​Liban : Le «Pas-à-Pas» israélien et le Niet du Hezbollah

Le débat sur le désarmement du Hezbollah et le retrait de la présence militaire israélienne au Liban Sud continue à retenir l’attention et alimenter les tensions chez les protagonistes de tous bords libanais et israéliens.

Israël pose comme condition à toute forme de retrait militaire partiel du Liban Sud une avancée concrète sur le désarmement du Hezbollah. Une déclaration de Netanyahu, diffusée à la veille de la visite du médiateur américain Tom Barak, évoque explicitement une politique du «pas à pas», selon laquelle «toute réduction de présence israélienne sur le terrain devra s’accompagner d’un démantèlement visible des capacités militaires du Hezbollah». Cette approche a reçu un écho particulier dans la presse proche de la droite israélienne, relayée dans les colonnes d’Al Sharq Al Awsat, où il est mentionné que l’armée israélienne reste mobilisée le long de la ligne bleue et que «toute illusion de retrait sans désarmement effectif est une erreur stratégique». 

Cette ligne dure, adoptée au plus haut niveau, semble également avoir pour objectif d’influencer le calendrier diplomatique, notamment les discussions au Conseil de sécurité relatives à la prolongation du mandat de la FINUL.

Face à cette pression, le Hezbollah a réagi par la voix de son secrétaire général, Naim Kassem. Dans son discours lundi, il a rejeté toute logique conditionnelle ou séquentielle. «Il existe déjà une feuille de route qui comprend l’expulsion de l’ennemi du territoire libanais, l’arrêt de l’agression, la libération des prisonniers et le début de la reconstruction, suivis de discussions sur une stratégie défensive».

Il a surtout insisté que le Hezbollah «rejette une approche basée sur le du «pas à pas», ou une voie exigeant des concessions». S’adressant au gouvernement libanais, il l’a appelé à «respecter les accords conclus avec le Hezbollah, à ne pas céder aux pressions et à faire face à toutes les exigences avec courage et responsabilité».

Concernant l’arsenal du Hezbollah, Qassem a réaffirmé que «les armes de la résistance ne sont pas négociables» et que «le droit du Liban à se défendre ne saurait être bradé sous la pression de médiateurs ou d’accords imposés», qualifiant les exigences israéliennes de «nouvelle agression diplomatique». Il a également accusé les autorités israéliennes d’«ingérence dans les affaires souveraines d’un État indépendant», insistant sur le fait que «la sécurité nationale du Liban ne saurait être dictée par des puissances extérieures». Cette posture a été soutenue par plusieurs éditorialistes dans Al Bina’ (26 août 2025), qui voient dans les récents développements une tentative d’imposer un rapport de force favorable à Israël en dehors de tout consensus interne.
 

Converger les impératifs de sécurité avec la souveraineté de l’État
Dans ce contexte de tension, une délégation américaine conduite par Tom Barak est arrivée à Beyrouth pour relancer les discussions sur les termes d’une désescalade sécuritaire. Cette délégation, qui comprend également l’ancienne porte-parole du département d’État Morgan Ortagus et le sénateur Lindsey Graham, a entamé une série d’entretiens avec les autorités libanaises, incluant notamment des échanges avec le Premier ministre Nawaf Salam et le ministre des Finances Yassine Jaber, rapporte le quotidien Ad Diyar dans son édition du 26 août 2025.

Les discussions visent à définir un cadre de retrait progressif israélien, adossé à un renforcement de la mission de la FINUL et à un soutien renforcé à l’armée libanaise. L’objectif affiché par Washington est de «consolider une stabilité durable au Sud du Liban en favorisant l’appropriation nationale des enjeux sécuritaires». Toutefois, la presse souligne que la mission américaine semble compromise par les déclarations israéliennes, qui vident en partie de leur substance les marges de manœuvre des émissaires.

De son côté, le Quotidien Al Akhbar rapporte que des sources politiques évoquent une défiance croissante du Hezbollah vis-à-vis de cette initiative, qu’il perçoit comme un prolongement des intérêts israélo-américains. 

Cette lecture est renforcée par la teneur des messages portés par la délégation, que plusieurs acteurs politiques accusent de «parler d’équilibre tout en exigeant une soumission», alors que plusieurs analystes mettent en garde contre une explosion institutionnelle si aucune solution ne permet de faire converger les impératifs de sécurité nationale avec la souveraineté de l’État.
 

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