Rapport d’Antonio Guterres sur le Sahara : En attendant le Conseil de Sécurité, le constat choc de Guterres ! [INTÉGRAL]

Le rapport de l’ONU sur le Sahara démontre une nouvelle fois l’impasse militaire du Polisario et la dynamique internationale implacable en faveur du plan d’autonomie. Décryptage.

À la veille de la prochaine réunion du Conseil de Sécurité sur le Sahara, que tout le monde attend avec une extrême impatience, le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres, a livré son rapport à l’Assemblée Générale. Un document de sept pages qui résume la situation sur le terrain et l’évolution du processus politique. Loin d’être parfaitement objectif, le SG de l’ONU s’indigne d’une situation alarmante et intenable, qu’il juge “urgent de renverser la tendance pour éviter toute nouvelle escalade”. De quelle escalade parle-t-on ? L’ONU fait état sur la base des rapports de la MINURSO de “tensions de faible intensité”.
 
 
Impasse militaire pour le Polisario
 
Curieusement, l’instance onusienne se montre d’une indulgence étonnante envers le front séparatiste dont elle n’a jamais critiqué ouvertement le retrait du cessez-le-feu en 2020. Le Polisario continue de s’en targuer ostensiblement et  fièrement à chaque fois, alors que le Maroc reste attaché à l’accord de paix tout en se réservant le droit de riposter en cas de menace et de prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver l’intégrité de son territoire.
 
Selon le rapport de Guterres, “la plupart des tirs signalés à la MINURSO par les parties sont restés concentrés dans le Nord du territoire, près de Mahbas”. Il fait état de la coopération assidue des FAR avec les Casques bleus pour vérifier les lieux des tirs. L’ONU prend acte des attentats perpétrés par le Polisario souvent contre des zones civiles dont les tirs lancés, le 9 novembre à Mahbas, lors d’une commémoration civile du quarante-neuvième anniversaire de la Marche Verte. La MINURSO n’a protesté officiellement que lorsqu’une des roquettes du Polisario est tombée à 200 mètres de sa base à Smara.
 
En gros, la situation reste sous contrôle du Maroc. Hormis quelques échanges de tirs d’artillerie très sporadiques, sans impact, et quelques opérations anti-infiltration dans la zone tampon, le front séparatiste reste hors d’état de nuire et ne semble même pas avoir la capacité militaire et logistique de constituer un danger.  D’où le choix de cibler des zones civiles qui reste l’unique possibilité d’un mouvement qui revendique de plus en plus son caractère terroriste.  
 
 
L’ONU reconnaît la réalité !
 
C’est tout ce que le front a pu récolter, cinq ans environ après s’être retiré du cessez-le-feu suite à la libération d’El Guerguerat le 13 novembre 2020. Depuis lors, la descente aux enfers n’a pas cessé. Échec militaire, décrédibilisation à l’international, désaveux diplomatiques, les camouflets se sont enchaînés à la vitesse de lumière au moment où la majeure partie de la communauté internationale se range du côté du Maroc. Antonio Guterres a pris acte du soutien explicite de la France et du Royaume-Uni à la marocanité du Sahara et au plan d’autonomie, tout en citant les arrêts de la Cour de Justice de l‘Union Européenne annulant les accords agricole et de pêche. Des accords auxquels l’UE reste attachée et que la Commission Européenne veut renouveler en trouvant des astuces juridiques qui respectent l’intégrité territoriale du Maroc. 
 
Toujours à propos de la situation sur le terrain, de l’autre côté du mur des sables, la situation est catastrophique dans les camps de Tindouf, où on frôle la catastrophe humanitaire, au moment où la caste dirigeante prend plaisir à sillonner le monde dans des jets fournis par l’Algérie et à goûter le faste des réceptions à l’étranger. Ce qui soulève beaucoup de questions sur le détournement de l’aide humanitaire que dénoncent l’ONU et plusieurs personnalités politiques, dont des eurodéputés.  Là, l’ONU se contente d’un constat amer en éludant l’enfer que vivent les populations sous la tyrannie de la caste au pouvoir. Curieusement, on ne trouve aucune mention du recensement des populations que la communauté internationale ne cesse de réclamer face au refus catégorique de l’Algérie.    
 

Derniers mouvements avant le verdict final 
 
Sur le plan politique, bien que la majeure partie des pays du Conseil de Sécurité, les Etats-Unis en tête, sont en faveur d’une solution sur la base du plan d’autonomie, le Secrétaire Général de l’ONU se dit encore “convaincu qu’il est possible de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable”. Il s’est félicité des efforts de son envoyé spécial, Staffan de Mistura, qui a enchaîné les réunions avec les principaux pays concernés, notamment ceux du groupe “des amis du Sahara”, sans parvenir pour autant à réaliser des progrès sur les négociations. Après s’être tiré une balle dans le pied avec le très controversé plan de partition, il s’est finalement résigné à accepter l’idée de l’autonomie dont il a invité le Maroc à détailler le contenu. Mais son succès dépend de sa capacité à ramener toutes les parties, notamment l’Algérie, à la table de négociations. Ce à quoi Alger s’oppose opiniâtrement. Maintenant, la tâche de l’émissaire onusien semble moins épineuse qu’auparavant, du moment que les Etats-Unis s’apprêtent à imposer le plan d’autonomie, comme unique solution envisageable, dans la prochaine Résolution du Conseil de Sécurité, dont ils sont le porte-plume.
 
Le président Donald Trump a réitéré sa reconnaissance de la marocanité du Sahara dans la lettre envoyée à SM le Roi à l’occasion de la Fête du Trône. Paris et Londres soutiennent sans équivoque la souveraineté marocaine. “Les Chinois ne posent aucun problème, tandis que les Russes risquent un moment de faire monter les enchères sans conséquences puisqu’ils finissent généralement par s’abstenir”, explique Mohamed Badine El Yattioui, géopolitologue, fin connaisseur du conflit. Ce scénario est désormais fort probable, voire acquis, d’autant plus que tout le monde semble vouloir tourner la page de ce conflit qui n’a que trop duré. 
 
Maintenant, c’est l’Algérie qui demeure la variable dans cette équation, du moment qu’elle semble faire l’autruche, bien qu’elle soit appelée à négocier. Mais sur quelle base ? Certains observateurs estiment qu’Alger, qui a perdu la bataille diplomatique, n’a plus voix au chapitre et qu’il devra se contenter d’accepter la réalité sans avoir aucun mot à dire sur l’application du plan d’autonomie qui demeure une affaire souveraine.
 
 

Trois questions à Mohamed Badine El Yattioui : “Pour l’Algérie, accepter le plan d’autonomie est un aveu d’échec”
A votre avis, l’Algérie peut-elle négocier quitte à accepter l’échec de son projet séparatiste ?

 
Le scénario de sortie par le haut me paraît très compliqué. L’Algérie aurait de la peine à reconnaître le plan d’autonomie puisque ça serait un aveu d’échec. Alger refuse catégoriquement les négociations directes sous prétexte qu’elle n’est pas partie prenante et ne cesse de ressasser cet argument depuis des années. Du point de vue algérien, c’est le Polisario qui doit être mis au-devant de la scène bien qu’il soit subordonné au régime. Par conséquent, si l’Algérie cède sur ce point, elle se verra prise dans son propre piège.  Or, elle risque de se trouver dans l’impasse si le Conseil de Sécurité l’appelle expressément à négocier dans sa prochaine Résolution. Très honnêtement, je ne vois pas quelle sortie par le haut peut-on imaginer pour l’Algérie, à moins que sa diplomatie fasse preuve de finesse en acceptant de négocier sur la base du plan d’autonomie qui demeure l’horizon indépassable d’une solution aujourd’hui.
 

Le Polisario peut-il subir le même sort que le PKK en Turquie qui a fini par déposer les armes ?  

 
Le Polisario devra commencer par déposer les armes et s’auto-dissoudre. Ses membres n’ont d’autres choix que de rejoindre le Maroc et de se déclarer comme Marocains. C’est la seule manière d’une sortie par le haut. Le pire scénario serait le refus de toute solution, fût-elle imposée par les Nations Unies. Là, le front risque de basculer une fois pour toutes dans la clandestinité et, par conséquent, se transformer aux yeux de la communauté internationale en organisation terroriste.  Ce mouvement n’a plus aucune raison d’être. Né en 1973 pour chasser les colons espagnols, il s’est transformé en outil de l’Algérie dans un projet séparatiste pour déstabiliser le Maroc dans un contexte de bipolarisation du monde pendant la guerre froide.     
 

Quel serait le cœur d’une négociation maroco-algérienne au cas où elle aurait lieu un jour ?

 
Je ne vois pas l’Algérie consentir à accepter l’idée de l’autonomie. Mais, n’oublions pas que son contenu est une affaire maroco-marocaine puisqu’il s’agit de concevoir le mode de gestion des affaires locales d’une région sous souveraineté marocaine. Donc, je comprends l’idée que l’Algérie n’a rien à dire sur un projet souverain. Si le Conseil de Sécurité décrète que l’autonomie est l’unique solution envisageable, Alger ne pourrait rien faire. Son opposition ne changera rien à la dynamique onusienne. Restent maintenant les questions bilatérales à trancher telles que les frontières, la coopération bilatérale. Il existe des intérêts communs. 
 
 

Camps de Tindouf : Le spectre de la misère
La situation humanitaire ne cesse d’empirer de jour en jour dans les camps de Tindouf. Prises en tenailles entre des clans rivaux qui règlent leurs comptes à longueur de journée, les populations vivent dans une misère absolue, au moment où l’armée algérienne resserre impitoyablement l’étau sur les camps pour éviter que les gens puissent s’enfuir. La caste de Brahim Ghali n’a d’autre choix que la fuite en avant. Digne des régimes soviétiques, le front enferme une population dont il bourre le crâne de propagande mensongère à propos de l’illusion séparatiste aujourd’hui enterrée.  Pourtant, le front enferme une population qu’il a de plus en plus du mal à entretenir quitte à la laisser moisir.
 
Comment tenir face à la baisse des financements qui exacerbe la situation ? Selon les Nations Unies, des budgets ont été opérés par les donateurs, à savoir le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, le Programme alimentaire mondial et l’Organisation mondiale de la Santé, et les organisations non gouvernementales. Résultat : la malnutrition aiguë globale atteint presque 13% et celle du retard de croissance dépasse les 30%, d’après les résultats préliminaires de l’enquête sur la nutrition de 2025. Ces coupes budgétaires ont réduit l’alimentation, le gaz, l’éducation, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, et la nutrition.
 
Les Nations Unies estiment qu’il faudrait 103,9 millions de dollars supplémentaires en 2025 pour remédier à la situation. “La réduction du financement a des répercussions sur l’ensemble des réfugiés sahraouis, les enfants et les femmes étant particulièrement touchés par la malnutrition à différents niveaux, et a également une incidence sur l’enseignement primaire et les programmes ciblés d’aide à la jeunesse”, lit-on dans le rapport.  
 

Autonomie : Ce que prévoit l’initiative marocaine
Présentée en 2007, l’initiative d’autonomie permet de concilier les revendications légitimes du Maroc sur son territoire historique et le principe d’autodétermination. L’idée consiste à ce que la région puisse s’autogérer dans les limites des prérogatives qui lui seront dévolues de sorte à tirer profit de ses propres ressources.
 
En gros, le plan accorde aux populations des provinces du Sud une large autonomie en matière de gestion des affaires locales, tandis que l’Etat garde les attributs de souveraineté en exerçant pleinement ses prérogatives dans la diplomatie, la sécurité, la défense nationale, les douanes… Pour sa part, la région sera dotée d’un pouvoir exécutif autonome, issu d’une Assemblée législative élue dans le cadre de la Constitution marocaine. Le Chef du gouvernement est investi par le Souverain. Dans le domaine judiciaire, la proposition marocaine ouvre la voie à la création de juridictions par le Parlement régional. L’autonomie est également prévue en matière fiscale.  

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