Engrais durables : Modèle de production prometteur, mais jusqu’à quand ?

Le Maroc se distingue par sa performance environnementale dans la production d’engrais, avec un faible coefficient d’émission de méthane, mais doit équilibrer performance globale et impacts écologiques locaux.

Dans un monde de plus en plus soucieux du changement climatique, les actions des nations en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont scrutées avec attention. En effet, le méthane, un gaz à effet de serre puissant, est le deuxième contributeur au réchauffement de la planète, responsable d’environ un tiers du réchauffement climatique actuel. Il est produit par diverses sources, notamment l’agriculture, les fuites de gaz naturel et les décharges. Par conséquent, un récent rapport éclairant, intitulé «Global methane footprints growth and drivers 1990-2023» et publié dans Nature Communications, dresse un tableau préoccupant de la lutte mondiale contre le changement climatique. Ce rapport est d’autant plus important qu’il examine la dynamique la plus récente des émissions de méthane dans 120 secteurs, tant du point de vue de la production que de la consommation, dans 164 pays dont le Maroc. En outre, il analyse également l’état du découplage des émissions de méthane liées à la production et à la consommation avec la croissance économique. Un constat alarmant s’impose donc : le rapport révèle que les émissions de méthane ne montrent aucun signe de ralentissement de leur croissance. Cette situation est d’autant plus complexe que, comme le révèle l’étude, près de 30% des émissions mondiales de méthane sont liées au commerce international, ce qui rend la réduction de ces émissions difficile à attribuer à un seul pays. Ainsi, il est crucial de prendre en compte les implications globales de ces émissions pour élaborer des stratégies efficaces de réduction.
 
Le Maroc en tête des exportateurs d’engrais
Dans ce contexte, le Maroc se distingue par sa performance environnementale dans la production d’engrais. Le pays est identifié comme l’un des cinq plus grands exportateurs mondiaux d’engrais, avec des exportations de 7,92 milliards de dollars en 2022. De plus, selon l’étude, le Maroc affiche un coefficient d’émission de méthane de seulement 0,002 tonne par million de dollars de production d’engrais, ce qui est le plus bas parmi les principaux exportateurs. Cette performance suggère que le Maroc a adopté des technologies de production plus modernes et plus propres, contribuant ainsi à la réduction des émissions de méthane.

Cependant, le rapport introduit une nuance cruciale. En effet, il met en garde les pays qui envisageraient de se tourner vers le Maroc pour leurs importations d’engrais en vue de réduire leurs «émissions incorporées» de méthane. L’étude indique que, bien que les engrais phosphatés marocains aient des émissions de méthane faibles, ils peuvent avoir des impacts environnementaux locaux plus élevés. Par conséquent, il est essentiel de considérer l’ensemble du cycle de vie des produits pour évaluer leur impact environnemental réel.
 

Les implications pour le Maroc
Le Maroc doit donc trouver un équilibre entre sa performance environnementale globale et la gestion des impacts écologiques sur son propre territoire. Pour relever ce défi, le Royaume devra poursuivre ses efforts pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre tout en protégeant l’environnement local.

Le pays pourrait ainsi adopter des technologies encore plus propres et efficientes pour la production d’engrais, améliorer les pratiques agricoles pour minimiser les impacts environnementaux, mettre en place des politiques environnementales plus strictes pour protéger les écosystèmes locaux et promouvoir la recherche et le développement pour trouver des solutions innovantes pour réduire les émissions de méthane.
 

Conclusion
En définitive, l’étude propose une vision complexe et fascinante du rôle du Maroc dans la lutte contre le changement climatique. Le pays se positionne comme un leader en matière de faible émission de méthane dans la production d’engrais, un atout majeur dans le contexte international. Toutefois, ce leadership s’accompagne d’un défi : celui de concilier la performance environnementale globale avec la gestion des impacts écologiques sur son propre territoire. Le Maroc devra donc continuer à innover et à s’adapter pour relever les défis environnementaux du 21ème siècle.
 
A. CHANNAJE

Sommet africain sur le climat : Le Maroc distingué pour ses initiatives climatiques
Le deuxième sommet africain sur le climat, qui s’est tenu à Addis-Abeba du 8 au 10 septembre, a rendu hommage aux initiatives climatiques pionnières du Maroc. Dans la déclaration finale, les chefs d’État et de gouvernement africains ont mis en avant la pertinence des initiatives africaines sur le climat, lancées sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI lors de la COP22 à Marrakech en 2016. Les participants ont souligné l’importance des commissions climatiques dans les régions clés telles que le bassin du Congo, le Sahel et les États insulaires africains. Ils ont appelé la communauté internationale à renforcer son soutien pour accélérer la mise en œuvre des initiatives climatiques africaines, notamment les trois commissions lancées lors de la COP22, conformément à la décision n° 855 de l’Union Africaine. Le sommet a également salué les progrès réalisés dans le cadre de l’Initiative africaine pour l’adaptation et l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables, ainsi que l’Initiative pour la résilience de l’agriculture africaine. Cette dernière, lancée sous la direction de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, vise à renforcer la capacité de l’agriculture africaine à faire face aux effets du changement climatique.

Le sommet a rassemblé des hauts responsables africains et internationaux, des acteurs institutionnels et financiers, ainsi que des représentants de la société civile engagés dans la lutte contre le changement climatique. Le Maroc était représenté par une délégation dirigée par l’ambassadeur Mohamed Arrouchi, représentant permanent du Royaume du Maroc auprès de l’Union Africaine et de la Commission économique pour l’Afrique.

Cette rencontre a été l’occasion de renforcer les engagements et les collaborations pour lutter contre les défis climatiques en Afrique.

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