​Liban : Séance du gouvernement sur les armes ou la victoire pour tous

La séance gouvernementale de vendredi dernier au palais présidentiel a été l’une des séances gouvernementales les plus sensibles et s’est déroulée dans un climat de tensions politique et sécuritaire inédites, de par son ordre du jour consacré à l’examen du «plan» de l’armée visant à restreindre la possession d’armes à l’État.

La séance a semblé similaire dans sa forme à celles des 5 et 7 septembre, avec la présence des ministres du «tandem chiite» et leur retrait, rejoints par le cinquième ministre chiite. Cependant, la différence cette fois-ci résidait dans le fait que la «chaleur» entourant le retrait s’est rapidement transformée en «flexibilité», en raison de la formulation de la déclaration finale, jugée par beaucoup «ambiguë», permettant à toutes les forces politiques de l’interpréter à leur guise, selon le principe «ni vainqueur ni vaincu», plutôt que de définir une voie unique et claire.

Ce qui a peut-être encore brouillé la situation était le désaccord entre ceux qui estimaient que la session établissait un principe national unificateur et ceux qui la considéraient comme une étape formelle masquant l’incapacité de l’État à imposer son autorité. 

Le Hezbollah lui-même est allé jusqu’à la qualifier d’«opportunité», montrant clairement que chacun, bien qu’à des degrés divers, a tenté de la présenter comme un gain politique, transformant le débat en une compétition sur le récit de la victoire plutôt qu’en une confrontation sur le fond.

Après avoir craint que la session sur l’«exclusivité des armes» ne renverse le gouvernement et n’entraîne le pays dans l’inconnu, les délibérations ont révélé la manière dont les forces libanaises ont géré le principe sensible de l’exclusivité des armes, chaque groupe parvenant à se tailler une place dans son camp. Par exemple, les forces qualifiées de «souveraines» considéraient l’établissement du principe d’exclusivité des armes comme une étape fondamentale, tandis que le «tandem chiite» voyait dans cette discussion une occasion d’apaiser le climat interne et de réorienter la situation, pour ainsi dire.

Cette contradiction d’approches s’est reflétée dans les discussions sur les mécanismes de mise en œuvre. L’évocation de cinq phases pour la collecte des armes semblait à certains n’être qu’un cadre théorique nécessitant un consensus supplémentaire, tandis que d’autres y voyaient une feuille de route préliminaire pouvant être développée ultérieurement. 
 

Une équation délicate ancrée dans des calculs internes
Si la «discrétion» des décisions a permis l’adoption d’une formule souple à même de sauver la face, elle a également suscité l’opposition de plusieurs forces, notamment du Courant Patriotique Libre, qui estimait qu’une telle question ne pouvait être gérée à l’écart de l’opinion publique.

En fin de compte, cette session «sensible» a débouché sur une équation délicate, qui semble fermement ancrée dans des calculs internes : aucun groupe n’a pu imposer pleinement sa vision, mais personne n’en est ressorti perdant. Ceci explique l’adhésion de chaque camp à son propre récit de «victoire», même s’il contredit celui des autres. 

Le président du Parlement et leader du Mouvement Amal, Nabih Berri, s’est déclaré satisfait du résumé de la déclaration du gouvernement, estimant que le pays a évité des troubles majeurs.

Dans une interview accordée au journal An-Nahar, il a souligné que «notre unité interne demeure notre fondement».

Evoquant l’accord de cessez-le-feu, Berri a rappelé qu’«Israël est toujours en guerre, n’a pas cessé son agression et n’a pas respecté l’accord de cessez-le-feu», précisant que «c’est ce que nous avons dit et expliqué à l’envoyé américain Tom Barrack».

Israël a exprimé son mécontentement et a rapidement qualifié les décisions de «vagues et secrètes», les considérants comme visant à gagner du temps et à contourner les exigences internationales. 

Aussi, la session sur l’exclusivité des armes apparaissait comme une tentative de satisfaire tout le monde, tant au niveau national qu’international : à l’intérieur, par une formulation consensuelle permettant un satisfecit à chaque partie, et à l’extérieur, en brandissant le principe de l’exclusivité des armes, même sans calendrier de mise en œuvre immédiate. 

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