Il y a, dans le bond d’un supporter qui traverse les grillages pour courir vers son idole, quelque chose qui dépasse la simple infraction.
Ils sont devenus des légendes vivantes, des morceaux de rêves collectifs, des silhouettes projetées sur l’écran de l’enfance.
Quand le fan saute sur la pelouse, il ne voit pas un joueur en short et crampons : il voit la légende qui a grandi avec lui, celle qui a mis des étoiles dans ses nuits de télévision et du feu dans ses parties de foot improvisées.
Le supporter vit par procuration : il marque, il perd, il se relève avec son héros. Alors, face à lui, en chair et en souffle, il explose.
Les gestes deviennent instinctifs : un baiser sur la tête du joueur, une accolade, parfois un agenouillement. Comme si l’on rencontrait un prophète, un poète ou un saint.
C’est tenter d’arracher une preuve d’appartenance à une histoire plus grande que soi.
Un contact furtif – l’épaule de Messi, la main de Ronaldo – devient une relique intime, une preuve que l’on a touché l’immortalité, ne serait-ce qu’un instant.
Les stars du ballon portent, souvent à leur insu, une mission psychologique écrasante : celle d’incarner les espoirs d’une foule, de devenir les exutoires des frustrations, les porteurs de rêve de tout un peuple.
Le supporter redevient l’enfant du quartier, celui qui frappait dans un ballon de chiffon sur un terrain vague.