Les effets des droits de douane voulus par Donald Trump commencent à être ressentis par les Américains, confrontés pour la deuxième fois consécutive à une remontée des prix à la consommation, selon un indice publié mardi.
C’est le deuxième mois consécutif de hausse sur un an, puisque les prix avaient déjà regagné en vigueur en mai, alors qu’ils avaient eu tendance à se rapprocher auparavant de la cible de 2% de hausse sur un an, visée par la banque centrale américaine (Fed).
L’accélération de l’inflation est également marquée sur un mois, avec des prix en augmentation de 0,3% en juin (contre 0,1% en mai), sous l’effet d’une hausse des prix de l’énergie, là encore conforme aux anticipation des analystes.
Hors prix de l’alimentation et de l’énergie, toujours volatils, l’indice CPI a progressé en juin de 0,2% sur un mois et 2,9% sur un an, soit une légère hausse dans les deux cas par rapport à mai.
Dans un communiqué paru dans la foulée de la publication de l’indice, la sénatrice démocrate Elizabeth Warren a fustigé « ceux qui disent que l’on ne voit pas les effets des guerres commerciales de (Donald) Trump », les invitant à « regarder les données d’aujourd’hui (mardi, NDLR) » et s’inquiétant de « voir les familles écrasées, alors que le président rend les choses encore plus difficiles ».
Le président américain a de son côté estimé sur son réseau social Truth que « l’inflation est très basse », appelant la Fed à abaisser ses taux de « trois points » de pourcentage, pour « économiser 1.000 milliards de dollars par an ».
Juin a été marqué par le conflit entre Israël et l’Iran, qui avait entraîné une forte hausse des prix du pétrole, restés depuis à des niveaux plus élevés que ce qu’ils étaient avant les douze jours d’échanges de tirs de missiles.
La hausse du coût de l’énergie concerne également les prix de l’électricité et du gaz, qui ont connu une forte hausse en juin par rapport à mai.
Les Américains sont par ailleurs confrontés à une légère remontée des prix alimentaires ainsi que de ceux des services de santé, alors que les coûts du logement, qui ont été l’un des principaux moteurs de l’inflation persistante ces derniers mois, marquent légèrement le pas.
« Nous envisageons toujours un point de pourcentage de hausse des prix du fait des droits de douane existants, avec la plus forte hausse sur les produits en juillet », a anticipé dans une note le chef économiste de Pantheon, Samuel Tombs, qui évoque « un risque de hausse supplémentaire, sous l’effet de surtaxes prévues le 1er août ».
Le président Trump a imposé début avril 10% de droits de douane sur la quasi-totalité des produits entrant aux Etats-Unis, avec une taxe douanière pouvant monter à 25% sur l’automobile et les pièces auto et même 50% sur l’acier et l’aluminium.
D’autres secteurs pourraient être concernés puisque des procédures ont été lancées pour les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs, les drones ou encore le silicium polycristallin et ses dérivés, utilisés pour les panneaux solaires et des semi-conducteurs.
Une vingtaine de pays ont par ailleurs reçu depuis début juillet une lettre de la Maison-Blanche leur annonçant l’imposition de droits de douane compris entre 20 et 40% pour la majorité des pays et même 50% pour les produits brésiliens. Des surtaxes qui seront appliquées au 1er août.
Le président américain a également annoncé sa volonté de taxer les produits européens et mexicains, deux des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, à hauteur de 30%.
Les économistes ont insisté sur le risque que ces droits de douane allaient représenter en matière d’inflation.
La reprise de l’inflation devrait cependant pousser la Fed à continuer à faire preuve de prudence, alors qu’elle a maintenu ses taux inchangés depuis le début de l’année.
Les analystes anticipent que cette tendance devrait se poursuivre lors de sa prochaine réunion, prévue à la fin du mois, si l’on en croit l’outil de veille de CME, FedWatch. Les taux directeurs américains sont compris entre 4,25% et 4,50% depuis décembre.
Le chef économiste d’Oxford Economics, Ryan Sweet, estime que ces nouvelles données devraient « maintenir la Fed en retrait, à moins que le marché du travail ne se dégrade de manière inattendue ».