Phoeniciculture: 8 000 hectares en première production

Pas de risque pour le palmier-dattier ! La saison se présente déjà plutôt bien. Résistant, naturellement, aux intempéries, ni les précipitations qui ont été enregistrées, ni les chutes de neige sur le Drâa-Tafilalt n’auront d’impact sur la production des dattiers d’ici la prochaine saison de récolte. Sachant qu’on est encore à quelques semaines de la période de floraison, qui arrive en avril. Bien au contraire, les trombes seront plutôt bénéfiques à terme. Particulièrement après la fonte des neiges, ce qui ne manquera pas d’avoir un double impact positif, nous dit, rassurant, Sidi Mohamed Rachid Hamidi. Le vice-président de l’Interprofession Maroc Dattes pense, notamment, à la reconstitution de la nappe phréatique et, partant, l’effet que cela aura sur la retenue des barrages. L’incidence sur les cultures de la zone n’en sera que positive sur une région qui représente pas moins de 77% des 60.000 hectares de la superficie occupée par la phœniciculture.
Or, quand on se rappelle l’effet dévastateur sur le secteur au cours des dernières années de sécheresse, avec la chute de 30% de la production en 2022, on comprend mieux l’heur des agriculteurs de la région. Un contrecoup conjoncturel qui a freiné un élan pourtant des plus prometteurs au cours des dernières campagnes. Cela ne veut pas dire pour autant que la filière, en elle-même, est compromise. Au contraire.

Du PMV à Génération Green
En effet, à la faveur de la mise en œuvre du Plan Maroc Vert (PMV), on avait assisté à une évolution spectaculaire de la production. Effectivement, si elle n’était que 68.000 tonnes sur la période 2003-2007, elle est passée à plus de 100.000 tonnes, en moyenne annuelle, entre 2010 et 2019, et ce, avant d’atteindre un volume record de 147.000 en 2020-2021.
Il est fort probable que ce trend haussier soit maintenu. En effet, à peu de chose près et en raison des contraintes conjoncturelles, climatiques, entre autres, on était presque dans les projections qui tablaient sur un volume global de 160.000 tonnes. N’empêche, le cap a été fixé et les conditions nécessaires pour être au rendez-vous des objectifs sont réunies. Notamment en ce qui concerne les projections de la stratégie Génération Green où l’on prévoit un rendement de 185.000 tonnes à l’horizon 2030. Un programme qui prévoit, entre autres, la plantation de pas moins de 5 millions de plants de palmiers-dattiers, dont 4 millions dans la région de Drâa-Tafilalt, sur une superficie de 42.000 hectares. Sachant que cela concerne à la fois la réhabilitation et la reconstitution des palmeraies traditionnelles et les plants par le truchement des extensions à hauteur, respectivement, de 2,6 millions de plants et 1,4 million de plants.

Hectares en plus, tonnes en plus…
A cela, il va falloir additionner les programmes en parallèle relatifs, notamment, à la mobilisation des eaux, le travail en liaison avec la réhabilitation des barrages qui sont dans la région, sans omettre tout ce qui s’entreprend en aval en termes de recherches et d’accompagnement des agriculteurs et en particulier des jeunes de la région. Ces prévisions sont d’autant plus à la portée quand on prend en compte l’évolution que connaissent les superficies implantées en palmiers-dattiers dans le Drâa-Tafilalt. En fait, si des efforts considérables sont consentis dans les exploitations traditionnelles, en vue de leur préservation et de capitalisation des atouts naturels dont regorgent les palmeraies, c’est surtout le chantier de l’extension de la culture des dattes hors-palmeraies qui devra booster la production dans toute la région, notamment, nous dit Hamidi, sur l’axe Meski-Boudnib avec le développement tous azimuts des exploitations pilotes, dont les superficies varient entre 300 et 400 hectares chacune. Et d’ores et déjà, malgré les dernières années de sécheresse, on dénombre une superficie de 8.000 hectares aménagés et quelque 5.000 hectares en cours d’achèvement, indique notre interlocuteur. Soit un total qui s’approche à grands pas vers l’objectif des 17.000 hectares annoncés. Par ailleurs, si on ajoute au tableau qu’on est sur un rythme de 300 à 400 unités (quelque 120 pieds) qui entrent, en moyenne annuelle, dans la phase production, on pourrait entrevoir d’ici la montée en puissance pour de meilleures moissons sur les années à venir. C’est dire qu’on est sorti d’une logique traditionnelle qui consistait à subir les aléas de la nature, fonctionnant au gré des saisons, en se dirigeant vers une démarche caractérisée par la rationalité et la capitalisation réfléchie des atouts. Et, à ce niveau, il y a tout un chantier mené de concert entre le département de tutelle et les professionnels lié, lui, à une meilleure valorisation de la production. Un changement de paradigme, en somme !

Repères en chiffres

Production

2003-2007, 68.000 tonnes en moyenne de production. Un chiffre qui va monter à 102.000 tonnes sur la période 2010-2019, pour atteindre les 147.000 tonnes en 2020-2021. Objectif : 185.000 en 2030.

Exportations
Les exportations qui ont été dans une moyenne annuelle de 82 tonnes sur la période 2003-2007 ont plafonné à 300 tonnes au cours de la parenthèse 2010-2019.

Superficie
La superficie occupée par les palmiers-dattiers est passée de 48.000 hectares en 2008 à 60.000 hectares en 2019.

Le Mejhoul renaît

Très prisée, la variété du Mejhoul a failli être perdue à jamais. Et pour cause, l’épidémie du «Bayoud» (fusariose) avait quasiment dévasté les zones de plantations dans les palmeraies de la région d’Errachidia. Ce n’était pas un hasard que le Mejhoul figurait en bonne place dans le PMV, ainsi que dans le cadre de Génération Green qui a suivi. L’objectif étant de développer la production pour qu’elle puisse couvrir la demande intérieure, voire la possibilité de disposer d’excédents pouvant être dirigés vers l’exportation.
Seulement, sur le marché international, la concurrence est rude avec la même variété qui prospère en Californie, ainsi que dans le sud d’Israël. Pour l’histoire, le Mejhoul, devenu Medjool, a été transplanté aux états-Unis par un cultivateur américain en 1927. Depuis, cette culture, intouchée par la fusariose, a fait un autre voyage, au cours des années 1970, vers Israël. Ironie de l’histoire, le Maroc figure sur la liste des pays importateurs de cette variété originaire de Boudnib.
Pas de fatalité dans la séquence. Le retour en force programmé du Maroc, à la faveur des efforts consentis pour le développement de cette branche de phœniciculture, en fera un acteur central sur le marché international.

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