Le rapport de l’ONU sur le Sahara démontre une nouvelle fois l’impasse militaire du Polisario et la dynamique internationale implacable en faveur du plan d’autonomie. Décryptage.
Impasse militaire pour le Polisario
Curieusement, l’instance onusienne se montre d’une indulgence étonnante envers le front séparatiste dont elle n’a jamais critiqué ouvertement le retrait du cessez-le-feu en 2020. Le Polisario continue de s’en targuer ostensiblement et fièrement à chaque fois, alors que le Maroc reste attaché à l’accord de paix tout en se réservant le droit de riposter en cas de menace et de prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver l’intégrité de son territoire.
Selon le rapport de Guterres, “la plupart des tirs signalés à la MINURSO par les parties sont restés concentrés dans le Nord du territoire, près de Mahbas”. Il fait état de la coopération assidue des FAR avec les Casques bleus pour vérifier les lieux des tirs. L’ONU prend acte des attentats perpétrés par le Polisario souvent contre des zones civiles dont les tirs lancés, le 9 novembre à Mahbas, lors d’une commémoration civile du quarante-neuvième anniversaire de la Marche Verte. La MINURSO n’a protesté officiellement que lorsqu’une des roquettes du Polisario est tombée à 200 mètres de sa base à Smara.
En gros, la situation reste sous contrôle du Maroc. Hormis quelques échanges de tirs d’artillerie très sporadiques, sans impact, et quelques opérations anti-infiltration dans la zone tampon, le front séparatiste reste hors d’état de nuire et ne semble même pas avoir la capacité militaire et logistique de constituer un danger. D’où le choix de cibler des zones civiles qui reste l’unique possibilité d’un mouvement qui revendique de plus en plus son caractère terroriste.
L’ONU reconnaît la réalité !
C’est tout ce que le front a pu récolter, cinq ans environ après s’être retiré du cessez-le-feu suite à la libération d’El Guerguerat le 13 novembre 2020. Depuis lors, la descente aux enfers n’a pas cessé. Échec militaire, décrédibilisation à l’international, désaveux diplomatiques, les camouflets se sont enchaînés à la vitesse de lumière au moment où la majeure partie de la communauté internationale se range du côté du Maroc. Antonio Guterres a pris acte du soutien explicite de la France et du Royaume-Uni à la marocanité du Sahara et au plan d’autonomie, tout en citant les arrêts de la Cour de Justice de l‘Union Européenne annulant les accords agricole et de pêche. Des accords auxquels l’UE reste attachée et que la Commission Européenne veut renouveler en trouvant des astuces juridiques qui respectent l’intégrité territoriale du Maroc.
Toujours à propos de la situation sur le terrain, de l’autre côté du mur des sables, la situation est catastrophique dans les camps de Tindouf, où on frôle la catastrophe humanitaire, au moment où la caste dirigeante prend plaisir à sillonner le monde dans des jets fournis par l’Algérie et à goûter le faste des réceptions à l’étranger. Ce qui soulève beaucoup de questions sur le détournement de l’aide humanitaire que dénoncent l’ONU et plusieurs personnalités politiques, dont des eurodéputés. Là, l’ONU se contente d’un constat amer en éludant l’enfer que vivent les populations sous la tyrannie de la caste au pouvoir. Curieusement, on ne trouve aucune mention du recensement des populations que la communauté internationale ne cesse de réclamer face au refus catégorique de l’Algérie.
Derniers mouvements avant le verdict final
Sur le plan politique, bien que la majeure partie des pays du Conseil de Sécurité, les Etats-Unis en tête, sont en faveur d’une solution sur la base du plan d’autonomie, le Secrétaire Général de l’ONU se dit encore “convaincu qu’il est possible de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable”. Il s’est félicité des efforts de son envoyé spécial, Staffan de Mistura, qui a enchaîné les réunions avec les principaux pays concernés, notamment ceux du groupe “des amis du Sahara”, sans parvenir pour autant à réaliser des progrès sur les négociations. Après s’être tiré une balle dans le pied avec le très controversé plan de partition, il s’est finalement résigné à accepter l’idée de l’autonomie dont il a invité le Maroc à détailler le contenu. Mais son succès dépend de sa capacité à ramener toutes les parties, notamment l’Algérie, à la table de négociations. Ce à quoi Alger s’oppose opiniâtrement. Maintenant, la tâche de l’émissaire onusien semble moins épineuse qu’auparavant, du moment que les Etats-Unis s’apprêtent à imposer le plan d’autonomie, comme unique solution envisageable, dans la prochaine Résolution du Conseil de Sécurité, dont ils sont le porte-plume.
Le président Donald Trump a réitéré sa reconnaissance de la marocanité du Sahara dans la lettre envoyée à SM le Roi à l’occasion de la Fête du Trône. Paris et Londres soutiennent sans équivoque la souveraineté marocaine. “Les Chinois ne posent aucun problème, tandis que les Russes risquent un moment de faire monter les enchères sans conséquences puisqu’ils finissent généralement par s’abstenir”, explique Mohamed Badine El Yattioui, géopolitologue, fin connaisseur du conflit. Ce scénario est désormais fort probable, voire acquis, d’autant plus que tout le monde semble vouloir tourner la page de ce conflit qui n’a que trop duré.
Maintenant, c’est l’Algérie qui demeure la variable dans cette équation, du moment qu’elle semble faire l’autruche, bien qu’elle soit appelée à négocier. Mais sur quelle base ? Certains observateurs estiment qu’Alger, qui a perdu la bataille diplomatique, n’a plus voix au chapitre et qu’il devra se contenter d’accepter la réalité sans avoir aucun mot à dire sur l’application du plan d’autonomie qui demeure une affaire souveraine.
Le Polisario peut-il subir le même sort que le PKK en Turquie qui a fini par déposer les armes ?
Quel serait le cœur d’une négociation maroco-algérienne au cas où elle aurait lieu un jour ?
Comment tenir face à la baisse des financements qui exacerbe la situation ? Selon les Nations Unies, des budgets ont été opérés par les donateurs, à savoir le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, le Programme alimentaire mondial et l’Organisation mondiale de la Santé, et les organisations non gouvernementales. Résultat : la malnutrition aiguë globale atteint presque 13% et celle du retard de croissance dépasse les 30%, d’après les résultats préliminaires de l’enquête sur la nutrition de 2025. Ces coupes budgétaires ont réduit l’alimentation, le gaz, l’éducation, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, et la nutrition.
Les Nations Unies estiment qu’il faudrait 103,9 millions de dollars supplémentaires en 2025 pour remédier à la situation. “La réduction du financement a des répercussions sur l’ensemble des réfugiés sahraouis, les enfants et les femmes étant particulièrement touchés par la malnutrition à différents niveaux, et a également une incidence sur l’enseignement primaire et les programmes ciblés d’aide à la jeunesse”, lit-on dans le rapport.
En gros, le plan accorde aux populations des provinces du Sud une large autonomie en matière de gestion des affaires locales, tandis que l’Etat garde les attributs de souveraineté en exerçant pleinement ses prérogatives dans la diplomatie, la sécurité, la défense nationale, les douanes… Pour sa part, la région sera dotée d’un pouvoir exécutif autonome, issu d’une Assemblée législative élue dans le cadre de la Constitution marocaine. Le Chef du gouvernement est investi par le Souverain. Dans le domaine judiciaire, la proposition marocaine ouvre la voie à la création de juridictions par le Parlement régional. L’autonomie est également prévue en matière fiscale.