Les soutiens de l’ex-vice-président Riek Machar, inculpé pour « crimes contre l’humanité », ont appelé, lundi, à la mobilisation militaire en vue d’un « changement de régime » au Soudan du Sud, nouvelle menace pour la paix dans ce pays pauvre et instable.
Les huit hommes sont également poursuivis pour « meurtre », « terrorisme » et « conspiration », ce que nient leurs soutiens.
L’arrestation fin mars de M. Machar, placé depuis lors en résidence surveillée, avait déjà alimenté les craintes d’un nouveau conflit, près de sept ans après la fin d’une guerre sanglante entre ses partisans et ceux du président Salva Kiir, qui avait fait quelque 400.000 morts entre 2013 et 2018.
Le vice-président a également été déchu jeudi de sa charge par décret présidentiel.
Le régime actuel est « une dictature en devenir, (qui) sabote la paix (…) et détient le pouvoir illégalement et par la violence », affirment les soutiens de M. Machar dans un communiqué.
Ils appellent aussi « tous (les) partisans, membres des ailes politique et militaire (du parti de M. Machar), les citoyens (sud-soudanais) à se présenter pour le service national afin de défendre les citoyens et le pays, et à utiliser tous les moyens disponibles pour reprendre le pays et sa souveraineté ».
Cette déclaration semble rapprocher dangereusement d’un nouveau conflit le Soudan du Sud, pays parmi les plus pauvres au monde, devenu indépendant du Soudan en 2011.
L’Exécutif de Salva Kiir « mène une guerre contre nous », a réagi le porte-parole de la faction pro-Machar du SPLM-IO, Pal Mai Deng, dans un message à l’AFP.
« La question des hostilités et de l’effondrement de l’accord de paix est de la responsabilité » des pro-Kiir, a-t-il poursuivi.
Le fait que Riek Machar soit « forcé d’apparaître devant un tribunal bidon et son inculpation est une indication claire que le SPLM-IG (le parti de Salva Kiir) a choisi l’instabilité plutôt que la paix », a encore commenté Pal Mai Deng.
Un accord de paix a mis un terme au bain de sang en 2018, actant un partage du pouvoir entre les deux protagonistes.
Le 3 mars, une attaque commise par l' »Armée blanche » a tué « plus de 250 soldats », ainsi qu’un major général sud-soudanais et un pilote onusien, à Nasir (nord-est) selon le ministère de la Justice. Des accusations « montées de toutes pièces », avaient mis en garde vendredi les soutiens de Machar.
Interrogé vendredi par l’AFP, le ministre de l’Information sud-soudanais Michael Makuei avait toutefois estimé qu’il n’y avait « aucune crainte à avoir ». « Il n’y a pas de guerre civile maintenant. Pourquoi s’inquiéterait-on ? », avait-il encore affirmé.