À l’approche de l’Aïd Al Mawlid Annabaoui, ce vendredi 5 septembre, El Jadida vibre d’une effervescence discrète mais palpable. Dans les ruelles de Derb Ghallef, Lalla Zahra, sur les étals de Sidi Bouzid ou dans les petites épiceries du centre-ville, les marchands déploient leurs trésors : dattes charnues, figues séchées, raisins dorés, amandes croquantes, abricots moelleux, pistaches délicates et pruneaux lustrés. Plus qu’un simple marché, c’est une mise en scène des sens, une mémoire vivante qui s’expose et qui rappelle combien la gourmandise peut être empreinte de spiritualité.
Les fruits secs, ici, ne se contentent pas d’être dégustés. Ils portent une symbolique plurielle. Offerts aux proches, glissés dans les pâtisseries traditionnelles ou savourés lors des veillées spirituelles, ils rythment la fête et nourrissent les âmes. « Chaque année, je choisis mes dattes chez le même marchand, c’est une tradition familiale », confie Fatima, mère de trois enfants, rencontrée au marché central. « Ce n’est pas juste une question de goût, c’est une manière de transmettre quelque chose à mes enfants. » Dans cette confidence se dessine l’essence même de la fête : une transmission invisible mais profondément ressentie.
À El Jadida, l’Aïd Al Mawlid se vit dans les gestes du quotidien, dans les sourires échangés entre voisins, dans les sacs qui s’alourdissent de douceurs colorées. La spiritualité s’invite dans la convivialité, et les fruits secs deviennent alors les discrets ambassadeurs d’un patrimoine où l’élégance des traditions se conjugue à la chaleur des cœurs.