocation plus optimale des ressources.

La télémédecine, quant à elle, étend l’accès aux soins spécialisés dans les zones enclavées, tout en générant des économies structurelles estimées entre 3 et 4 milliards de dirhams par an. Cette transition numérique constitue un levier de modernisation, d’efficience et de qualité pour l’ensemble du système.

Un autre volet fondamental de cette transformation réside dans l’élargissement historique de la couverture médicale. L’Assurance Maladie Obligatoire a été étendue à 22 millions de nouveaux bénéficiaires,  travailleurs indépendants, professions libérales et populations vulnérables, contribuant ainsi à élargir la base cotisante de la CNSS, à réduire la part de l’économie informelle (représentant plus de 30 % du PIB), et à alléger le fardeau financier supporté par les ménages face aux dépenses sanitaires dites « catastrophiques ».

Les retombées macroéconomiques de cette réforme sont déjà perceptibles. Selon les estimations du ministère des Finances, chaque dirham investi dans la santé génère 2,4 dirhams de valeur ajoutée. À l’horizon 2026, plus de 25 000 emplois directs et indirects devraient être créés dans les secteurs médical, paramédical, biomédical et numérique. Ces gains de productivité, associés à une réduction des incapacités de travail, renforcent la compétitivité des entreprises et favorisent une croissance plus équilibrée.

La gouvernance du secteur sanitaire bénéficie également d’un renforcement institutionnel majeur. Des agences indépendantes ont été mises en place pour réguler les marchés pharmaceutique et sanguin, ainsi que la surveillance épidémiologique. Des dispositifs de lutte contre la fraude ont permis la récupération de 4,5 milliards de dirhams entre 2022 et 2024. L’encadrement des prix, des remboursements et des pratiques professionnelles garantit la viabilité financière du système tout en renforçant la confiance des citoyens et des opérateurs privés.

Cette réforme s’appuie enfin sur un cadre juridique et financier structurant. Cinq lois fondamentales ont été adoptées : création des groupements sanitaires territoriaux, réforme du statut des professionnels de santé, régulation du secteur privé et des complémentaires santé, encadrement juridique de la digitalisation, et introduction de mécanismes de financement hybrides associant fonds publics, investissements privés et partenariats stratégiques. Ce socle normatif confère à la réforme une assise durable et une capacité d’adaptation aux évolutions futures.

Les résultats obtenus à ce jour confirment la pertinence de cette stratégie. En 2024, la santé représente 7,4 % du budget de l’État. Le taux de couverture médicale atteint 92 %, avec un objectif fixé à 95 % d’ici 2025. Le secteur contribue à hauteur de 6,1 % au PIB, avec une projection de 7,5 % à l’horizon 2030. Par ailleurs, 949 centres de proximité ont été réhabilités et plus de 25 000 emplois créés. Ces chiffres témoignent d’une transformation profonde de la santé publique en infrastructure stratégique de développement, génératrice de croissance, d’équité et d’innovation.

En conclusion, le Maroc prouve que la santé peut être un moteur puissant de progrès économique et social. En investissant massivement et stratégiquement dans ce secteur, le Royaume trace les contours d’un nouveau modèle de développement, inclusif, résilient et tourné vers l’avenir, renforçant sa position à l’échelle régionale comme internationale.
 

À propos

Check Also

Euro (f) 2025 / J2 : la France enchaîne, l’Angleterre se relance

Mission réussie pour la France, qui s’est largement imposée face au Pays de Galles (4-1). …

Laisser un commentaire