Après dix jours de manifestations du mouvement « GenZ212”, le ministre de la Santé, Amine Tahraoui, est intervenu sur 2M pour défendre sa vision d’un système de santé plus équitable. Entre réforme du financement, encadrement du privé et relance de la souveraineté pharmaceutique, son discours marque un tournant dans la communication gouvernementale.
Au centre de la polémique : ses récentes déclarations sur la suspension supposée du soutien public aux cliniques privées. Le ministre a tenu à rectifier : “Nous n’avons pas arrêté l’investissement privé dans la santé, mais simplement demandé de suspendre l’examen de sept projets de subventions, le temps de revoir les critères d’éligibilité”. Cette précision intervient après la réaction de l’Association Nationale des Cliniques Privées (ANCP), qui affirmait n’avoir “jamais bénéficié d’aides publiques”. Tahraoui a réaffirmé que certaines structures profitent indirectement du financement public via le régime d’assurance maladie obligatoire (AMO), notamment “AMO-Tadamon”, pris en charge par l’État pour les ménages vulnérables.
“Le secteur privé n’est pas un ennemi, mais il doit redevenir un partenaire responsable”, a-t-il souligné, expliquant que la prolifération des cliniques à proximité des hôpitaux universitaires, attirant leurs médecins et leurs patients, “affaiblit le système public et creuse les inégalités territoriales”.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la région de Casablanca-Settat concentre près d’un cinquième des médecins du pays, quand certaines zones rurales n’en comptent que quelques dizaines pour des centaines de milliers d’habitants, selon les données du ministère. Cette fracture territoriale nourrit la frustration des jeunes et alimente la défiance envers les politiques publiques.
Tahraoui a également évoqué la révision du modèle de partenariat public-privé, en y intégrant des critères sociaux : “Nous voulons des investisseurs qui contribuent à la justice sanitaire, pas seulement à la rentabilité médicale”.
Les priorités vont désormais aux zones sous-dotées. À titre d’exemple, 500 nouveaux spécialistes ont été déployés à l’automne 20255 dans 34 provinces, dont Taroudant, Taounate et Ouarzazate. Ces affectations s’appuient sur une cartographie sanitaire actualisée, outil que le ministre considère comme “l’un des leviers de transparence et d’efficacité du nouveau modèle de gouvernance hospitalière”.
“Baisser les prix ne doit pas conduire à tuer l’industrie locale”, a averti le ministre. Il a reconnu que la souveraineté pharmaceutique reste un défi majeur, le Maroc continuant de dépendre largement des importations malgré le développement d’une production locale croissante. Son objectif : réduire cette dépendance, en renforçant la production nationale et en introduisant de nouveaux mécanismes de transparence sur les marges bénéficiaires.
Mais le ministre a aussi lancé un avertissement : “Les réformes sociales ne peuvent réussir que si chacun joue son rôle. Le citoyen, le médecin, le gestionnaire et l’investisseur doivent être partie prenante du changement”.
Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, a annoncé que les hôpitaux publics seront renforcés, dès ce mois d’octobre, par l’arrivée de 500 nouveaux médecins spécialistes.
Le ministre a souligné que le secteur de la Santé connaît actuellement «une dynamique sans précédent» en matière de formation et de déploiement des cadres médicaux. «Entre 2019 et 2024, nous formions en moyenne 250 médecins spécialistes par an. En 2025, nous avons fixé un objectif ambitieux : former 300 médecins rien qu’au mois de février», a-t-il indiqué.
Tahraoui a précisé que l’année 2024 avait déjà marqué un tournant, avec 400 médecins spécialistes diplômés en février, portant à environ 700 le nombre total de spécialistes formés entre 2019 et 2024.