Agents de sécurité, de propreté et de cuisine: Vers un mouvement de protestation pour l’amélioration des conditions de travail

Malgré les promesses d’améliorer leurs conditions de travail dans le cadre de la réforme tant attendue du Code du travail, les agents de sécurité privée, de propreté et de cuisine haussent le ton et réclament l’adoption d’un texte légal spécifique encadrant leur profession.

La colère s’est emparée des agents de sécurité privée, de propreté et de cuisine, au point de faire planer le spectre d’une crise sans précédent dans le secteur. Réuni en Conseil national, le Syndicat national des agents de sécurité privée, de propreté et de cuisine a menacé d’une grève générale et de sit-in de protestation en réaction à la détérioration des conditions de travail de cette catégorie professionnelle, aussi bien dans les établissements publics que privés.

Bien qu’il n’ait pas encore communiqué sur son agenda de protestation, le syndicat a indiqué que son action intervient après l’épuisement de toutes les voies de communication avec les établissements concernés et la présidence du gouvernement, sans recevoir la moindre promesse ni invitation à améliorer la situation des professionnels.

Les griefs de cette catégorie professionnelle sont nombreux. Concrètement, le syndicat dénonce une précarité croissante, exploitation systématique, journées de travail dépassant les 12 heures, salaires gelés en deçà du minimum légal, contrats d’adhésion jugés humiliants, licenciements et mutations abusifs, privation de droits sociaux élémentaires comme la couverture médicale, la retraite et les allocations familiales.

La réalité désolante des agents de sécurité, de propreté et de cuisine

En plus des heures de travail excessives par rapport à celles pratiquées dans d’autres secteurs d’activité, la plupart des agents perçoivent des salaires largement inférieurs au SMIG et sont souvent sous-déclarés à la CNSS, voire carrément non-déclarés, ce qui impacte de facto leur pension de retraite.

À cela s’ajoute la hausse des accidents du travail non indemnisés, dans un climat de silence total des autorités et de “complicité” supposée de certaines administrations avec les entreprises employeuses. Les agents dénoncent également une grande instabilité professionnelle, marquée par des tâches supplémentaires imposées et des affectations fréquentes, aggravée par l’absence de contrôle rigoureux du marché de l’emploi, pourtant du ressort des inspecteurs du travail.

Face aux appels des syndicats, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, a assuré que les services poursuivent les opérations de contrôle pour sanctionner les employeurs en infraction, faisant état de 3.411 violations du Code du travail constatées dans ce secteur, principalement liées aux salaires.

Pour remédier à cette situation critique, le ministre s’est engagé à améliorer les conditions de travail des agents de sécurité, de propreté et de cuisine dans plusieurs établissements publics et privés, dans le cadre de la réforme du Code du travail, en vue de garantir l’équité pour cette catégorie de travailleurs.

Appel à l’adoption d’un texte légal propre au secteur

Cependant, la promesse de Sekkouri ne semble pas suffisante pour apaiser la colère des travailleurs. Ils refusent de voir leurs revendications repoussées à un chantier législatif de longue haleine et exigent, sans attendre, l’adoption d’une loi encadrant leur activité, précisant leurs missions et garantissant leurs droits.

Cette loi, espèrent-ils, permettrait de limiter le temps de travail à 44 heures par semaine, d’instaurer un jour de repos payé, de rémunérer les heures supplémentaires et de revaloriser les pensions de retraite pour les aligner au coût de la vie actuel. Elle devrait aussi clarifier les missions de l’agent pour éviter toute exploitation ou affectation à d’autres tâches, en tenant l’entreprise principale responsable en cas d’abus.

Par ailleurs, le Syndicat national des gardiens de sécurité privée a déjà soumis un dossier de revendications comprenant, outre ces points, l’application effective de l’augmentation du SMIG et la prise en compte de la baisse de l’IR pour les agents employés dans les petites entreprises et les établissements publics. Selon lui, ces derniers restent exclus des mesures de revalorisation salariale par les sociétés sous-traitantes.

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