Alors que la Fédération des droits du consommateur alerte sur la circulation continue du médicament antidépresseur Ludiomil sur le marché marocain, malgré son retrait en France en raison d’un cancérogène probable, les pharmaciens affirment que ce produit n’est plus commercialisé suite à un avis de l’Agence du médicament et des produits de santé. Détails
Cette décision a suscité le débat au Maroc, surtout suite à la succession des alertes de membres de la société civile affirmant la présence de ce médicament dans les étals des pharmacies et rappelant la nécessité de son retrait des officines.
En effet, la Fédération marocaine des droits du consommateur a alerté sur la circulation continue de ce médicament, alors que les pharmacies évoquent une rupture de stock due à des problèmes d’approvisionnement et non un arrêt de vente, ce qui constitue une atteinte grave à la santé publique, selon les termes de la fédération.
La fédération a également appelé le ministère de la Santé à ordonner son retrait immédiat, accompagné d’un avis à destination des patients ayant déjà acheté ce médicament, afin qu’ils le rapportent au laboratoire.
De son côté, la Confédération des syndicats de pharmaciens du Maroc a indiqué que, peu de temps après la décision des autorités françaises concernant le rappel de ce produit, les pharmacies ont reçu un avis de l’Agence marocaine du médicament et des produits de santé annonçant le retrait du marché des lots de ce médicament et l’arrêt de sa distribution auprès des officines pour la même raison constatée en France.
Amine Bouzoubaa, Secrétaire général de la Confédération des syndicats de pharmaciens du Maroc, a affirmé que le médicament n’est plus en vente dans les pharmacies puisque les lots disponibles ont été retirés du marché par les sociétés de distribution concernées.
« Cette décision préventive s’inscrit dans le cadre des efforts visant à promouvoir l’accès sécurisé aux produits de santé et vise à préserver la santé publique des risques contenus dans le médicament concerné », a-t-il indiqué, expliquant que ce dernier présente des impuretés classées comme cancérogènes, au-delà du degré toléré, pouvant présenter un risque pour la santé du consommateur.
Le professionnel a également précisé qu’aucun patient ne peut s’en procurer de façon informelle, car la délivrance des psychotropes s’effectue dans un circuit fermé et obéit à des conditions restrictives, exigeant une prescription médicale récente du médecin traitant, ainsi qu’une vérification de l’identité du patient et son enregistrement dans un registre spécial dédié à ce type de médicaments.
Dans ce sens, Bouazza Kherrati, président de la Fédération des droits du consommateur, a dénoncé l’absence de communication officielle concernant les risques que présente ce médicament et la décision de son retrait par l’Agence du médicament.
« La communication autour de l’alerte de l’Agence n’a pas été efficacement gérée, d’autant plus que tout le monde n’est pas forcément au courant de l’actualité relative à ce médicament. Il y a certainement des personnes non informées qui vont continuer à le prendre à leurs risques et périls. La procédure consiste à informer les consommateurs et les professionnels par tous les moyens possibles afin que les patients qui en détiennent soient avertis et puissent arrêter la consommation de ce médicament », insiste Bouazza Kherrati.