Les industries automobile et aéronautique, ainsi que le tourisme devraient contribuer au rebond au Maroc. Toutefois, la croissance reste tributaire des précipitations qui revigoreront le secteur agricole après une année 2024 sèche, selon AGBI.
C’est ce qui ressort d’une récente analyse de la nouvelle plateforme d’actualités économiques desservant la région MENA, Arabian Gulf Business Insight (AGBI).
« Le secteur agricole du pays est un employeur majeur et représente 12 % du PIB du Maroc, mais il est volatil. La Banque mondiale prévoit prudemment une croissance de 3,7 % l’année prochaine, tandis que Fitch Solutions et Oxford Economics prévoient tous deux un chiffre plus optimiste de 5%», souligne AGBI dans son analyse intitulée « Pourquoi la pluie est essentielle pour l’économie marocaine».
Toutefois, cette croissance dépend en grande partie des précipitations qui revigoreront le secteur agricole après une année 2024 sèche, indique ce site spécialisé basé à Londres, ajoutant que les inondations d’octobre dans le sud a été, malgré la reconstitution des réserves d’eau, de bonnes nouvelles pour les agriculteurs.
Citée par AGBI, François Conradie, économiste en chef pour l’Afrique chez Oxford Economics, affirme que « certains agriculteurs ont perdu des troupeaux de moutons et de bovins dans les pires inondations et seront indemnisés grâce à une enveloppe spéciale incluse dans le budget 2025 ».
Cependant, poursuit la même source, les précipitations enregistrées jusqu’à présent en 2024 dans toutes les régions du nord, ont été inférieures à la moyenne des neuf années précédentes.
En effet, selon Conradie, l’année 2024 a été sèche et cela s’est principalement ressenti sur les récoltes de céréales (blé et orge).
Chiffres à l’appui, la récolte céréalière s’est élevée à 3,1 millions de tonnes cette année, contre 5,5 millions en 2023, ce qui est conforme à la moyenne à long terme.
« Comme toujours, les effets sur l’économie globale se font sentir à travers une demande finale plus faible, les agriculteurs se retrouvant avec moins d’argent à dépenser », explique Conradie.
L’automobile, l’aéronautique et le tourisme cartonnent
La plateforme économique souligne, par ailleurs, que, les secteurs tels les industries automobile et aéronautique et le tourisme, qui sont en pleine croissance, devraient contribuer, eux-aussi, à la croissance au Maroc.
Ici, AGBI évoque, à titre d’exemple, quelques chiffres montrant l’essor du tourisme au Maroc. Selon la plateforme économique, 16 millions de visiteurs sont venus au Maroc au terme des 11 premiers mois de 2024, soit 20% de plus qu’au cours de la même période en 2023.
« Le Maroc vise 17,5 millions de visiteurs d’ici 2026 et 26 millions d’ici 2030, ce qui coïncide avec son rôle de co-organisateur de la Coupe du Monde de la FIFA », affirme AGBI.
Cité par un économiste chez un cabinet de conseil basé au Royaume-Uni, la plateforme spécialisée affirme que les investissements directs étrangers ont augmenté de 50 % au cours du premier semestre de l’année 2024.
Les atouts économiques et stratégiques du Maroc
Par la suite, l’analyse d’AGBI a mis en exergue les principaux atouts économiques et stratégiques dont jouit le Maroc.
D’après la plateforme Londonienne, les réformes favorables aux entreprises, la proximité avec l’Europe et l’Afrique de l’Ouest et les secteurs en croissance (Energies renouvelables, automobile, infrastructures et tourisme) signifient que le Maroc « est une destination attrayante pour les investisseurs.»
Les atouts du Maroc sont aussi ses réserves de matières premières telles que les phosphates pour la production de batteries, son potentiel d’accès à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), et ses relations économiques avec la Chine et la France.
De même, le Royaume bénéficie du soutien des grandes banques. Le pays est une « destination d’investissement majeure » pour la BERD (Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement), avait déclaré en décembre la présidente de l’institution, Odile Renaud-Basso.
« En 2024, la BERD a prêté plus de 400 millions d’euros tandis que la stratégie de la BERD jusqu’en 2029 met l’accent sur l’investissement dans les PME et les projets d’énergie renouvelable », relève l’analyse d’AGBI.
Le Maroc et la BAD viennent aussi d’annoncer des accords de financement de près d’un milliard de dollars pour couvrir le développement de la Coupe du monde 2030, l’investissement dans la gouvernance économique et l’amélioration de la résilience au changement climatique.
Toutefois, toujours selon AGBI, le gouvernement doit encore s’attaquer à des défis structurels tels que le chômage élevé, les inégalités régionales et la dépendance aux exportations agricoles à faible valeur ajoutée.
« Au troisième trimestre 2024, le taux de chômage était légèrement inférieur à 14 %, le nombre de chômeurs ayant augmenté de 58 000 pour atteindre 1,7 million. Les zones urbaines sont confrontées à une situation particulièrement grave, avec un taux de chômage de 17 %, tandis que les régions rurales enregistrent un taux de 7 % », explique la plateforme Londonienne.