Il est clair que la Conférence de Séville sur l’aide au développement, qui se tient du 30 juin au 3 juillet 2025, l’Afrique sera au centre de toutes les discussions, avec en priorité la dette des pays en voie de développement, lesquels pâtissent d’un déficit de financement annuel estimé à 4.000 milliards de dollars, soit 1.500 milliards de plus qu’il y a dix ans. Grilles de lecture.
L’objectif, selon le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, est de trouver des «solutions» face aux énormes besoins des pays en voie de développement, qui «pâtissent d’un déficit de financement annuel estimé à 4.000 milliards de dollars», soit 1.500 milliards de plus qu’il y a dix ans. Ce sont les termes du premier responsable de l’ONU.Est-ce un aveu d’impuissance ou une interpellation ? Ou encore s’agit-il de tordre le cou aux pays bénéficiaires pour qu’ils puissent moins espérer sur cette aide de la «communauté internationale». Car, avec la guerre en Ukraine, les pays occidentaux ne savent plus à quel saint se vouer, d’autant plus que la Russie semble loin de capituler. Sommes-nous donc en face d’une guerre d’usure ? Peut-on se demander.
Réduction drastique de l’aide humanitaire
D’ailleurs, parmi les personnalités attendues aux côtés de M. Guterres et du chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez, figurent le président français Emmanuel Macron, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le président équatorien Daniel Noboa et le président de la Banque Mondiale, Ajay Banga.
Le décor étant planté, venons au vif du sujet. Cette conférence sur le développement, la première depuis celle d’Addis Abeba en 2015, survient alors que Donald Trump a engagé, en janvier, une réduction drastique de l’aide humanitaire, supprimant 83% des financements de programmes à l’étranger de l’agence de développement USAID.En outre, ce sommet est organisé à un moment complexe pour l’économie mondiale, fragilisée par la hausse des droits de douane américains et les nombreux conflits en cours, notamment en Ukraine et au Moyen-Orient, qui ont entraîné une hausse des budgets militaires au détriment parfois des autres dépenses.
D’ailleurs, Antonio Guterres a déjà mis en garde, que dans un contexte mouvementé, «nous ne pouvons laisser s’envoler nos ambitions». Il voit dans cette conférence «une opportunité unique pour réformer le système financier international», jugé «obsolète» et «dysfonctionnel».
Repenser en profondeur le système financier mondial
D’où les principaux objectifs attendus de ce sommet est, entre autres, réformer l’architecture financière internationale. En effet, l’un des objectifs centraux est de repenser en profondeur le système financier mondial pour qu’il soit plus inclusif, juste et apte à répondre aux défis actuels. Cela inclut des discussions sur le rôle des institutions financières internationales comme le FMI et la Banque Mondiale, et la nécessité de les adapter aux réalités du 21ème siècle. A cela s’ajoute l’accélération de la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) : La conférence vise, également, à identifier de nouvelles voies et des cadres financiers innovants pour mobiliser les ressources nécessaires à l’atteinte des 17 ODD d’ici 2030, qui sont actuellement loin d’être réalisés.
Il sera question, aussi, de mobiliser les financements privés et mixtes. D’ailleurs, un accent particulier sera mis sur la manière de débloquer et d’orienter davantage de capitaux privés et de financements mixtes (combinant fonds publics et privés) vers le développement durable, en particulier dans les pays émergents et en développement.
In fine, la Déclaration finale attendue de la conférence, le «Compromiso de Séville» (Engagement de Séville), devrait poser les bases d’une «Plateforme de Séville pour l’Action» afin de lancer des initiatives concrètes, apprend-on de source officielle.En d’autres termes, cette conférence est particulièrement importante pour l’Afrique, étant donné les défis financiers croissants auxquels le continent est confronté, notamment la pression de la dette et le besoin urgent d’investissements pour atteindre les ODD et faire face aux impacts du changement climatique. Raison pour laquelle, de nombreux pays africains et organisations régionales y participent activement pour faire entendre leurs voix et leurs priorités.