Alors que le secteur des serres connaît une transformation rapide à l’échelle mondiale, le Maroc s’impose dans l’industrie grâce à une stratégie durable et innovante. Porté par des conditions climatiques favorables et des investissements dans des technologies avancées, le pays enregistre une croissance soutenue de ses exportations, notamment vers l’Europe.
Le rapport de Rabobank met en évidence plusieurs tendances clés dans l’industrie des serres. Parmi elles, l’augmentation de la surface de production sous serre à l’échelle mondiale, qui atteint environ 3,72 millions d’hectares. La Chine domine largement ce marché avec une superficie comprise entre 1 et 3,5 millions d’hectares, tandis que l’Europe se distingue par son savoir-faire en matière de serres high-tech. L’Amérique du Nord affiche une progression continue avec une expansion notable des surfaces cultivées sous serre au Canada et aux États-Unis.
Par ailleurs, la consolidation du marché continue, notamment aux Pays-Bas et en Espagne, où les grands producteurs renforcent leur position par des fusions et des acquisitions. Les 10 plus grands producteurs de tomates sous serre aux Pays-Bas représentent désormais plus de la moitié des surfaces cultivées. L’automatisation devient une nécessité pour pallier le manque de main-d’œuvre, tandis que la réduction de l’empreinte carbone s’impose comme un enjeu majeur pour répondre aux nouvelles exigences réglementaires européennes.
Le succès du Maroc repose sur plusieurs facteurs. D’une part, ses conditions climatiques favorables permettent une production sous serre avec des coûts énergétiques relativement bas. D’autre part, les investissements dans les serres de nouvelle génération, intégrant des systèmes d’irrigation plus efficaces et une meilleure gestion des intrants, ont contribué à améliorer la productivité et la qualité des produits exportés. De plus, les producteurs marocains intègrent progressivement des pratiques de culture plus durables, notamment en réduisant leur dépendance aux pesticides et en optimisant la gestion de l’eau.
Toutefois, le succès marocain est confronté à plusieurs défis. L’accès à l’eau, en particulier dans les régions du Souss-Massa, reste une préoccupation majeure. De plus, les conditions climatiques extrêmes, comme la canicule de 2023 qui a atteint 50,4 °C, ont entraîné d’importantes pertes de récolte, notamment pour la tomate.
Par ailleurs, la forte demande de main-d’œuvre saisonnière soulève des questions sur les conditions de travail et la nécessité d’une automatisation accrue, suivant l’exemple des Pays-Bas et du Canada, où la robotisation des récoltes devient un enjeu central.
En parallèle, l’accent est mis sur la durabilité. La pression croissante des consommateurs et des réglementations environnementales pousse les producteurs marocains à adopter des pratiques plus écologiques, telles que l’utilisation d’énergies renouvelables et le recyclage des eaux d’irrigation. Le modèle de production durable mis en place par le Maroc pourrait ainsi devenir une référence pour d’autres pays émergents dans le secteur des serres.
Le Maroc est en passe de devenir un leader incontournable de la production sous serre, capitalisant sur ses atouts naturels, sa stratégie d’investissement et sa compétitivité accrue sur les marchés internationaux. Toutefois, pour pérenniser cette dynamique, il lui faudra continuer à innover et répondre aux défis climatiques et environnementaux.
Le rapport de Rabobank rappelle que l’avenir de l’industrie des serres repose sur la capacité des producteurs à conjuguer productivité et durabilité. Le Maroc semble avoir pris la mesure de cet enjeu et pourrait bien devenir un modèle pour les autres pays en développement souhaitant s’imposer sur ce marché en pleine mutation.